Critique du One shot de Didier Convard et Han, Panthéon, le tombeau des dieux endormis.
Le 4 juillet dernier est sorti chez Glénat, dans la toute nouvelle collection des Editions du Patrimoine, Panthéon, le tombeau des dieux endormis, écrit par Didiver Convard et dessiné par Han. Un One Shot montrant un univers dystopique dont l’action principale se déroule à Paris, alors que depuis plusieurs siècles les eaux sont montées et ont inondé la terre. Un album audacieux dont on regrette cependant la trop grande rapidité.
Synopsis
La plus grande partie de l’humanité a quitté la Terre depuis plusieurs siècles, fuyant l’inéluctable montée des eaux, conséquence du dérèglement climatique. Direction : la Lune. Une société nouvelle s’y est progressivement mise en place, repoussant la guerre et la famine. La paix règne ainsi sur un monde coupé de ses racines. Le temps coule, chaque jour semblable, mécanique et sans joie. Seulement, une vague de suicide se met soudainement à déferler, alertant le Consistoire Lunaire. Un docte aréopage d’experts parvient à cette conclusion : la nouvelle Humanité se meurt d’une maladie imprévue, le manque de mémoire ! Six « histoirnautes » prennent alors le chemin de l’antique planète de leurs ancêtres afin de renouer avec l’histoire de l’humanité. Ils atterrissent à Paris, au Panthéon.
Grand potentiel
Panthéon, le tombeau des dieux endormis, se présente avec un synopsis des plus intéressants, qui aurait pu donner naissance à une longue saga passionnante. Métaphore du besoin de mémoire, de la nécessité de se souvenir, elle présente un monde sans Histoire, qui connait à sa manière la fin de l’Histoire. Mais loin d’être une vision utopique, cette fin de l’Histoire est aussi une fin de la mémoire collective. Dans un monde sans lieux de mémoire, fonctionnant de manière mécanique et sans âme, l’humanité souffre de cette absence, allant jusqu’au suicide. Une évolution de la société qui en remet en question le principe même. Dans un tel contexte, il y aurait de quoi raconter des histoires passionnantes.
Trop peu de pages
Mais le déroulement de l’action, sa rapidité, a tendance à très vite agacer le lecteur. Quand une telle intrigue aurait pu s’étaler sur de nombreux volumes, développer les cultures survivantes sur Terre, on assiste à une précipitation de tous les évènements. Le lecteur n’a pas le temps de s’attacher aux personnages, ni aux différents groupes rencontrés. Sans doute dans un souci de conclure l’intrigue en un seul volume, on a le sentiment de voir trop de choses en trop peu de temps. Car les symptômes se réduisent à « tout le monde se suicide faute d’histoire » tandis que la solution trouvée au problème est quelque peu insatisfaisante.
Paris sous les eaux
C’est là le principal défaut de Panthéon alors que le dessin, aux traits classiques comme l’est le Panthéon, se laisse particulièrement apprécier. La ville de Paris, dont on voit seulement les points les plus élevés, se montre de manière totalement nouvelle malgré une incohérence que les Parisiens noteront : si les eaux arrivent à hauteur du toit du Panthéon, situé au sommet de la Montagne Sainte Geneviève, il serait logique de Notre Dame de Paris soit complètement sous les eaux. Mais au-delà de ce détail il s’agit d’un travail artistique de qualité, avec un accent donné aux couleurs bleutées, sombres. Les décors lunaires sont aussi réussis.
Un album frustrant
Panthéon est un album qui laisse circonspect : partant avec de bonnes idées, un très beau dessin, on est gênés par la trop courte durée de la saga. Ce One shot a voulu être ambitieux et l’est sans doute trop dans la mesure où plein d’éléments sont présentés de manière brève et superficielle. C’est une frustration pour le lecteur. Si ce n’est pas un achat indispensable, l’album pourrait trouver son public malgré tout, avec cependant un léger goût amer d’incomplétude.
Crédits photo ©Editions Glénat
Connecte tes Neurones à Brain Damaged sur