Ryan Murphy et son équipe explorent celui qui a inspiré Psychose et le Silence des Agneaux dans Monstre L’histoire d’Ed Gein, avec Charlie Hunnam.
Vous avez probablement vu Psychose, Le Silence des Agneaux et/ou Massacre à la Tronçonneuse. Peut-être avez-vous même lu les livres dont les deux premiers films ont été adaptés. Netflix propose maintenant d’aller à la rencontre de l’homme qui a inspiré ces personnages psychopathes comme Norman Bates, Buffalo Bill et Leatherface : Ed Gein.
La première saison de la série d’anthologie produite par Ryan Murphy, Monstre, a traité des meurtres sadiques perpétués par Jeffrey Dahmer entre 1978 et 1991, puis la deuxième était centrée sur les frères Menendez qui ont tué leurs parents à la fin des années 80. Il est désormais temps pour le Boucher de Plainfield de prendre à son tour sur le devant de la scène.

Il n’a peut-être pas la même notoriété que Dahmer, Bundy ou même John Wayne Gacy, il n’a tué « que » deux personnes, mais il a profané tellement de tombes et de cadavres de femmes avec un tel enthousiasme et une telle inventivité qu’à ce jour, si vous regardez quelque chose impliquant des cadavres mutilés et des corps écorchés, il y a de fortes chances que cela ait été inspiré par les « exploits » de ce type il y a plus de 70 ans.
Une structure intéressant mais distrayante
Structurellement et stylistiquement, c’est plutôt intéressant même si c’est parfois distrayant quand la série part sur l’exploration de Gein par Hollywood. Il y a un entrelacement entre l’époque dans laquelle Gein (incarné par un Charlie Hunnam transformé) commet les meurtres, les désacralisations de tombes et rassemble sa collection de parties de corps féminins) et celle dans laquelle les détails de ses crimes examinés par Alfred Hitchcock, Robert Bloch et Anthony Perkins alors qu’ils créent Psychose du roman inspiré de Bloch par Gein).

La même chose s’applique avec la juxtaposition de la vie de Gein dominée par sa mère fervente religieuse ; son obsession croissante pour les femmes, mortes ou vivantes, qui lui ressemblaient et les scènes sinistres et fétichistes de l’autre grande passion de Gein : Ilse Koch, la bouchère de Buchenwald qui aurait tué des Juifs pour fabriquer des abat-jour avec leur peau. Ces scènes de fête dans les maisons des officiers SS, où les enfants des hôtes rasent la tête des prisonniers terrifiés et où les invités courent après les autres autour de la maison avec des fouets, sont très perturbantes. Beaucoup de scènes donne la nausée et la série perd son focus.
Dire que la saison 3 de Monstre parle de « l’homme, du mythe et de la légende » serait assez exact s’il n’y avait pas autant d’inexactitudes et de mensonges sur le personnage réel. La star de Sons of Anarchy, Charlie Hunnam, est complètement méconnaissable dans le rôle et fait un excellent travail en nous effrayant. Certaines images sont à couper le souffle et inoubliables, ce qui a beaucoup à voir avec la façon dont Hunnam est convaincant et effrayant dans son portrait de Gein, même si son physique n’est pas tout à fait adapté au rôle.
Un manque de commentaire
Ce qui manque à la série, c’est un véritable commentaire sur les actes atroces commis. Il n’y a aucune sorte de dimension morale ou de commentaire pour contrebalancer les plans persistants des propres actes dépravés de Gein. Nous voyons sa vie fantasmée et vibrante et comment il se positionne comme un homme entièrement à la merci de sa mère dans leur ferme isolée, puis d’une potentielle petite amie qui partage certaines de ses premières fascinations morbides et lui apporte quelques photos de victimes des camps de concentration et sa première bande dessinée Ilse Koch.

Maintenant, on pourrait dire qu’un drame de l’écurie Ryan Murphy (il est ici producteur exécutif tandis que la série est réalisée par Max Winkler et écrite par Ian Brennan), connu pour ses productions brillantes et souvent de haut niveau, n’est pas le bon endroit pour chercher un aperçu de la condition humaine. Ce n’est pas nécessairement là où la morale excelle.
Pourtant, American Crime Story consacré à OJ Simpson était un brillant commentaire sur la transition de l’Amérique vers l’ère des médias et sur les ramifications qui se jouent aujourd’hui. La saison centrée sur l’assassinat de Gianni Versace avait des choses à dire sur la célébrité, ses excès et le parasocial. Et Impeachment a examiné la misogynie intégrée et intériorisée, même si elle n’a pas entièrement échappé aux accusations de la perpétuer. Cela peut donc être fait, et Murphy et ses collaborateurs de longue date savent le faire.
Voyeurisme perturbant et dramatisation
Mais pas ici. L’histoire d’Ed Gein donne l’impression de s’intéresser uniquement à explorer directement une personne qui a grandement inspiré Hollywood mais a lui-même été sous-exploité. Il ne s’agit pas d’un exercice visant à comprendre comment il a pu être créé, au-delà du simple fait que sa mère, très croyante et absolument atroce, lui a pourri le cerveau avec des idées horribles sur les femmes. Il n’y a aucune offre sur comment de nouveaux Gein pourraient être empêchés à l’ère où beaucoup de jeunes hommes se font radicaliser contre les femmes. Ce n’est rien d’autre qu’une complaisance voyeuriste envers les instincts les plus bas des téléspectateurs et c’est une déception.

Il faut aussi garder en tête que beaucoup d’éléments sont dramatisés, cela reste de la fiction même si c’est basé sur une histoire vraie. Tout ce qui est dit n’est pas la réalité et le téléspectateur se doit de prendre ce que lui donne la série avec précaution. Après trois saisons de Monstre, les téléspectateurs devraient être au courant que cette anthologie à tendance à minimiser certains faits ou les modifier complètement afin de les rendre plus sensationnels. On pointera surtout le doigt vers le final qui montre l’implication de Gein dans la capture d’un autre tueur notoire : Ted Bundy.
On peut se dire que parce que Gein n’était clairement pas sain d’esprit, une grande partie de sa psychose rend le récit non fiable. Son cerveau est brisé donc la véracité de la narration est compromise. Dans la réalité, Gein n’a jamais été impliqué dans l’arrestation de Bundy. Mais est-ce que la série est vraiment dans cette idée de narrateur non fiable ou veut-elle seulement déformer la vérité et déstabiliser le téléspectateur qui n’arrive à pas à distinguer le vrai du faux ? Parce que malheureusement, certaines personnes vont penser que c’est vrai.
Monstre L’histoire d’Ed Gein est disponible sur Netflix.
Crédit ©Netflix
























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