Critique des premiers épisodes de Gen V, la série spin-off live-action de The Boys.
Elle est enfin là. Gen V, la série spin-off de The Boys qui se déroule en milieu universitaire, arrive enfin sur Prime Video avec les trois premiers épisodes disponibles dès aujourd’hui. Et c’est une série pleine de promesses qui réussit à garder l’esprit gore et satirique de la série-mère, mais qui arrive aussi à tenir sur ses propres épaules.
Cette série en grande partie autonome se déroule à l’Université Godolkin, propriété de Vought, une prestigieuse université « réservée aux Supers » où de nombreux jeunes adultes surhumains en herbe s’entraînent pour faire partie d’une nouvelle génération de super-héros et de célébrités.
Un équilibre délicat
Lorsqu’il a été annoncé que le service de streaming d’Amazon élargirait le monde de The Boys, beaucoup étaient inquiets que la série se transforme lentement en type de franchise qu’elle a toujours critiqué. En effet The Boys est, non seulement une série de super-héros mais aussi une satire de super-héros. C’est également un récit édifiant sur le monopole des grandes entreprises qui ironiquement, est diffusée sur Amazon.
Au cours de trois saisons, The Boys a réussi à conserver un équilibre délicat engendrant une série animée d’anthologie et maintenant, un spin-off live-action dans un décor universitaire. Les contradictions du succès pourraient éventuellement avoir des conséquences néfastes sur la comédie noire et ses satellites, qui présentent les soi-disant super-héros comme des pions du rapace Vought International.
Mais Gen V conserve l’avantage, le cynisme et l’humour (à juste titre) adolescent qui font vibrer sa série mère, suggérant que The Boys est loin de la fatigue créative qui afflige actuellement les mastodontes comme l’univers cinématographique Marvel et même DC.
The Boys a toujours eu l’impression d’avoir une longueur d’avance sur Marvel et DC, et même si c’est désormais une franchise qui s’étale sur trois séries, chaque projet réussit à garder son indépendance. Evidemment, Gen V est liée à The Boys parce que les manigances de Vought (et Composé V) sont aussi au sein de la série et les Supers en herbe ont pour vocation d’intégrer les Sept, cependant, l’histoire se suffit à elle-même.
Une jeune génération sous pression
Développée par Eric Kripke, Evan Goldberg et Craig Rosenberg, tous producteurs exécutifs de The Boys, et supervisée par Michele Fazekas et Tara Butters, Gen V se déroule à Godolkin University dirigée par Vought. Sous l’œil vigilant de la doyenne Indira Shetty (Shelley Conn), Godolkin sert de terrain d’entraînement aux « Supers » qui, dans le monde de The Boys, peuvent exercer des métiers aussi disparates que la lutte contre le crime ou une carrière d’acteur.
Les anciens élèves de Godolkin University incluent les personnages de The Boys A-Train (Jessie T. Usher) et la Reine Maeve (Dominique McElligott), qui ont fini par rejoindre le super-groupe des Sept. Les étudiants actuels sont publiquement classés en fonction de leurs compétences et de leur statut de star, une liste dominée au début de la série par un véritable Golden Boy (Patrick Schwarzenegger). Cela les met alors sous pression pour rester bien classé et surtout populaire.
Trois ans avant les événements de Gen V, l’équipe anti-supers titulaire de The Boys a exposé Vought. Ils ont révélé au public que les super-héros ne sont pas nés mais créés. Ils ont été involontairement dosés lorsqu’ils étaient enfants avec un produit chimique connu sous le nom de Composé V dans le cadre d’une expérience de masse menée par Vought et rendue possible par des parents complices. Une fois que ses élèves ont découvert ce qui leur avait été fait, Shetty se vante froidement que Godolkin « n’a pas eu tant de suicides que ça. ».
Des personnages solides
Cette trahison, combinée à la jeunesse des protagonistes de Gen V, les rend immédiatement plus sympathiques. L’élève de première année Marie (Jaz Sinclair), qui rêve de devenir la première femme noire à intégrer les Sept, peut manipuler le sang et la petite amie de Golden Boy, Cate (Maddie Phillips), peut contrôler les esprits, mais toutes deux ont manifesté leurs pouvoirs au pire moment possible pour leurs proches et ont passé des années à vivre avec une grande culpabilité.
La colocataire de Marie, Emma (Lizze Broadway), est étroitement surveillée par sa maman manager, qui veut utiliser la capacité d’Emma à se rétrécir comme moyen d’accéder à la gloire et à la fortune. On fait également la connaissance d’Andre (Chance Perdomo) maitre du magnétisme. Evidemment, nous sommes dans l’univers de The Boys, donc certains personnages sont de pures punchlines, mais il y a une base de sincérité au milieu de l’humour dégoûtant, du sexe et de la violence parfois cartoonesque de la série.
Comme dans The Boys, Marie et ses amis découvrent bientôt que Vought ne prépare rien de bon, cette fois grâce à une initiative secrète connue sous le nom inquiétant de la Forêt. Le contexte universitaire offre néanmoins aux scénaristes un nouvel ensemble de cibles intéressantes pour dénoncer certaines injustice et aborder des sujets de la société. Gen V sert alors d’allégorie pour plusieurs sujets délicats de manière peu subtile.
Des métaphores peu subtiles
Le pouvoir d’un personnage est déformé en une métaphore maladroite d’un trouble de l’alimentation, tandis que Jordan, qui change de sexe (London Thor et Derek Luh), est traité.e comme un parallèle de l’expérience non-binaire/trans de la vie réelle. Ce sont des sujets importants et qu’il faut aborder mais la série le fait de manière peu subtile.
Cependant, de telles extensions excessives sont secondaires par rapport à la mission principale de Gen V qui réussit à élargir le monde de The Boys tout en se sentant plus substantielle qu’un simple exercice de capitaliser sur une marque déjà existante.
Avec la saison 4 de The Boys retardée par la grève des acteurs en cours, Gen V est un bon moyen de patienter entre deux saisons, c’est le parfait intérim qui offre des personnages intéressant et une bonne histoire à suivre. On attend devoir comment les choses évolueront.
Les trois premiers épisodes de Gen V sont disponibles dès aujourd’hui sur Amazon Prime ; les épisodes restants seront ensuite diffusés chaque vendredi.
Crédit ©Prime Video
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