Cursed – La rebelle : Une série de fantasy pour les noobs (critique)

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1.5

Ce vendredi, Cursed : La rebelle a débarqué sur les écrans de Netflix. Quid de la dernière série de fantasy originale signée Netflix ? La réponse en critique du Cerveau.

La fantasy a décidément le vent en poupe chez Netflix. Voici arrivée ce vendredi Cursed : La rebelle une nouvelle série de fantasy signée Frank Miller (300, Sin City) et Tom Wheeler, adaptation de  leur roman graphique éponyme.

Une série qui revisite librement (et largement) la légende arthurienne telle que nous la connaissons. Loin de l’inconscient collectif concernant les pouvoirs d’Arthur, Excalibur et ses chevaliers, Cursed : La rebelle réinvente l’histoire du roi breton sous un axe plus féminin et féerique. Une relecture féminine, nourrie par des créatures fantastiques, loin du Graal et des chevaliers légendaires du Roi.

Roundtable Revisited

Cursed : La rebelle, c’est l’histoire de Nimue, une jeune femme au don mystérieux destinée à devenir la Dame du Lac, un personnage puissant. Après la mort de sa mère, elle trouve un partenaire inattendu en Arthur, un humble mercenaire, dans une quête pour trouver Merlin et lui remettre une ancienne épée. Au cours de son aventure, Nimue deviendra un symbole de courage et de rébellion contre les Paladins rouges et leur complice, le roi Uther.

Avec une première saison de 10 épisodes, on oublie tout de suite toutes les idées préconçues concernant Arthur et sa célèbre table ronde héritées de la culture populaire ou historique. Les amoureux du mythe pourraient facilement crier à l’hérésie, mais qu’on se rassure l’univers de Cursed est un tout autre univers, où Morgane, La Dame du Lac, Lancelot, Perceval et les autres sont très loin de Camelot et du Graal. Une autre histoire que l’on doit absolument aborder dans ce sens.

Nimue (connue dans la légende comme la Fée Viviane ou Dame du Lac) est ici un être de chair et de sang au centre de l’intrigue, loin de la destinée de guide qui lui est réservée dans l’histoire que nous connaissons tous. Elle est l’héroïne de l’histoire, celle qui est promise à une grande destinée. Arthur, lui, n’est qu’un sidekick.

Pour les ados avant tout

Voulu comme une épopée initiatique féministe et bad-ass, la réinvention de Frank Miller et Tom Wheeler n’est pas désagréable. Tout du moins quand il s’agit du roman. Car quand on parle de cette adaptation en série, il en est autrement. Calibrée comme une série pour jeunes adultes, dans un monde de fantasy bien évidemment, Cursed : La rebelle est plus proche des Chroniques de Shannara que d’une Game of Thrones ou du monde du Seigneur des Anneaux.

Comme une initiation à la fantasy gore, Cursed : La rebelle est bien plus axée sur le voyage initiatique d’une jeune femme, dont le destin va être bouleversé par le massacre de son peuple et une destinée mystique, qu’une aventure fantastique.

La série a certainement pour vocation d’offrir une part belle aux femmes, souvent moins valeureuses ou guerrières et beaucoup plus passives dans certains mondes de fantasy. Surtout quand il s’agit le mythe du Roi Arthur. Malheureusement, cette première saison ne convainc pas au visionnage, même si au bout de 5 épisodes laborieux, on se laisse prendre au jeu de cette intrigue particulière, avec l’espoir que cela s’améliore avant la fin.

Why so serious ?

Le premier défaut de Cursed : La rebelle est de se prendre beaucoup trop au sérieux dès son début, avec une narration dense tout en étant en même dans l’aspiration de légèreté, avec ces héros tout juste sortis de l’adolescence.

Si la série se veut comme un vrai voyage épique dans un monde visuellement fascinant, Cursed peine à convaincre par le manque de profondeur dans l’écriture de ses personnages, qu’ils soient secondaires ou principaux. Même Katherine Langford, pourtant très bonne dans 13 Reasons Why, peine à être crédible parfois dans son rôle d’enchanteresse bad-ass, porteuse d’une épée mystique et de pouvoirs féeriques.

Arthur, loin de l’héritier bâtard voué à un destin de monarque, est ici un jeune homme fourbe et voleur, amoureux transi face à Nimue avant de « retrouver » son honneur. Quant aux antagonistes, les paladins rouges, inspiré de notre Histoire, incarnant le christianisme de l’obscurantisme et le début des croisades contre les païens, dans Cursed : La rebelle, ces derniers ne proposent pas assez de profondeur pour intriguer le spectateur,  si ce n’est le simple rôle d’ennemis à abattre car dangereux fanatiques sans nuances.

Le faux mage

L’autre point faible est Merlin. Si les showrunners et auteurs de Cursed : La rebelle ont souhaité faire de Merlin un être ambivalent, dans la série ce dernier est, si ce n’est stéréotypé, peu convaincant. Même si Gustaf Skarsgård – le célèbre Loki de Viking – fait ce qu’il peut pour offrir un peu de dimension au personnage, ce dernier agace plus qu’il n’implique le spectateurs dans ses états, avec une écriture déséquilibrée, voire grotesque par moment.

La seule grande qualité de la série réside dans sa production. Pour le coup Cursed : La rebelle n’a pas lésiné sur les décors, props et costumes dans la série. Si parfois les village font un peu « fake », les décors en milieux naturels sont à couper le souffle, les effets spéciaux gores sont assez impressionnants, ainsi que certains jeux de caméra  lors de scènes de combats un peu plus importantes que d’autres (en plan séquence ou dans la gestion de la couleur de certains plans). Avec Frank Miller en co-showrunner, on pouvait se douter qu’au moins dans sa réalisation, la série serait réussie.

Adaptation manquée

On aurait aimé que Cursed : La rebelle soit aussi immersive et captivante que son roman graphique, car il faut l’avouer, la réinvention de Frank Miller et Tom Wheeler est un régal de lecture, surtout lorsque l’on est féru de fantasy. Une adaptation d’une œuvre qui réinterprète la légende arthurienne avec de nouveaux codes et sous un angle plus féministe en série, même pour jeune adulte, à l’image d’une Reign, aurait pu être moins fade ou triste que cette version de Cursed : La rebelle, avec moins de sens et d’émotion.

La production de Netflix manque cruellement de corps pour générer de l’émotion. Cela étant, elle pourrait être une initiation pour ceux qui sont frileux vis à vis du genre, les newbies qui souhaitent s’acclimater doucement à la fantasy, avant d’attaquer les classiques et autres légendes, qu’elles soient populaires comme celle du Roi Athur, ou plus de niche.

Crédit photos ©Netflix

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