Critique de la saison 1 de Dear White People, la série basée sur le film du même nom qui interpelle et dénonce le racisme avec intelligence et humour.
En 2014, sortait le film Dear White People. Un film satirique réalisé par Justin Simien qui dénonçait le racisme et la tension sociale aux Etats-Unis avec humour et intelligence. Trois ans plus tard, Simien a transformé son film en série télé. Une série lancée ce vendredi 28 avril sur Netflix et qui vaut le coup d’oeil.
Dans Dear White People, on suit Sam White (Logan Browning), une étudiante de la prestigieuse université de Winchester qui est animatrice radio de l’émission Dear White People. Une étudiante métisse qui se bat au sein d’une organisation noire du campus. Mais voilà, sa crédibilité d’activiste noire va être entachée quand ses amis vont découvrir qu’elle sort avec Gabe (John Patrick Amedori), un hipster blanc adorable. Il y a également Lionel (DeRon Horton), étudiant journaliste nerd, introverti, noir et gay qui tente d’accepter qui il est; Troy (Brandon P. Bell), le noir aisé en apparence parfait, Reggie (Marque Richardson) le rebelle révolutionnaire ou encore Coco (Antoinette Robertson), la fille qui depuis sont enfance tente de s’assimiler et gérer la couleur de sa peau.Vous avez ainsi des personnages tous différents mais réunis pour un même combat. La série va suivre les événements sur le campus après une fête raciste qui a mal tournée.
Excellente transition du grand au petit écran
Avec sa série, Justin Simien reprend ainsi ses personnages (certains acteurs ont repris leur rôle du film), ses sujets et au lieu de n’avoir qu’une heure cinquante pour les traiter, la série propose plus de temps avec 10 épisodes de plus ou moins 30 minutes qui exploitent un peu plus son propos, avec plus de temps. En effet, si le film était bon, il était un peu précipité et on avait envie d’en voir plus sur certains personnages secondaires qui n’avait pas vraiment eu le temps d’être développés. La série est le format parfait pour raconter cette histoire et se pencher épisode après épisode, sur chacun, tout en faisant avancer l’histoire. Justin Simien a conscience des atouts du medium série et l’utilise à bon escient pour faire passer un message essentiel.
Au moment du lancement de sa bande-annonce, la série avait créé la controverse, accusée de “racisme à l’envers” notamment par la alt-right américaine. Ces groupes extrémistes racistes qui se sont sentis visé à cause du titre et qui n’ont pas cherché à comprendre plus loin. Ce comportement prouve que Dear White People est une série qui est vitale dans un monde où la parole raciste se banalise. Dans une Amérique où Trump est président et où les incidents à caractères racistes se multiplient. Le propos social de Dear White People est fort et si parfois Simien n’y va pas avec le dos de la cuillère, c’est surtout pour éveiller les consciences sur les inégalités, le traitement des minorités et le racisme institutionnalisé. Il pousse certains concepts à l’extrême pour étayer ses propos, le tout, sous fond de comédie et le message passe.
Des personnages développés et une parole intelligente
Et Simien n’oublie pas de développer ses personnages, de leur donner de la profondeur et explorer leurs histoires personnelles grâce à la structure de la série qui permet de les laisser respirer individuellement. Ils ne sont pas juste des pions dans son histoire. Une histoire qui n’est pas “anti-blancs” comme certains le pensent. Le but n’est pas de diminuer les blancs, c’est de mettre en lumière l’ignorance de certains et les inégalités et le racisme ordinaire de plus en plus répandu. La série fait un excellent travail quand elle met en lumière les brutalités policières ou encore l’utilisation du “N-word” par les blancs. C’est surtout à partir de l’épisode 5 que la série prend tout son sens et le téléspectateur est agrippé jusqu’à la fin de la saison.
Le film était très bon. Il était frais, drôle, dynamique et dénonçait avec intelligence le racisme. La série l’est tout autant et elle a la possibilité de prolonger ce que Simien avait commencé dans son film. Il arrive aussi à montrer que tous les noirs ne sont pas pareils. Il n’y a pas qu’une seule identité noire, il y en a plusieurs parce que chacun est différent.
Dear White People est la parfaite série à binge-watcher. Elle vous fera rire (Diffamation, la parodie de Scandal est hilarante) et elle vous fera aussi réfléchir.
Dear White People est disponible sur Netflix.
Crédit ©Netflix
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