La Chute de la Maison d’Usher : Empire macabre, pour grand hommage

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Découvrez la critique de La chute de la Maison d’Usher, la nouvelle série de Mike Flanagan, inspirée par Edgar Allan Poe

A l’heure où notre société remet en question certains de ses fondements, comme le Capitalisme, La chute de la Maison d’Usher se veut comme un conte macabre sur fond de famille bourgeoise dysfonctionnelle et malsaine.

Succession – paranormal Edition

Comme une fable funèbre, La chute de la Maison d’Usher reprend les codes habituels de son showrunner et créateur, Mike Flanagan, qui s’était distingué dans The Haunting of Hill House, Bly Manor, ou Midnight Mass, pour raconter quelque chose de nous.

Après la religion, l’amour ou le deuil, voici que l’auteur s’attaque à un sujet plus que d’actualité, déjà traité ailleurs, comme la crise des opioïdes, sur fond de guerre de clan shakespearienne.

Dans  La chute de la Maison d’Usher, les redoutables Roderick et Madeline Usher ont fait de Fortunato Pharmaceutique un empire d’abondance, de privilège et de pouvoir. Mais de sombres secrets surgissent lorsque les héritiers de la dynastie Usher commencent à mourir des mains d’une mystérieuse femme de leur passé.

Hommage macabre

A mi-chemin entre Succession et Painkiller, La Chute de la Maison d’Usher raconte bien plus qu’un crossover entre les deux séries. Elle est, au-delà d’être une histoire de déchéance et de prix à payer, un hommage.

Un hommage à l’une des figures les plus légendaires du macabre et de la littérature gothique : Edgar Allan Poe. Inspiré par la nouvelle qui donne son nom à un recueil célèbre de l’auteur, La chute de la Maison d’Usher est un hommage à plusieurs œuvres qui ont, et qui continuent à inspirer depuis près de deux siècles.

Le prix de la richesse et du succès

Tout commence après le décès des certains enfants de Rodrick Usher, magnat d’un grand laboratoire pharmaceutique. Une entreprise tenue majoritairement par sa famille, qui en profite allégrement. Alors que le gouvernement attaque Usher en Justice,   une hécatombe de décès intra-familial se déclenche, avec une origine et des circonstances étranges.

Une intrigue qui met en scène une famille dysfonctionnelle et détestable, imbue par sa richesse et déconnectée de son humanité. Même ceux qu’on aurait cru moins odieux, finissent par l’être. Une famille qui n’a de lien que par son nom, animée par le succès et le pouvoir, tout comme l’est le père, ainsi que sa sœur jumelle. Une envie de succès, comme une revanche sur un trauma d’enfance, qui va se porter de manière inter-générationnel, jusqu’à ce qu’on l’éradique.

Tell-Tale

Sur 8 épisodes, 7 proposent la mort de chacun des enfants et petits-enfants d’Usher jusqu’à l’épilogue dans le final. Même si, dès le début, l’on sait que chacun va périr, le spectateur ne peut s’empêcher d’entrer dans l’intrigue, racontée par le père en personne, à un ancien ami et rival, comme Usher raconte son histoire à son ami d’enfance dans la nouvelle de Poe.

 

Un père, que l’on va découvrir différent dans les divers flashbacks. Des retours dans le passé qui nous permettent de comprendre les enjeux et origines de ce qui se passe à l’heure où chaque membre de la famille s’apprête à périr. Une sorte de pacte avec le démon, promesse que rien ne s’acquiert sans qu’on en paie le prix, même si l’on pense être intouchable.

Hommage funeste

Ceux qui ne connaissent pas les œuvres d’Edgar Allan Poe, de son célèbre poème intitulé Le Corbeau, jusqu’à Lenore, en passant par les nouvelles comme Le double assassinat dans la rue Morgue ou le Chat noir, ainsi que le Cœur révélateur, vont malheureusement passer à côté de l’atout principal de la série. Surtout qu’elle arrive après Painkillers et Succession, dont elle aborde les mêmes thématiques.

Ces œuvres sont au centre de la série. Voire la raison de l’existence de cette série. Le père spirituel de la littérature gothique est célébré dans cette intrigue de la première scène à la dernière.

Exercice de style

Du simple corbeau que l’on croise dans une scène, en passant par les titres et thématiques de chaque épisode, La chute de la Maison d’Usher est un exercice de style et d’écriture de la part de Mike Flanagan. Chaque nouvelle du recueil éponyme est adaptée de façon moderne en intrigue, raison de la mort de chacun des personnages au cœur de la série.

Comme un hommage à un auteur qui a été souvent référencé au cinéma et à la télévision – de X-files, en passant par Les Contes De La Crypte ou Au-delà du réelLa Chute de la Maison d’Usher regorge de références aux œuvres du romancier, poète et dramaturge. Un plaisir pour ceux qui connaissent et apprécient les œuvres de Poe, dont les poèmes deviennent ici des dialogues, remplis de mélancholie, de regrets et d’horreur.

Côté horrifique, la série n’est pas la plus effrayante signée Flanagan. Si elle ne rivalise pas avec Hill House ou Bly Manor, elle propose quand même son lot d’effroi, mais surtout de dégout. Un dégout à la fois visuel, mais surtout moral.

L’horreur réelle, loin du surnaturel

L’horreur cette fois n’est pas que celle que l’on attend d’une série de genre, signée Flanagan. Elle n’est pas fantastique ni mélancolique. Elle est plus cérébrale, plus humaine, et plus actuelle. Elle remet en question les fondements de notre société, qui valorise peut-être les mauvaises personnes.

Elle attaque frontalement un système, le capital, ainsi que ceux qui le détiennent. Et même si l’on comprend que la richesse des Usher n’a rien de naturel, elle n’en reste pas moins un bien qui corrompt, tue les rapports, et rend ceux qui en bénéficient non seulement détestables, mais surtout inhumains.

L’origine du Monstre

Le monstre, celui qui effraie réellement, est loin du corbeau noir, de la femme qui l’incarne, ou du fantôme. Il est un homme. Un homme et une femme… partis d’une maison en ruines.

Une maison en ruine, marque de fabrique du showrunner, pour une intrigue horrifique servie par une réalisation moderne léchée, portée par les acteurs fétiches de Flanagan, avec un nouveau venu cette année : Mark Hamill, en homme de main silencieux.

En somme, La Chute de la Maison d’Usher est une fable contemporaine qui offre en ce mois d’octobre son lot d’effroi attendu, mais qui ne manque pas de plaire, pour ce qu’elle raconte, qu’il soit imaginé par Poe, ou Flanagan.

La Chute de la Maison d’Usher est à découvrir dès ce 12 octobre sur Netflix

 

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