Critique de la saison 2 de la série Les hommes de l’ombre. Attention Spoilers
Après de nombreux remous de production, et le départ inattendu de Nathalie Baye qui a forcé l’équipe à réécrire le scénario, Les hommes de l’ombre sont de retour pour une nouvelle saison. Celle-ci se déroule un an après la première saison et la défaite d’Anne Visage face à Alain Marjorie qui est le nouveau Président de la République. Ces six nouveaux épisodes réussissent à mettre en place une intrigue à plusieurs niveaux toujours aussi bien constituée.
Reprise de l’actualité
Thématiquement, elle reprend des éléments de la vie politique française actuelle, que ce soit les difficultés politiques de la présidence et du gouvernement socialiste ou la prise d’otage dans une usine gazière en Algérie, sans compter la transposition des révélations de Mediapart dans un site d’information appelé ici Mediamag. On découvre cette fois une nouvelle perspective sur le travail des spin-doctors français, qui désormais n’ont pas à gérer de campagne politique mais plusieurs crises politiques consécutives. Une manière d’accentuer le fait qu’en politique, il n’y a ni noir ni blanc, mais seulement du gris et que certains compromis sont parfois nécessaires, même avec le diable, surtout en temps de crise.
Le plein de crises
En six nouveaux épisodes, Les hommes de l’ombre ont montré la gestion de plusieurs crises politiques : un ministre de l’intérieur qui a, en tant que député, détourné de l’argent public ; une prise d’otages ; un intermédiaire louche au coeur d’enquêtes d’un journal en ligne ; un accident de la route mortel provoqué par la Première Dame et donc étouffé par le pouvoir.
Derrière la façade, des hommes
Avec une musique toujours aussi bien composée par Christophe La Pinta, la mini-série continue à convaincre avec son réalisme qui en fait une sorte de House of Cards à la française. On ne tiendra pas gré à Bruno Wolkovich pour ses propos sur les séries pour juger de son très bon travail dans la peau de Simon Kapita, homme sensible pris au piège dans un univers de loups. Il a du mal à gérer sa vie personnelle, qui se mêle à sa vie professionnelle, étant donné que son ex-femme est la journaliste principale de Mediamag.
Les hommes de l’ombre réussit à montrer toutes les compromissions propres à la gestion politique d’un pays, sans pour autant présenter les acteurs de celle-ci comme des hommes menés par leur intérêt : on voit les hommes et les femmes qui existent sous les carapaces publiques. Ceux-ci sont fragiles et si rien n’excuse certaines de leurs actions, celles-ci sont présentées non comme une volonté de faire du mal, mais pour ce qu’elles sont : le signe de faiblesses humaines. La réaction de Philippe Deleuvre, lorsqu”il apprend la vérité sur l’accident maquillé par l’ancien ministre de l’intérieur, en est le signe : étant donné que lui-même cache son homosexualité, il sait que tous les hommes publics, quels qu’ils soient, sont tout autant victimes de leurs faiblesses, à l’instar de tous les hommes, et refuse d’utiliser cette révélation contre la Présidence.
Maintenant que la série a confirmé l’envol initié par sa première saison, on attend de voir ce que la troisième saison, déjà annoncée et qui devrait être la dernière, donnera avec peut-être une fin de règne pour la présidence d’Alain Marjorie.
Crédits photo ©France Televisions
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