Le Cerveau vous propose son avis sur l’intégralité de la saison 2 de Marseille mise en ligne hier sur Netflix.
Elle avait été présentée comme la House of Cards à la française. Marseille, première production française en série du géant du streaming Netflix, imaginée comme un carton à sa production avait été un flop critique à sa mise en ligne en 2016.
Et ce, malgré un casting de choix, avec Gérard Depardieu et Benoit Magimel en duo de tête dans ce qui se voulait être LE drame politique français par excellence. Un drame politique avec en toile de fond la ville phocéenne que nous connaissons tous et qui donnera son titre à la série. Marseille, ville de tous les fantasmes de pouvoir.
Retour inattendu
Un drame politique porté par un duo de choc qui devait fasciner autant que fédérer les spectateurs devant leurs écrans. Mais le résultat ne fut pas à la hauteur, et les spectateur moins au rendez-vous. Entre une intrigue facile et balisée, des ressorts dramatiques ridicules ou peu crédibles, la série aura écumé railleries et autres critiques négatives pour sa saison 1, au point que la production de la saison 2 prenne plus de temps qu’imaginée.
Bien que personne n’aurait pu anticiper la reconduction de la série vu sa piètre qualité, qui a même été moquée en jeux multiples et autres vannes sur internet, elle est bien de retour depuis ce vendredi 23 Février sur les écrans de Netflix.
Marseille : La suite
En saison 2, on reprend tout de suite après les éléments mis en place dans la douleur en saison 1 de Marseille. Des éléments qui ont mené Barres à succéder Taro à la Mairie, alors que ce dernier se remet difficilement d’une crise cardiaque. Quand la révélation du lien familial entre les deux protagonistes éclate, le père et le fils s’affrontent, ce dernier pactisant avec le parti nationaliste pour se venger.
Ce qui ne fonctionnait pas dans la série en saison 1, était sa multitude de clichés sur la ville de Marseille, que la série était sensée célébrer. Une saison remplie d’intrigues faussement compliquées, de tensions et autres manigances politiques, de joutes verbales et autres invectives en conseils municipaux, pour une course au pouvoir qui se résume à la prise de la Mairie de Marseille.
House of Laughs
Un peu comme Kevin Spacey en saison 1 de House of Cards, l’idée avec Marseille état de plonger dans l’ascension d’un politicien parti de rien, prêt à toutes les manigances pour accéder au pouvoir. Tel était le rôle de Lucas Barres campé par Benoit Magimel. Un Benoit Magimel peu convaincant dans ce rôle déjà fort stéréotypé, avec un accent du sud tiré au couteau.
En saison 2, Barres change, tente d’être interprété de manière plus crédible – et sans accent – avec une écriture un peu moins brouillonne et plus recherchée. Cependant, ce n’est pas encore ça, puisque très vite, au fil des épisodes, le personnage redevient cliché au possible, et presque quasi inintéressant, surtout face à un mastodonte, tel que Depardieu.
Monstre sacré
Quant à Depardieu, monstre sacré du cinéma français passé à la série, l’acteur, d’entrée de jeu de cette saison 2, prend de la place. Beaucoup de place. A l’image de son personnage de vieux Maire de la ville, il prend tellement de place dans la série, tel un Empereur non seulement de la ville, mais de la troupe. C’est lui qui règle tout, et qui paternalise tout le monde, qui est célébré par la ville, et ceux qui l’habitent. Une ville réduite à beaucoup de stéréotypes et clichés dignes d’une fiction TF1 à bas prix (d’ailleurs la série est aussi diffusée sur cette chaîne, cela dit en passant, quelques mois après sa mise à disposition sur Netflix).
Foot, Pouvoir, Racisme et Djihadiste
Pour résumer ces 8 épisodes de saison 2 de Marseille, le Cerveau va faire simple : Foot, djihadiste radicalisé en prison, foot, petites racailles qui font des trafics en mode caïds, foot, exécution de mafieux dans les docks, foot, ou ailleurs, foot, des journalistes qui s’intéressent beaucoup, mais alors beaucoup trop à des élections municipales et leurs rebondissements, comme si c’était des présidentielles … (sérieux, CNews, BFMTV, ITV TF1 etc en boucle sur la mairie… faut y croire) et… Foot.
Si la saison 2 de Marseille est moins pénible que la première, et suit un rythme plus ou moins logique et linéaire, avec des développements de personnages cohérents (pas nécessairement complètement crédibles, ou loin des clichés mais qui tiennent la route), elle reste encore et toujours stéréotypée en saison 2. Même quand elle tente de traiter de sujets de société actuels, comme la montée du Front National ou la crise des migrants, elle est aussi stéréotypale qu’une certaine série de tous les records en France : Plus belle la Vie.
Série écrasée par ses aspirations
Quand la première prétend et aspire à rivaliser avec des mastodontes politico-sériels américains, sans y arriver, la seconde s’assume et propose des intrigues à hauteurs de ses aspirations. Là est toutes l’erreur de Marseille : vouloir s’inspirer des américains, au lieu de produire une série résolument française, tant dans son écriture que sa production, comme le fait bien Baron Noir.
Et c’est bien dommage, car la réalisation de la série est ce qu’il y a de plus haut de gamme, malgré un jeu d’acteurs secondaires parfois peu crédible. La ville de Marseille et ses décors pittoresques amènent au voyage au cœur de l’une des villes les plus emblématique de France, avec des prises de vues de la ville en drones et en time-lapse d’une beauté époustouflante. La ville est clairement sublimée, que ce soit en plongée ou contre-plongée dans des décors au cœur des plus vieux monuments du patrimoine historique de Marseille.
Pourrait mieux faire
Les deux derniers épisodes de la saison 2 de Marseille résolvent les intrigues de la saison avec cohérence, tout en tentant de placer quelques nouveaux enjeux et autre cliffhanger en fin de saison, malgré un sacré happy-ending pour tous, sait-on jamais, la série serait reconduite.
Une série qui avait un potentiel bien plus grand que celui qu’elle nous propose encore en saison 2, loin du désastre mais toujours peu convaincante. Marseille aurait mérité bien mieux, pour une ville et ses habitants, qui sont bien plus que ces clichés.
Crédit photos ©Netflix
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