Gros plaisir coupable pour le Cerveau ce mois-ci dans le Brain Throwback Thursday avec Earthbound pour l’occasion de ses 20 ans.
En ce mois de Juin 2015, le Cerveau a décidé de marcher dans les pas de Nintendo et célébrer les 20 ans de la sortie américaine de l’un des plus beau jeu de tous les temps à Ses yeux, Earthbound. Décrire ce qu’est exactement Earthbound n’est pas tâche aisée, les connaisseurs valideront. Le mieux est toujours d’y jouer et de le vivre par soi-même. Parce qu’Earthbound est avant tout une expérience, un périple extraordinaire aux grilles de lecture presque infinies, une aventure humaine autant à l’intérieur qu’autour du jeu, brisant le quatrième mur comme jamais le jeu vidéo ne l’a fait. Perplexes ? Laissez-vous guider
Le héros ordinaire
Ness est un enfant comme les autres. Il vit avec sa soeur et sa mère dans la petite ville d’Onett, dans un monde ressemblant sensiblement au notre. Une nuit, une météorite s’écrase près de chez lui et il sort enquêter malgré les barrages de police. Sur le site du crash, il rencontre Buzz Buzz, un extraterrestre minuscule venu le prévenir qu’il fait partie des seuls à pouvoir arrêter Giygas, un autre alien maléfique qui aura détruit le monde dans 10 ans. Afin de le défaire, il doit trouver les autres capables de l’aider : deux garçons et une fille. Ainsi débute le voyage de Ness, petit garçon de 13 ans parti parcourir le monde seul pour trouver 3 inconnus et empêcher la fin du monde. Durant son périple, il affrontera des animaux bizarroides, des zombies et des extra-terrestres, fera la rencontre de Paula, Jeff et Poo qui d’inconnus complets deviendront ses meilleurs amis, visitera même son inconscient mais aussi le passé sous forme de robot.
Earthbound Origins
Earthbound. Voila un nom qui a déchainé les foules. Simple jeu de rôle pour certain, chef d’oeuvre proche de la perfection pour d’autres, une chose est sûre, le jeu ne laisse indifférent que si on ne le connait pas. Grâce à la série des Super Smash Bros, le jeu a connu une nouvelle jeunesse en mettant en avant Ness. Mais il faut dire qu’à sa sortie en 1995 aux Etats-Unis, le climat n’était pas le même. Pour comprendre l’histoire autour du jeu, il faut déjà comprendre qu’il s’agit de la suite d’un jeu sorti qu’au Japon (jusqu’à aujourd’hui, merci l’eShop de la Wii U), Mother. Né dans l’esprit brillant de Shigesato Itoi, le concept du jeu n’a d’abord pas plu à Shigeru Miyamoto, créateur de Mario et figure emblématique de Nintendo. Heureusement le développement s’est poursuivi, le jeu est sorti et Miyamoto avouera même par la suite que Mother est le seul RPG qu’il ait terminé et recommencé de zero. Devant un tel engouement au Japon, les Etats-Unis ont réclamé vouloir le jeu chez eux aussi mais rien n’y fit. Commença alors à se cristalliser une fanbase puissante et active (ce qui était rare pour une époque où internet n’était pas encore tout à fait présent) qui fit énormément pression sur Nintendo of America. Quand la suite de Mother fut annoncée, les pressions se firent plus fortes et le jeu sortit bel et bien, un an après le Japon tout de même, mais sous le nom d’Earthbound. Par la suite, la communauté de fan continua à faire pression pour traduire Mother mais aussi Mother 3 dont une traduction faite par les fans sortit en 2008 mais non reconnue par Nintendo of America.
Did you know gaming ? Earthbound part 1
La magie du jeu de rôle
Pour qu’un jeu provoque autant d’engouement, c’est qu’il doit être particulièrement extraordinaire. Niveau gameplay, on est sur une formule quasi-classique de jeu de rôle à la japonaise style années 90 : on parle à tous les passants, les combats se font au tour par tour, avec des attaques simples, de la magie (ou ici PSY) et des objets à utiliser. A part deux-trois idées originales et plutôt interessantes comme le compteur de vie qui descend graduellement quand on se fait toucher (et donc qui permet de riposter avant de mourir si on est assez rapide) ou le fait de pouvoir passer les combats de bas niveau et ainsi ne pas perdre de temps à combattre des ennemis de niveau 1 quand on est niveau 40. En ce qui concerne les graphismes, ils sont assez basiques pour l’époque, surtout quand on voyait les prouesses techniques de la SNES sur d’autres RPG. Si ce n’était pas le gameplay et les graphismes (les deux critères d’évaluation contemporains), pourquoi Earthbound déchaine autant les passions ?
The Completionist : Earthbound
Homesick
La réponse qui revient souvent quand on parle d’Earthbound à un Fuzzy Pickler (fan du jeu), c’est à propos de sa personnalité. Earthbound est bourré de petites gemmes d’écriture et de situations qui donnent à l’univers une cohérence encore rarement vue à l’époque et encore aujourd’hui. Dans un RPG classique, les monstres peuvent paralyser ou empoisonner le joueur. Un peu de magie ou une potion et le tour est joué. Ennemi suivant. Dans Earthbound, le joueur n’incarne pas un chevalier ou un mage parti dans une quête épique avec armure et épée. Ici, Ness est encore un enfant laché dans le vaste monde. Ce qui fait que de temps en temps, il a le mal du pays, ce qui devient une alteration d’état qui le pénalise pendant les combats. Pour s’en débarasser, il doit appeler sa mère au téléphone et prendre de ses nouvelles, comme un enfant de 13 ans loin de chez lui ferait… Autre exemple : pas d’épées ou d’arme conventionnelle. Les personnages du groupe utilisent des objets du quotidien comme une batte de baseball ou des poeles à frire pour se battre. Ce genre de détails ne payent pas de mine mais quand le jeu en est truffé, cela donne une toute autre dimension aux enjeux et à l’attachement du joueur pour son avatar. Et tout ça, c’est grâce à un seul homme. En partie.
Digressing and Sidequesting : Earthbound
Un jeu d’auteur
Shigesato Itoi, qui a dirigé les trois Mother, s’est investi plus qu’aucun autre directeur artistique dans la création d’Earthbound. C’est lui qui a rédigé l’intégralité des dialogues, aussi stupides ou profonds soient-ils, écrit le scénario et trouvé les originalités de gameplay suscitées. La volonté d’Itoi à propos du jeu était de raconter l’évolution d’un enfant dans le terrible monde qui l’entoure et son passage à l’age adulte. Ce qui donne au final une histoire tendre avec de nombreux moments plein de joie, mais aussi des passages assez traumatisants, notamment la fin. C’est le décalage créé dans cette écriture qui provoque chez les fans d’Earthbound leur fascination pour ce jeu, dont la fin de l’aventure en est le paroxysme.
Game Theory : Earthbound
Voyage au bout de l’enfer
Alors que tout le jeu se passe dans une ambiance enfantine avec des graphismes mignons, des musiques entraînantes et des ennemis parfois ridicules, la conclusion de l’aventure prend un chemin totalement différent et reste un cas unique aujourd’hui dans l’histoire du jeu vidéo. Ness et ses amis voyagent dans le passé pour combattre Giygas mais pour cela, ils doivent transférer leurs esprits dans des robots, leur corps ne pouvant supporter le voyage temporel, sans certitude de pouvoir inverser le processus. Déjà, gros différence d’ambiance. Une fois dans le passé, ils découvrent un monde glauque et oppressant, remontent une route ressemblant à un intestin grisâtre et combattent enfin le mystérieux extraterrestre dont l’apparence hante encore les nuits de nombreux joueurs. Le tout est accompagné d’une musique stridente et angoissante, augmentant le malaise du joueur. Quand ce dernier arrive enfin à la phase finale du combat, il ne doit plus lutter. Giygas étant trop puissant, la seule alternative possible pour le blesser est de prier avec Paula pour rassembler l’energie de tous ceux que vous avez croisé. Le jeu va même jusqu’à briser le 4ème mur et demander au joueur de prier avec elle ! Ainsi c’est en soutenant l’action de Paula par une combinaison de boutons que l’équipe ET le joueur arrivent à bout de la menace. C’était osé de la part d’Itoi mais ce choix de design était brillant et est resté sans précédent jusqu’à aujourd’hui.
Entre jeu vidéo et création d’auteur, objet de culte et expérience unique, Earthbound est avant tout une aventure sublime qu’Itoi a offert au monde et que ses fans ont elevé au rang de chef d’oeuvre absolu. Il suffit de voir l’histoire de production du jeu ainsi que tous les hommages qu’ont laissé les Fuzzy Pickler sur Internet. Le Cerveau ne saurait quoi ajouter de plus pour vous convaincre d’y jouer (même si selon les standards d’aujourd’hui il a sûrement un peu vieilli). Surtout qu’il est disponible sur l’eShop de la Wii U (ainsi que Mother) donc plus aucune excuse n’est possible désormais. Sauf peut-être si vous y avez déjà joué. Dans ce cas, rejouez-y. Vous savez que vous ne le regretterez pas.
Pollyana : An animate Earthbound tribute
Crédits : ©Nintendo ©GameTheorists ©ThatOneVideoGamer ©ProjectPKFlash
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