Game of Thrones a-t-elle trouvé une héritière en Britannia ? Le Cerveau est très nuancé la dessus, surtout après avoir regardé la saison de la nouvelle série britannique.
Le Cerveau en parlait déjà dans sa liste des 18 séries à voir en 2018 tant Britannia est présentée comme une de ces grandes séries qui va marquer le paysage télévisuel de cette année. Univers épique, péplum, magie et Rome antique sont au programme de la nouvelle série coproduite par Sky et Amazon. Certains la comparent même déjà à Game of Thrones – il en va de même pour la moitié des séries ambitieuses et fantastiques, déjà sorties ou en projets – du fait de son potentiel. Après tout, la conquête romaine de la Grande-Bretagne couplée à de la magie et des intrigues claniques, voilà qui parait prometteur à première vue. A la seconde, un peu moins.
Un très bon début
Britannia s’ancre donc un contexte historique, l’invasion romaine de la Grande-Bretagne par 20 000 légionnaires romains menés par un Aulus Plautius (David Morrissey, le Gouverneur dans The Walking Dead) à priori sans merci envers les barbares que même César n’avait su vaincre neuf décennies avant. Sur l’île, le général romain va devoir composer avec les différents clans en guerre mais surtout avec les druides, qui contrôlent magie et prophéties.
Attention de ne pas prendre la série pour ce qu’elle n’est pas : Britannia n’est pas une série historique dans la veine de la cultissime Rome par exemple. Elle utilise juste un contexte, un moment, et développe son histoire fantasque autour. Du moins. Le Cerveau est à peu près sûr que la magie et les démons n’existent pas vraiment.
Série de bonne facture
Britannia est une série de très bonne facture avec ces premiers épisodes. Le premier épisode, un peu long et lent car très introductif envers les différents protagonistes et enjeux, est un peu fouillis mais prometteur. Ainsi, hormis les légions romaines, on découvre une rivalité ancestrale entre deux clans bretons, les Cantii et les Regnii, avec lesquels Aulus Plautius va tenter de négocier, pendant que les Druides vont lutter à leur manière contre l’envahisseur. Autour de ça, c’est une fille sans nom (« a girl has no name » #reference ) et un Druide banni, car possédé par un démon, qui se retrouvent à faire équipe malgré eux contre les romains.
Les enjeux sont intéressants et les personnages charismatiques – surtout la princesse Cantii, Kerra (Kelly Reilly, très bonne) – pour proposer une bonne série. Il y a bien quelques défauts, notamment concernant le caractère stéréotypal des personnages qui manquent parfois quelque peu de variation et de complexité, mais les bases d’un récit sont posées.
Ce qui plait aussi et qui est une des premières qualités de Britannia, c’est sa production. La réalisation et la photographie sont excellentes et les décors bien mis en valeur. On sent vraiment une identité visuelle de la série, bien qu’à la longue on tombe dans une répétition constante des mêmes codes et d’un aspect un peu « shannaresque » (pour ceux qui n’ont pas compris ce néologisme made in le Cerveau : Direction ici) ce qui, le Cerveau préfère préciser, n’est pas une qualité.
Une suite en deçà des attentes
Britannia ne manque pas d’ambition. Elle se veut récit épique, politique même. Alors qu’à chaque épisode on attend que quelque chose d’important se passe, la série continue pendant beaucoup trop longtemps de se perdre en palabres et non-événements. Les légions vont rester sur place à ne rien faire sauf échanger avec un chef de clan puis l’autre avant d’en choisir finalement un, sans que l’on comprenne bien pourquoi ; le duo banni/fille sans nom devient très vite ennuyeux car sans intérêt scénaristique apparent pendant une bonne partie de la saison… bref, la série a tendance à stagner ou faire du sur-place. Le Cerveau ne s’ennuie pas pour autant, mais on attend que les promesses du premier épisode soient tenues. Et il attend toujours.
Manque de Rythme et de complexité
Mais au-delà de ce faux rythme lassant, les enjeux et intrigues de Britannia manquent de complexité. Très basique, on ne sent pas en eux l’ambition affichée de la série et le potentiel présenté dans le premier épisode. Elles sont correctes, mais il y clairement un manque d’épique, de moments forts et de surprises. Pire, le Cerveau constate une disparition progressive du charisme des personnages les plus importants. Ainsi Kerra, fière princesse guerrière maniant l’arc comme personne va se retrouver très vite coincée dans un rôle bien plus classique.
Le général fort et sans pitié présenté au début du premier épisode enchaîne des décisions plutôt compliquées à comprendre, et qui surtout tendent à ternir la première impression qu’il donne au début. Et alors que l’on s’attend à quelques combats – on nous vend invasion et conquête – il n’y en a finalement que très peu.
On ressort quelque peu déçu de cette première saison. Déçu non pas à cause de la qualité générale de Britannia, qui reste très correcte et divertissante, mais à cause de ce qu’elle aurait pu être. Peut-être pas la nouvelle Game of Thrones comme tout le monde le prétendait, mais elle reste une sacrément bonne série. Elle conviendra malgré tout très bien comme encas, histoire de patienter en attendant 2019.
Crédit photo : ©Amazon/Sky
Connecte tes Neurones à Brain Damaged sur