Le Cerveau plonge dans la jungle de Tselinoyarsk pour retrouver Snake dans sa plus belle aventure, sublimée par la puissance d’Unreal Engine 5. La critique

Metal Gear Solid. Une saga qui a révolutionné l’infiltration depuis 1998. Vingt et un ans après le chef-d’œuvre original sur PlayStation 2, Konami ressuscite le troisième épisode dans une version Delta qui sent bon la nostalgie.

Mais fallait-il vraiment réveiller ce serpent qui dormait si paisiblement dans nos mémoires ? La réponse, après plusieurs semaines dans la peau de Solid Snake.

La nostalgie ne meurt jamais

C’est un peu une anomalie temporelle la sortie inespérée de ce Metal Gear Solid Delta : un paradoxe où l’on joue un chef-d’œuvre de 2004 avec la technique de 2025.

Une nostalgie garantie, même si, aux premiers abords, on se demande si Konami n’a pas poussé le vice de la fidélité un peu trop loin. L’aventure nous replonge dans la peau de Naked Snake, le futur Big Boss pour les initiés, envoyé en mission d’infiltration dans la jungle soviétique de 1964. Une époque bénie où James Bond régnait sur les écrans et où les codes de l’espionnage n’avaient pas encore été déconstruits par Jason Bourne.

Kojima s’en donnait à cœur joie à l’époque, multipliant les clins d’œil au gentleman espion : saut en HALO d’ouverture digne de Opération Tonnerre (1965), la romance avec Eva qui fleure bon les Bond girls, et Ocelot, un jeune qui ne jure que par ses revolvers comme un Scaramanga des steppes, avec des plans rapprochés au visage dignes d’un bon Le Bon, la Brute et le Truand.

Des graphismes dignes d’un 007

Une entrée en matière permet de constater l’ampleur du lifting graphique. L’Unreal Engine 5 fait des miracles : la jungle de Tselinoyarsk n’a jamais été aussi luxuriante, la modélisation et de détail sur les textures ont été remis au goût du jour avec respect des plans issu de l’oeuvre original et les effets de lumière transforment chaque infiltration nocturne en véritable tableau cinématographique.

Difficile de croire que ce jeu a bel et bien existé il y a plus de 20 ans, et pourtant, les plans et la scénographie, ainsi que le gameplay sont bien les mêmes. L’un des moments les plus magiques au lancement du jeu : retrouver la séquence d’ouverture avec le saut en HALO mythique, mais cette fois en 4K. Les graphismes UE5 transforment cette scène culte en véritable blockbuster, même si les animations restent fidèles à celles d’époque.

Le mode photo révèle toute la beauté de ce travail : capturer Snake en pleine action dans cette jungle foisonnante donne envie de refaire tout le jeu juste pour immortaliser chaque boss fight légendaire.

L’infiltration à l’ancienne, pour le meilleur et pour le pire

La grande force de Metal Gear Solid 3 Delta, c’est sa fidélité absolue au gameplay original. Konami n’a pris aucun risque : on retrouve cette infiltration millimétrée où chaque garde à sa routine, où l’on peut passer des heures à observer les patrouilles avant de frapper. Le système de camouflage reste un régal de subtilité, entre costumes adaptés à l’environnement et maquillage facial stratégique. Snake se fond dans la végétation avec la grâce d’un caméléon, et vingt ans plus tard, cette mécanique garde toute sa saveur.

Certains aspects accusent quand même le poids des années. Impossible de ne pas sourire en entendant à nouveau le Major, Para-Medic ou Sigint grommeler « Snake… Snake… SNAAAAKE! » lors d’un Game Over. Certains détails ne vieillissent jamais, contrairement à l’IA des gardes qui, elle, accuse le coup de ses 20 ans.

Ces soldats soviétiques semblent avoir la vigilance d’un touriste en vacances à Saint-Tropez, ce qui rend parfois l’infiltration un peu trop facile pour les vétérans de la série.

Un système de contrôles à double tranchant

Konami propose deux approches dans ce Metal Gear Solid 3 Delta : le mode « Nouveau Style » avec une caméra moderne à la troisième personne et le mode « Légendaire » qui conserve l’expérience d’origine. Les contrôles version 2025 sont fluides et plaisants. Pourtant, rien n’empêche de se refaire l’expérience old school avec le filtre PS2 qui recrée l’ambiance d’origine.

Certaines habitudes sont plus fortes que la modernité et l’âme de MGS3 réside dans ces petites contraintes qui forgent l’immersion. Les nouveautés restent mesurées : possibilité de changer de tenue sans passer par l’inventaire, et quelques ajustements de confort bienvenus. Konami a visiblement choisi la voie de la préservation absolue plutôt que celle de la modernisation totale à la sauce Resident Evil 4 et Final Fantasy VII.

Le Snake, l’Ocelot et The Boss

Heureusement, là où Metal Gear Solid 3 Delta brille de mille feux, c’est dans sa dimension émotionnelle qui reste complètement intacte. L’histoire de Naked Snake et The Boss reste l’un des sommets narratifs du jeu vidéo. Cette relation mentor-élève qui vire au drame shakespearien garde toute sa puissance, amplifiée par les nouveaux graphismes qui donnent une profondeur inédite aux expressions des personnages.

Les boss fights légendaires retrouvent leur superbe : Ocelot et ses acrobaties de revolver interminables, The End et son duel de patience millimétrique, The Sorrow et sa séquence onirique teinté de macabre… Chaque affrontement reste un modèle du genre, entre mise en scène soignée et mécaniques uniques. Delta nous rappelle pourquoi MGS3 était déjà révolutionnaire en 2004.

Plusieurs heures d’aventure en pleine jungle luxuriante

La durée de vie reste de Metal Gear Solid 3 Delta conséquente : comptez une bonne quinzaine d’heures pour l’aventure principale, mais les perfectionnistes y passeront facilement le double. Entre la chasse aux objets cachés, les défis de rang (terminer sans être vu, sans tuer personne), et les easter eggs kojima-esques, Delta offre une rejouabilité de premier plan.

Les fans apprécieront particulièrement la possibilité de débloquer des tenues alternatives et des armes spéciales qui changent l’approche tactique. L’exploration de chaque recoin de cette jungle révèle des détails savoureux : faune interactive, plantes comestibles, cachettes secrètes… Le jeu récompense la curiosité avec une générosité qui fait plaisir à voir, même deux décennies plus tard.

Le prix de la nostalgie

Seul bémol de taille : ce lifting à 79,99 € qui interroge. Face aux remakes ambitieux de Capcom qui repensent entièrement leurs classiques, l’approche ultra-conservatrice de Konami peut sembler frileuse surtout à ce prix et le peu de perks que le jeu propose au-delà de cette nouvelle expérience avec le meilleur d’un jeu moderne.

On espère que suite à ce remake, Konami prévoit de faire un remake de Metal Gear Solid 1, 2, et Metal Gear Solid : Peacewalker de la même qualité, mais avec une prise de risque afin de moderniser le gameplay tout comme certaines cinématiques – et pourquoi pas ajouter plus de contenus sur ces jeux qui ont vieilli, sans pour autant les rendre différents comme ce fut le cas avec le remake GameCube : Metal Gear Solid: The Twin Snakes.

CQC : C’est Quasiment du Cinéma

Metal Gear Solid Delta: Snake Eater est la preuve que certains chefs-d’œuvre traversent les époques sans prendre une ride. Malgré quelques mécaniques datées et un tarif discutable, ce remake nous offre la plus belle version d’un des meilleurs jeux de tous les temps.

Delta respecte religieusement l’œuvre de Kojima tout en lui offrant l’écrin technique qu’elle mérite. Pour découvrir ou redécouvrir cette aventure légendaire, c’est aujourd’hui la version de référence. Les nouveaux joueurs découvriront pourquoi Snake Eater reste LE modèle de l’infiltration narrative, tandis que les vétérans retrouveront leurs émotions d’antan magnifiées par le moteur de jeu Unreal Engine 5.

Konami rappelle avec ce Metal Gear Solid 3 Delta qu’il sait encore bichonner ses classiques et offrir à une nouvelle génération l’occasion de découvrir un monument du jeu vidéo

Crédit : ©Konami