Critique de la mini-série Anatomie d’un Scandale qui plonge au cœur d’un procès centré sur le pouvoir et les agressions sexuels au parlement britannique.
Après Big Little Lies et The Undoing, David E. Kelley continue ses adaptations de livres avec en leur cœur un scandale qui va secouer les vies bourgeoises des riches et puissants, Kelley propose cette fois-ci Anatomie d’un Scandale, une mini-série à voir sur Netflix co-créée par Melissa James Gibson et adaptée du roman de Sarah Vaughn, paru en 2018.
Anatomie d’un Scandale suit Kate Woodcroft (Michelle Dockery), avocate de haut vol, qui s’apprête à prendre sa prochaine affaire. Pendant ce temps, Sophie Whitehouse (Sienna Miller) assiste à la fête d’anniversaire du mari d’une amie, se demandant où se trouve son mari James (Rupert Friend), Ministre de l’Intérieur et député proche du Premier Ministre.
Ce qu’elle ne réalise pas, c’est que sa vie est sur le point de partir en éclat alors qu’un scandale est sur le point d’éclater. On entre alors dans un tourbillon de scandale médiatique pour le couple.
De liaison extraconjugale à viol
Des articles sont sur le point de sortir dans la presse selon lesquels James a eu une liaison de plusieurs mois avec une subordonnée nommée Olivia Lytton (Naomi Scott). Une liaison qu’il n’a rompue que quelques semaines auparavant. Quand il dit à Sophie qu’il a « merdé » et que ça ne veut rien dire, Sophie essaie de garder son sang-froid, mais quand le spin doctor résident du Premier Ministre (un personnage assez insupportable et limite cartoonesque) vient conseiller James sur ce qu’il faut dire à la presse, elle en devient physiquement malade.
James fait de son mieux pour gérer le scandale, tant auprès de la presse, du public que de Sophie. Sophie est bouleversée à juste titre, mais elle sait que le quitter n’est pas dans le meilleur intérêt de sa famille. Mais sa détermination est ébranlée lorsqu’elle se rend à Westminster pour déjeuner avec James au milieu de ses collègues députés. Quelques-uns des vieux crétins pensent que l’infidélité de James peut lui être utile, mais pas Sophie. Elle s’énerve dans l’ascenseur, sachant que c’est l’un des endroits où James et Olivia ont eu des relations sexuelles.
James propose de quitter la politique parce qu’il est dévoué à Sophie et à leur famille, ce qui semble adoucir un peu la position de Sophie. Mais lorsque nous passons à Kate en train de regarder son nouveau cas très médiatisé, il semble que le scandale est sur le point de devenir beaucoup plus profond. Le scandale de liaison extraconjugale se transforme en accusation de viol.
Série intéressante…
On ne va se mentir, Anatomie d’un Scandale rappelle grandement A Very British Scandal ou encore The Undoing, autre production de David E. Kelley. Il y a sa patte partout sur la série. Cependant, cela n’empêche pas d’apprécier la série à un certain niveau, qui montre comment les puissants arrivent à faire des courbettes et comment ils réussissent à duper leur monde avec leurs mensonges et leurs excuses peu sincères. James est un pro de la manipulation et du mensonge.
Mais il est tout de même dommage qu’on ne passe pas beaucoup de temps avec Olivia. Elle est très peu présente en dehors des flashbacks et son témoignage devant la cour. C’est peut-être un moyen pour laisser planer le doute sur les accusations, mais il aurait tout de même été intéressant de passer du temps de son côté pour se faire une meilleure idée de son personnage.
On ne voit pas non plus les répercussions sur sa vie parce que la série est plus intéressée à voir les répercussions sur la vie de Sophie. Sans complètement spoiler, il y a aussi un twist (un peu tiré par les cheveux ?) qui remet beaucoup de choses en question dans cette affaire et qui donne des informations sur un personnage central.
… mais parfois maladroite
Anatomie d’un Scandale n’est pas la série du siècle, sa réalisation donne parfois un peu la nausée avec ses effets de caméras surfaits sensés être métaphoriques. Et par moment, les dialogues sont ridicules, cependant, les sujets abordés sont intéressants. Des politiciens qui se pensent aux dessus des lois, un privilège des élites exposé ou encore cet esprit de « boys will be boys » qui semble pardonner tout et n’importe quoi aux hommes blancs et riches. Mais encore une fois, en dehors de son sensationnalisme, Anatomie d’un Scandale souligne assez bien l’importance et le sens du consentement dans des cas comme celui-ci.
Il y a le fait de blâmer la victime, de minimiser son expérience et de l’humilier avec des questions hors propos. La série montre comment la victime elle-même qui est jugée, alors qu’Olivia est interrogée sur son comportement afin de déterminer si elle a semblé donner son consentement. Anatomie d’un Scandale est ainsi une série sur le consentement et comment la ligne est très fine, surtout quand il s’agit de personnes qui ont eu une relation au préalable consentie. On est loin de l’excellente série I May Destroy You en termes d’impact parce qu’Anatomie d’un Scandale est plus sous le prisme de l’accusé que de la victime, mais c’est intéressant de voir le comportement de l’accusé, surtout quand c’est une personne de pouvoir.
Pour finir, les acteurs sont bons. Michelle Dockery – connue pour son rôle dans Downton Abbey – offre ici une performance crédible, quant à Ruppert Friend et Sienna Miller, ils jouent ce couple qui implose avec conviction. Mais par moment, la série utilise des ressorts scénaristiques un peu tirés par les cheveux et peu plausibles qui ne sont jamais expliquer.
Composée de 6 épisodes, Anatomie d’un Scandale est disponible sur Netflix.
Crédit ©Netflix
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