A l’occasion de la diffusion de l’épisode de Noël de Doctor Who sur la BBC hier soir, le Cerveau dresse un bilan de la dernière saison de Doctor Who, et c’est pas joyeux !
Ladies and Gentlemen, le Cerveau va le dire, même si ça le désole, Doctor Who n’est plus. Oui, Doctor Who n’est plus ce qu’elle était. Hier soir, l’épisode spécial de Noël était diffusé sur la BBC. Un épisode qui vient conclure la dernière saison de Doctor Who, sa neuvième, dans la continuité de son niveau, c’est-à-dire, pas top. Un Noël bien en dessous de ce qu’on attendait pour une féerie absente, agrémentée d’un brin de sexisme et d’incohérences comme seul Steven Moffat sait le faire.
Saison ou mini-saison ?
Mais avant de parler de cet épisode de Noël, le Cerveau, qui n’a pas eu l’occasion de revenir sur la saison 9 de Doctor Who, va dresser un bilan des évènements et intrigues de cette dernière saison. Ou plutôt mi-saison, puisque cette année, elle est composée d’épisodes en deux parties. Doctor Who n’est plus une série de 13 épisodes par année, mais une mini-saison qui se décompose en 6 épisodes de 1h30 (un peu comme Sherlock). Une saison qui se veut comme un pan narratif qui mène vers les deux derniers épisodes sensés scotcher le spectateur, qu’une série d’anthologie et de science-fiction. Fini les intrigues singulières loin du fil rouge, les rencontres avec des personnages mythiques de l’Histoire ou des races aliens inconnues, et bienvenue dans l’histoire du Docteur. C’est tout.
Héros, anti-héros, sauveur, parfois proche d’un Dieu, Doctor Who saison 9, ce ne sont pas les aventures du Docteur, mais son histoire, de Davros à Gallifrey. Fini les anecdotes sympathiques et les bonds dans le temps, et bienvenue dans le bis-repetita d’intrigues déjà entamées la saison précédente (on pense aux Zygons par exemple), avec des protagonistes connus. On ne se prend plus la tête pour innover, on recycle avec de bonnes doses de fan-service, histoire de contenter ceux qui sont là depuis le début, tout en espérant que la pilule de ce changement, qui n’était pas bienvenue, passe bien. Tout le reste n’est là que pour servir le fil-rouge de la saison avec Ashildr/Me jusqu’au final. Malheureusement, cher Showrunner, ça ne marche pas.
Home Sweet Home
Gallifrey, cette bonne vieille planète qu’on ne faisait que suggérer, celle des Seigneurs du Temps, disparue, pour faire du Docteur le dernier de son espèce et un fondement dans l’essence de ce personnage généreux et altruiste. Depuis le 50ème anniversaire et son rebondissement, Gallifrey existe, dans une bulle spatio-temporelle d’une autre dimension, que le Docteur espère retrouver. Dans cette fin de saison 9, il la retrouve, mais sans joie. Franchement, c’est pas comme ça qu’on imaginait les retrouvailles… Sans joie, car le Docteur est arrivé dans sa « Home Sweet Home » à l’insu de son plein gré, mais surtout après avoir perdu sa compagne et être passé par un purgatoire gallifréen (Heaven Sent).
Tout ça pour ça
Un épisode complètement tordu, qui fonctionne sur la forme mais pas dans le fond. Un épisode voulu comme une célébration de la puissance de jeu de Capaldi, au sommet de son interprétation du Docteur, mais qui ne ressemble en rien à ce qu’on connait de la série.
Sombre, complexe, tordu et surtout sans âme, Le purgatoire de deux milliards d’années du Docteur est un casse-tête qui n’a rien à faire dans une série, qui, à l’origine, est destinée à être vue par toute la famille. Allez expliquer à un petit de 6 ans le Purgatoire, pourquoi le Docteur est coincé face à une créature de son imagination et pourquoi il meurt et ressuscite autant de fois. Foi de Cerveau, l’exercice n’est pas facile.
Mais Heaven Sent n’est pas le véritable bémol de cet épisode en deux parties (ou trois si l’on considère le précédent avec le décès de Clara et le retour de Me). Le bémol c’est cette histoire d’hybride mystérieux et la façon d’amener Gallifrey, sans explication, ni raison valable dans l’intrigue, à part cette vague histoire d’hybride sortie de nulle part. De plus, le retour du Seigneur du Temps prodigue, en Terre promise, se fait comme si ce dernier avait affaire à des ennemis, et surtout autour du sempiternel débat et problématique du Docteur Guerrier/Sauveur déifié. Pour le renouveau, on repassera.
Point Fixe… enfin presque et quand on veut !
Quant à la question des points fixes et du respect du Temps par le Docteur, sujet déjà abordé avec le personnage d’Ashildr/Me (Maisie Williams), ou au fameux Lake Silencio, elle est une fois de plus présente dans les derniers épisodes de la saison 9. Pour les points fixes, qui portent ce nom pour une bonne raison, c’est au final, comme on veut ! Ces points fixes sont censés être inaltérables pour tous les compagnons du Docteur, de Rose à Donna en passant par Amy et Rory… Mais pour Clara, on fait l’impasse, on lance même une résurrection, mais surtout on la rend éternelle dans un nouveau Tardis avec une nouvelle copine. Moffat aurait-il une idée de spin-off en vue, dans l’idée de saigner la poule aux œufs d’or jusqu’au bout ? Au-delà d’un final déjà vu- avec cette histoire de mémoire effacée (tiens, ce n’est pas le sujet d’un autre final avec une certaines Donna, non ?) – le clou du spectacle attendu n’en est pas un, et laisse un arrière-goût amer de gloubi-boulga sans cohérence pour le spectateur.
Doctor Whatever
Et oui, Doctor Who n’est plus la série découverte il y a presque dix ans, pleine de magie enfantine, de monstres en papier-mâchés pas crédibles et risibles, dans des histoires humanistes et émouvantes. Doctor Who, depuis la saison 8, c’est désormais : festival d’effets spéciaux, d’intrigues voulues profondes, complexes et recherchées, voire époustouflantes visuellement, sans âme et loin de l’essence du personnage principal, présenté et développé par Russel T. Davis il y a 10 ans.
Si Steven Moffat a décidé de changer Doctor Who pour rendre la série attrayante pour les adultes (qui n’avaient pas nécessairement besoin de ça) et laisser sa marque, en saison 9, elle est complètement dénaturée. Elle laisse place à un héros proche de l’anti-héros et loin du personnage charismatique et chaleureux que les précédentes incarnations nous proposaient, sur plusieurs niveaux d’ailleurs. Si l’idée est bienvenue, elle est très mal exécutée. Maintenant le Docteur est une espèce de super-héros malgré lui, bougon, sans compassion, associable et dans son monde. D’ailleurs il n’a même plus de Tournevis Sonique, mais des Ray Ban soniques (la bonne blague, comme un doigt d’honneur à la Bible de la série !). Moffat ayant souhaité jouer avec les fans comme il l’a déclaré, tout en dénaturant le personnage pour en faire ce qu’il souhaite. Car oui, faire disparaître un objet aussi iconique et marquant d’une série, prouve le désintérêt de ce dernier pour la formule originale. Steven Moffat, comme son Docteur Capaldi, est au-dessus de tout, comme dans cet épisode spécial de Noël avec le retour d’un personnage attendu depuis longtemps : River Song.
One and Only husband
Le retour de River dans ce spécial Noël intitulé, The husbands of River Song, comme promis, nous offre un peu de facétie et de comédie comme on n’en avait plus depuis quelques temps. De la comédie assurée par le personnage d’Alex Kingston pour une multitude de scènes de comique-de-situation générées par la non-reconnaissance de River face au Docteur. Oui, tout ce qui fait le charme de cet épisode de Noël – qui n’a de Noël d’ailleurs que les cotillons, les guirlandes et la neige pour y faire référence – c’est River et l’intrigue dans laquelle elle intègre le Docteur sans le savoir.
Tout fonctionne, pour une formule qui séduit et nous fait revivre des sensations connues avec ce personnage légendaire. On rit avec River, on sourit avec Capaldi, avant le véritable désenchantement : la déclaration d’amour infini de River au Docteur sans savoir que ce dernier est à ses côtés. Une déclaration qui aurait pu être magique si elle n’avait pas été teintée d’un sexisme, qui maintenant, n’est plus que suggéré.
Hymne Anti-féministe
Oui, River aime le Docteur mais elle l’aime sans rien attendre en retour, elle l’aime sans attendre que ce dernier l’aime ou vienne la sauver parce qu’il a mieux à faire, mais surtout, elle l’aime comme si elle admirait la lumière des étoiles. Mais surtout elle l’attend et vit pour cette attente, elle qui a été conçue exclusivement pour lui (le nuire à l’origine), lui voue presque un culte selon ces mots. Une déclaration qui va venir conclure l’aventure des deux protagonistes avant de consacrer plus d’une quinzaine de minutes aux derniers au-revoir de River au Docteur (et spectateurs accessoirement). Un rendez-vous romantique sur une planète mystique, où cette dernière va réitérer son affection profonde pour le Docteur une fois de plus, sans recevoir un retour de ce dernier, seul un premier cadeau après toutes ces années pour faire référence à l’épisode de la bibliothèque, dernière aventure du personnage (amis du fan-service, celle-ci est encore pour vous). Un amour à sens unique, ou pas, vu l’attitude du Docteur, ouverte à interprétation bien évidemment, sûrement histoire de se couvrir face aux accusations de sexisme.
Ou comment, en quelques mots et séquences, briser un personnage féminin de science-fiction aux apparences fortes, indépendantes, héroïques et sexy. Une femme qui est si libre qu’elle n’hésite pas à épouser des hommes pour ses intérêts. Mais non, River n’est pas un personnage si libre, et rien qu’une pauvre femme qui attend son Docteur, qu’elle aime d’un amour sans retour, et attend avec impatience sa prochaine escapade avec lui, tout en se remémorant le passé. Merci Moffat, la gent féminine t’est reconnaissante de cet exemple, et des autres femmes peu glorifiantes de la série, qui sont soit des psychopathes (Ashildr/Me et Missy), soit des side-kicks stéréotypées. Si ceux qui doutaient jusqu’ici (comme le Cerveau) de la sincérité de Moffat sur le sujet, cette intrigue est là pour attester que certaines accusations sont, en fait, méritées.
What’s Next ?
Si les rumeurs annoncent déjà la saison 10 de Doctor Who comme la dernière de Peter Capaldi, il est certain que la prochaine saison va reprendre le fil rouge autour du mystérieux hybride introduit dans les derniers épisodes de la saison 9. Il est trop tôt pour parler d’un nouveau compagnon pour le Docteur, puisque Clara est définitivement partie, bien que le final n’exclut pas un retour de cette dernière, tout comme Maisie Williams, qui contrairement à ce qu’on avait annoncé, est désormais un personnage récurrent. On espère tout de même revoir Missy, qui reste un véritable rayon de douceur dans cette formule de Doctor Who, qui est bien loin de la série britannique qui a séduit le monde entier il y a quelques années. Doctor Who est désormais sans âme, et c’est bien dommage.
Crédit photos : ©BBC
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