Sense8 saison 2 : Un peu d’humanité dans ce monde de brutes (critique)

2

5.0

Le Cerveau est conquis par l’épisode de Noël de Sense8, comme un shot de bonheur et de positivisme, avec beaucoup d’humanité et d’émotions universelles. La critique. 

Les épisodes de Noël se font de plus en plus rares en télévision. Alors que le mode de diffusion n’est plus régulier pour les séries depuis quelques années, voire presque destructuré notamment avec le manque d’agenda ou calendrier sur les plate-formes de diffusion comme Netflix, difficile de penser des épisodes entièrement dédiés à l’esprit de Noël, que ce soit en cours de saison, ou en dehors.

Pourtant, cette année, Netflix propose la diffusion d’un épisode spécial de Noël, pour l’une de ses séries les plus réussies de 2015 : Sense8. Un épisode de 2 heures, dont le thème central n’est évidemment pas Noël, mais bien le fil rouge de la série révélée au public en juin 2015, qui aura conquis le cœur de plusieurs spectateurs, et celui du Cerveau. Un épisode lyrique et très fort, qui restera dans les annales.

Quelques mois plus tard…

Sense8-episode-special-noel-photo-3On reprend donc après les évènements du final de la première saison. On retrouve ainsi nos sensitifs, éparpillés dans le monde, certains en fuite et se cachant pour ne pas être retrouvés par Mr Whispers, d’autres faisant face aux changements dans leurs vies, après l’intense climax de fin de saison.

Le mystère posé dans le final, qui marque le début de la chasse et de la fuite, sans réellement expliquer toute l’importance et l’intérêt de ces nouveaux humains, est aussi l’un des éléments centraux de cet épisode assez fantastique. Mr Whispers y est présent tout le long, comme un antagoniste dangereux que rien n’arrête, déterminé à mettre la main sur ces nouveaux sensitifs. Mr Whispers, comme un écho d’antagonistes mythiques de la Télévision, de l’Homme à la cigarette à Mr Rains.

Quant aux intrigues multipliées par 8 et chaque état des personnages, de Wolfgang à Riley et Will, on ne sera pas en reste. Vu comme une introduction aux challenges que les personnages vont devoir relever en saison 2, ce spécial Noël est une petite pause, qui résume un an de vie de chacun des sensitifs, et place les enjeux de ces derniers, qui seront à coup sûr développés dans la suite.

Toujours aussi fort

Capheus a certes plus le même visage, mais le personnage reste inchangé. On remarche en terrain connu, et on retrouve nos personnages, comme on retrouverait certains membres de notre famille, absents depuis un an. On sourit, on rit avec eux, on souffre à leurs côtés et on partage des émotions toutes aussi fortes qu’elles ont pu l’être lors du visionnage de la première saison. C’est là que réside toute l’intelligence de la série des sœurs Wachowski et Michael Straczynski : offrir un épisode de Noël, pour mieux aider l’attente d’une seconde saison, qui tarde à arriver sur la plate-forme de streaming. Tout en célébrant ce que beaucoup désigneraient comme l’esprit de Noël : le partage, la solidarité, l’amour, la famille, et le bonheur de se retrouver.

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Et tout cela, on le retrouve dans un épisode de deux heures qui semble en faire bien plus, par la richesse des intrigues multipliées au possible, qui viennent se juxtaposer les unes aux autres. On chérit les moments de bonheur et de solidarité entre les sensitifs, on partage des morceaux de leurs vies, et leur difficultés, que ce soit le coming-out difficile de Lito, qui voit sa vie et sa carrière se désintégrer à cause de ses sentiments considérés comme non-conformes ou le jeu de chat et la souris avec le FBI de Nomi. On partage aussi la force et la solitude de Sun, dans sa cellule de prison en Corée. On rit sur certaines, pleure à d’autres, tout en se sentant tout aussi connectés aux personnages qu’ils peuvent l’être les uns avec les autres.

Au plus proche du réel

Sense8-episode-special-noel-photo-2Si Sense8 est une série parfois un peu gauche, comme dans la première demi-heure de cet épisode de Noël, sa thématique principale et son mystère font oublier toutes les maladresses scénaristiques (structurelles surtout) qui pourront en faire décrocher certains (surtout les puristes des codes de l’écriture télévisuelle). On l’a déjà souligné en saison 1, Sense8 est une série hors-norme, qui joue tant avec les codes de la Télévision, que ceux du Cinéma, et du montage. Presque inclassable, Sense8 saison 2 gardera ce qui la caractérise le plus : son mélange des genres, de la comédie au thriller, et sa réalisation au plus proche du réel, portée par des chorégraphies de scènes d’actions dopées à bloc, proposée par une Doona Bae extrêmement « bad-ass ».

Le scénario de Joseph Michael Straczynski reste assez équilibré et typique d’un premier épisode de saison, installant l’intrigue et donnant le ton pour la suite. Certains spectateurs auront peut-être l’impression de voir un film de deux heures qu’un épisode de série. Mais ce n’est pas ce qui importe, car l’essence même de Sense8, véritable série hybride à l’image de ses trois créateurs, réside dans son intrigue et non dans sa technique : une véritable célébration de l’humanité.

Tranche de vie universelle

Ce que rappelle cet épisode, c’est que la vie est une expérience universelle. Une expérience humaine, portée par les émotions, qui seront les mêmes, quelles que soient nos différences, ethniques, culturelles, sociales, d’orientations sexuelles, ou de genre. Ici, on tente de montrer ce qui fait de nous des humains, cette capacité à ressentir les choses, et partager ces sentiments, et non notre condition socio-culturelle.

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« Il y a des gens, des gens auxquels je me sens liée, dans le monde entier ». Cette phrase prononcée par Kala à son époux, pour expliquer ses états, résume à elle seule tout l’intérêt de Sense8, qui souhaite célébrer l’interconnexion humaine, à l’heure où l’on a l’impression que le monde se déchire et se concentre sur ce qui divise les populations au lieu de les unir.

Comme une piqûre de rappel de notre condition humaine, ce « Chrismas special » de Sense8 montre à tous ce qui nous définit tant psychiquement, que physiquement. Et ça fait du bien, surtout après un Brexit et l’élection de Trump, ce qui se passe à Alep en Syrie, ainsi que les vagues d’attentats en Europe, proférés par des fous qui oublient l’essence même de leur condition humaine.

Shots d’émotions positives

Sense8-episode-special-noel-photo-1La scène d’ouverture ainsi que la séquence de fêtes d’anniversaires multipliées sont comme des shots d’émotions positives et de sentiments. Des sentiments  que certains rabats-joie qualifieront peut-être de « bien-pensance », à une période bien triste, et surtout en cette fin d’année compliquée pour le monde entier. Le tout sur fond de revisite de fortes mélodies et chansons, que ce soit Hallellujah de Leonard Cohen, ou Feeling Good de Nina Simone, qui se prêtent parfaitement aux états et ambiances de certaines scènes assurément fortes, qui auront sans nul doute un effet lacrymal sur chacun des spectateurs.

2016 se termine donc sur un sentiment de bonheur télévisuel, offert par Lana Wachowski derrière la caméra. Elle qui expliquait qu’enfant elle adorait ces épisodes spéciaux de ses séries préférées, bourrés de sentiments positifs et universels, nous offre, en quelques sortes, ses vœux pour cette nouvelle année 2017, qu’elle doit sûrement espérer aussi forte émotionnellement et positive que Sense8.

 Crédit photo :©Netflix

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