Game of Thrones saison 8 : Tout ça…. pour ça… (critique)

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Le Cerveau vous propose son décryptage critique du premier épisode de l’ultime saison de Game of Thrones. Attention Spoiler à l’horizon westerosi !

Ça y est ! Le moment tant attendu est arrivé ! Game of Thrones a fait son grand retour cette nuit après un raz de marée tonitruant d’articles et de teasers pour mieux aider l’attente avant la diffusion de ce premier épisode lançant l’épilogue d’une série les plus cultes et populaires de notre temps.

Loin de la Hype

Une entrée en matière mitigée et laborieuse, un peu en dessous de la hype qui a été lancée ces derniers mois. Une hype beaucoup trop exacerbée pour un épisode qui laissera sur sa faim la majorité des spectateurs, Cerveau compris. Une hype démesurée face à la réalité de ce qui a été diffusé cette nuit.

Bien évidemment tout ce que contiendra cette critique sera spoiler, car une critique sans spoiler, c’est un peu comme un épisode de Game of Thrones sans dragon ou Daenerys sans tresses interminables en guise de coiffe.

Transition calme sous les flocons de Winterfell

Il aura fallu un an et demi pour enfin découvrir la suite, après une chute de Mur en grande pompe et un cliffhanger de fin de saison 7 haletant. Même si l’on savait que ce premier épisode serait assurément un moment de transition pour permettre aux personnages de se retrouver et faire une liaison avec les dernières séquences de la saison 7, force est de constater que l’effort reste assez superficiel concernant l’avancée de l’intrigue de la grande saga qu’est Game of Thrones.

Certains fervents spectateurs de la série pourraient dire qu’il faut bien que les choses se mettent en place avant les enjeux que nous connaissons tous : à savoir le combat contre l’Armée du Roi de la Nuit. Une bataille vendue comme épique et inédite en télévision, qu’il nous tarde tous de découvrir. Mais cet épisode de Game of Thrones, le plus court et sûrement le moins intéressant pour les scénaristes de cette saison 8, vu son contenu, peine à convaincre ou à engager le spectateur dans la suite.

Expositions successives

Pourtant cet épisode ne se ménage pas dans sa structure ou exécution pour mener vers cette bataille. Si la saison 7 de Game of Thrones était marquée par la découverte de l’ellipse par les scénaristes, ici, on ne s’embarrasse plus. On pose les séquences les unes après les autres, ce qui peut être très déstabilisant pour un spectateur aguerri, habitué en 6 saisons à des connecteurs logiques dans les dialogues permettant ainsi de faire la liaison entre chaque scène et personnages. Ici, chaque séquence s’enchaîne sans réelle cohérence avec la précédente, comme un zapping de lieu en lieu, ou un récap sans narrateur.

Tout est posé à la suite, comme un feuilleton de séquences sans s’embarrasser de rendre les retrouvailles et autres scènes importantes cohérentes dans la structure globale de cette entrée en matière pour Game of Thrones saison 8. Un épisode qui avait d’ailleurs fuité il y a quelques, semaines, dans des détails extrêmement explicites que l’on retrouve presque mot pour mot, notamment dans les dialogues.

Game of Harlequin

Des dialogues d’ailleurs loin de ce que la série nous a fait connaître, et permis ainsi de fédérer les spectateurs les plus demandeurs et ardus en termes de qualité scénaristique. Parfois dignes d’un roman Harlequin, ou drôles (on pense aux scènes de flirt entre Daenerys et Jon Snow, presque sorties d’une télénovela de fantasy espagnole ou d’une parodie « il fait trop froid ici pour une fille du Sud/ A vous de réchauffer votre Reine » #TrueStory – ou aux retrouvailles de Bran et Jon «  Tu es un homme maintenant »). Les répliques n’apportent aucune substance aux états de nos personnages, ce qui peut déstabiliser quand on connaît la verve de certains.

Gaffe en VFX

Mais les dialogues ne sont pas le plus à plaindre dans cette entrée en matière, pour une ultime saison vendue comme épique et étonnante de la part des acteurs et créateurs de la série. Ici, malgré un budget faramineux – avec en moyenne 15 millions de dollars par épisode – force est de constater que de vastes économies ont été faites dans ce premier de la saison 8 de Game of Thrones, notamment côté effets spéciaux.

 

Car oui, la séquence la plus bizarre, si ce n’est ridicule ou comique, est celle de l’initiation au vol de Jon sur le dos de Rhaegal, où la production ne s’embarrasse pas de faire un étalonnage ou une balance des blancs correcte, qui pourrait rendre ce voyage dans les airs plus crédible. Lumière au mauvais endroit sur Daenerys et Jon, flou arrière criard face aux dragons d’un réalisme déconcertant… incrustation en fond vert plus que flagrante… Cette séquence est aussi pénible qu’un épisode de Xéna la Guerrière avec ses effets spéciaux des années 90, modernes pour son époque.

Rythme effréné, ellipse exacerbée et fan-service

Si l’épisode n’est pas exempt de défauts, servi par un rythme qui défile à une allure aussi rapide qu’un Jon Snow faisant un voyage du Mur à Port Réal dans le même épisode en saison 7, il a le mérite de faire l’exposition des états et retrouvailles de chacun – souvent très « fan service » mais toujours touchantes – De Winterfell à Port-Réal.

On apprécie la scène de retrouvailles entre Arya et Jon, mais aussi celle de Sansa et Tyrion par exemple, la plus belle concluant l’épisode : celle de Jaime face à Bran, dans un échange de regard entre gêne et rédemption qui pourrait presque – le Cerveau dit presque – excuser les erreurs narratives et structurelles de ce premier épisode assez décevant.

Pilou talk on the bed

Côté Cerseï, rien de bien fameux, les prophéties des spoilers – que le Cerveau prenait à la légère – étaient bien vraies (Le Cerveau ne va pas s’embarrasser de décrire ces scènes, elles sont à lire ici). La Reine Noire est bien seule et perdue, il est clair que même si elle envisage de préparer la mort de ses deux frères qui l’ont trahie, ses regards indiquent bien qu’elle est déboussolée par son pouvoir qui s’amenuise, malgré l’arrivée de Capitaine Strickland et la compagnie dorée.

Elle succombera donc au charme (si on peut appeler ça un charme) de Euron, dont on ne verra l’étreinte, sans comprendre vraiment si cela aura un intérêt pour la suite, tant, une fois de plus les dialogues sont superficiels et sans saveur.

Sauvetage express et découverte macabre

On note aussi un sauvetage de Yara par Theon qui se fait en 45 secondes montre en main à l’écran. De quoi ne pas aider ce sentiment de volonté expéditive pour certains personnages histoire de faire avancer l’intrigue, même si elle doit se faire au détriment de la logique.

La seule séquence qui pourrait avoir un semblant d’intérêt au-delà du cliffhanger de fin entre Bran et Jaime, est celle du retour de Tormund et Beric Dandarion dans le domaine de Ned Umber (dont on n’aura jamais les détails de leur sauvetage, fallait s’y attendre #vivelellipse ).

Un retour marqué par une découverte macabre laissé par le Roi de la Nuit après son passage sur un mur, faisant échos aux membres disposés dans la neige dans le premier épisode de la série il y a 8 ans : une spirale avec en son centre l’enfant Lord mort, présage des intérêts mystiques du Roi de la Nuit dans sa quête au-delà du Mur, qui restent encore inconnus aujourd’hui.

Laborieux et déstabilisant

Il est bizarre pour le Cerveau d’être aussi déçu, si ce n’est négatif sur l’une des séries les plus qualitatives et emblématiques du paysage télévisuel américain de cette décennie. Celle qui nous avait habitué à des dialogues complexes, profonds et construits, à des twists et autres surprises lors des multiples visionnages, ainsi qu’une véritable réflexion, semble s’être perdue dans la facilité des évènements attendus.

Mêmes si certaines saisons ont eu une entrée en matière compliquée, lente ou calme, nulle n’a été lancée de manière aussi brouillonne que cette saison 8. Un brouillon qui pourrait donner du grain à moudre à ceux qui dénoncent le manque de qualité depuis que la série n’a plus le matériel littéraire à sa disposition, avec les romans de l’auteur qui l’a inspiré : George R.R. Martin.

Mais le Cerveau relativise quand même, ce n’est qu’une entrée en matière pour l’épisode le plus court de cette ultime saison 8 de Game of Thrones. Un épisode un peu plat et sans saveur, peut être pour anesthésier le spectateur, avant de lui envoyer un bon coup de fouet en adrénaline. Pour le savoir, réponse la semaine prochaine.

crédit photos : ©HBO

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