Critique de la nouvelle série de fantasy d’Amazon Prime Video, Carnival Row, qui marque le grand retour d’Orlando Bloom, et avec Cara Delevigne. Une série de fantasy qui ne manque pas de charme, au potentiel indéniable et visuellement époustouflante.
Création originale d’Amazon, Carnival Row est une nouvelle série de fantasy, d’inspiration historique et Steampunk, imaginée par Travis Beacham il y a plus de 17 ans à l’époque de ses études en école de cinéma.
Co-créée par ce dernier, accompagné par René Ecchevaria, Carnival Row est une série au monde vaste qui devait à l’origine être un film. Passée entre les mains de Guillermo Del Toro pour le cinéma avant qu’il s’en déleste, Carnival Row sera finalement une série pour la plateforme de streaming du e-commerce Amazon. Une série qui ne manque pas de charme, avec certes quelques défauts de rythme, servie dans une production de grande facture.
Féerie Victorienne d’Après-Guerre
Carnival Row raconte l’histoire de l’inspecteur de police Rycroft Philostrate (Orlando Bloom) qui enquête sur le meurtre violent d’une danseuse fée dans le quartier mal famé d’une ville cosmopolite et en pleine révolution industrielle, où des races imaginaires côtoient celle des humains.
Bien qu’il ne soit pas chargé de ladite enquête, Philo en fait tout une affaire personnelle et va tenter de découvrir ce qui est arrivé à cette fille, ce qui va lui coûter très cher. Sur le chemin de l’enquête, il va croiser la route de son ancien amour, une autre fée, du nom de Vignette Stonemoss (Cara Delevigne), réfugiée d’après-guerre, ayant fui sa terre natale, et cherchant sa place dans cette ville loin de sa montagne natale.
Nouveau Monde
Entre inspiration victorienne steam-punk et thriller de fantasy, Carnival Row est une série au potentiel indéniable et sans fond, avec ses diverses races, les Faunes les fées, dans un monde de magie. La série est servie par un casting de choix et une production sans failles pour le petit écran, avec des décors, des costumes, des effets spéciaux ainsi qu’une réalisation à en faire pâlir de grands cinéastes.
Visuellement réussie, avec une esthétique noire, d’inspiration victorienne et gothique, la série est un véritable voyage dans un monde inspiré de notre histoire certes, mais assurément inconnu, qui ne manquera pas de réjouir les yeux des spectateurs les plus exigeants. Du générique au cachet indéniable jusque dans ses mélodies, Carnival Row est une série de bonne facture, à l’esthétique originale bien qu’empruntant à des références collectives et historiques. Une série pleine de magie visuelle délicieusement agréable.
Métaphore migratoire
Dès le premier épisode, Carnival Row pose les bases de ses intrigues. Entre enquête policière et découverte du soi, la série s’inspire des séries de costumes pour distiller ses thèmes très vite. Racisme, vivre-ensemble, discrimination, assimilation et immigration, Carnival Row propose un parallèle avec notre époque avec ses thématiques migratoires auxquelles la série s’intéresse majoritairement, avec une pointe de lutte des classes et de romance, avec le couple de personnages principaux. Des thèmes logiques dans un monde de cet envergure, assez courant en fantasy.
L’écriture des personnages tourne essentiellement sur la thématique de cette immigration forcée suite à une guerre et l’acceptation de l’autre dans une ville essentiellement humaine. Tous les personnages n’interagissent pas nécessairement ensemble mais chacun propose son discours politique, sur fond de fantasy .
Résonance
Que ce soit le faune (David Gyasi) qui s’installe dans l’un des quartiers huppés de la ville et qui cherche impérativement à sceller son ascension sociale en s’intégrant dans cette communauté qui le rejette, ou Philo, coincé entre deux mondes, ainsi que Vignette, réfugiée malgré elle, Carnival Row veut montrer comment le vivre-ensemble est un enjeu compliqué, quelle que soit la configuration de ce vivre-ensemble.
A l’heure de la crise syrienne, des politiques anti-migratoire de Trump, de la montée des extrêmes nationalistes ou du Brexit, Carnival Row a une résonance intéressante avec l’actualité et ne manque pas de faire réfléchir.
Manque de rythme et équilibre
Malheureusement, cette saison 1 est un peu déséquilibrée. Si les deux premiers épisodes posent les bases, même si maladroitement, la suite après l’épisode 3 de cette saison 1 de Carnival Row – un flashback concentré sur la rencontre des amants phares de la série – est un peu gauche.
L’écriture a visiblement été étirée de manière à tenir sur 8 épisodes, avec des intrigues qui restent en suspens alors que d’autres sont développées en même temps, introduisant de nouveaux personnages. Si la maladresse est excusable, puisqu’une saison 1 fait toujours office d’introduction et que cet univers est tentaculaire, le rythme pourrait agacer certains spectateurs ou en décourager d’autres.
Féerie visuelle, magie oculaire
Cependant, Carnival Row est une série à voir, pour le voyage, la production magnifique et son casting bien choisi. Orlando Bloom, qui revient pour la 3ème fois dans une univers de fantasy, est excellent de noirceur, charisme et profondeur dans son rôle de détective torturé. Cara Delavigne est bien meilleure dans son jeu que dans ses rôles précédents au cinéma, plus nuancée dans ses états, bien qu’elle garde un aspect monolithique en général.
Les personnages secondaires, incarné par un casting de choix, de Karla Crome en passant par David Gyasi, Tamrin Merchant, Jarred Harris (Chernobyl) ou Indira Varma (la célèbre Ellaria Sand de Game of Thrones) ne sont pas sans charme et ne manquent pas de créer un lien avec le spectateur pour l’inviter dans leur monde.
Un monde qui a tout pour être féerique, avec son monstre effrayant de monstruosité, ses sorcières mystiques, ses manigances politiques, ses envies de rébellion, ses liens amoureux et ses interactions multiples.
Déjà renouvelée
Carnival Row a déjà été renouvelée pour une seconde saison par Amazon Prime. La production devrait commencer incessamment sous peu d’après ses acteurs, pour une série qui a tout pour devenir une grande série, si elle arrive à corriger son écriture un peu gauche, quoiqu’excusable.
En effet, Carnival Row est une invention originale de ses créateurs, loin d’autres consœurs sérielles de fantasy, inspirées de romans, qui dans cette saisons 1 cherchait avant tout à introduire un univers au ressources multiples. Il faudra attendre la suite pour savoir si la série pourra être plus immersive ou captivante.
crédit photos : ©Amazon
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