Pourquoi les séries comiques jouent-elles si souvent sur le cliché de la femme alcoolo?
En faisant attention, on remarque que dans les séries actuelles de télé, les blagues d’alcool sont récurrentes. Et elles tombent presque tout le temps sur les femmes. Jules dans Cougar Town. Penny dans The Big Bang Theory. Bree dans Desperate Housewives. Il semblerait que, dans la société américaine, les problèmes d’alcool soient réservés aux femmes. Le Cerveau revient sur cet étrange phénomène des séries télé et essaye d’en décrypter les causes.
L’alcool : une bonne blague
L’alcool est une source riche de comique dans la pop culture moderne. Que ce soit l’excuse de folies et d’événements un peu tarés (comme les soirées des Very Bad Trip), l’occasion de rencontres et d’amour (comme dans Blackout Total), ou bien de blagues récurrentes dans les séries (la série It’s Always Sunny in Philadelphia ne connaît peut-être pas un seul épisode, sur ces 9 saisons, sans qu’on voit un personnage une bière à la main). L’alcool, le grand déshinibiteur, est entré dans la culture télé actuelle non pas en tant que fléau, mais en tant que rite de passage ou bien rituel de jeunes qui ont envie de s’amuser. Si on associe aujourd’hui le fun à l’alcool, il est alors très facile pour les scénaristes de taper dans ce terreau pour y trouver plein de blagues.
Pour lui, non merci
Pourtant, si le tabou associé avant aux effets négatifs de l’alcool a été en partie levé (on ne trouve de personnages aussi déprimant et poignant que Ellen Sue, la grande alcoolique dépressive de Dallas), il reste encore présent pour les hommes. Non une règle absolue mais plutôt un phénomène récurrent, les scénaristes de comédies contemporaines tapent moins sur les hommes que sur les femmes pour les blagues d’alcool. Bien sûr, on connait Mon Oncle Charlie et ses petites tendances au grisage. Mais que ce soit la mère de Tara dans True Blood, Debra dans Dexter, Shirley dans Community ou bien Bree dans Desperate Housewives, force est de remarquer que l’alcoolisme est plus facilement attribué aux femmes, comme une sorte de “faiblesse naturelle” pour calmer leur nerfs.
L’image de l’homme qui boit est plutôt l’image d’un homme solitaire, devant réfléchir à ses problèmes ou da face à une grosse décision. Dans les années 1960 et 1970, l’homme au verre de whisky à la main est le business man au col blanc qui a de lourdes décisions à prendre. Du coup, moins facile de se marrer bien là-dessus.
Libération féminine …
A l’opposé, la société moderne a connu une véritable libération vis à vis du tabou de l’alcool et des femmes. Avant associées à l’alcoolisme et à la dépression, les femmes peuvent, depuis les années 1990, boire pour s’amuser. On peut remercier Carrie Bradshaw et ses Cosmopolitan, qui ont permis de revisiter les scènes de bourrages de gueule. En effet, en présentant une jeune New Yorkaise ambitieuse et forte qui boit le soir, non toute seule au fond du lit, mais dans des bars branchés avec ses copines, l’héroine de Sex and The City a révolutionné le tabou des femmes face à l’alcool. Aujourd’hui, c’est la “working woman” stressée qui a besoin d’un verre en fin de journée (comme la héroine de The Good Wife). On trouve Penny, dans The Big Bang Theory, qui ne pourrait pas supporter les blagues perverses de Wallowitz ni les conversations geek de Leonard sans un petit coup dans le nez. On est passé d’une norme négative à une positive. Penny est celle qui peut tenir son alcool. Jules est la fille la plus marrante de la série (Cougar Town) qui parle à son verre de vin comme à son chéri. On trouve ça drôle et finalement, tout à fait normal.
… à double tranchant?
Si on regarde le personnage de Penny, on remarque que son évolution, au travers des saisons, est plutôt inquiétante. Ne réussissant toujours pas à lancer sa carrière d’actrice et quittant définitivement ses autres amis pour reposer presque entièrement sur sa relation avec Leonard, Penny est la preuve que le comique peut tourner au pathétique. D’ailleurs, le fait d’associer presque automatiquement l’abus d’alcool à un personnage féminin avance l’idée que les femmes, seules, se bourrent la gueule au lieu de se prendre en main. Remarquons Debra, dans Dexter, qui, pour oublier qu’elle a tué, se met à boire. Claire Dunphy dans Modern Family, pour supporter sa mère, picole toujours un peu quand elle passe à la maison. Ainsi, ces blagues systématiques, et bien qu’exagérées car tapant dans les stéréotypes, représentent pourtant un certain état d’esprit de la société actuelle. Ce sont les femmes qui boivent, les femmes qui sont trop émotionnelles et les femmes qui ont du mal à se contrôler. De quoi espérer que plus de séries comme It’s Always Sunny in Philadelphia ou Raising Hope se répandent, où s’il y a un problème d’alcool, c’est tout le monde qui est touché également !
Note du Cerveau : L’abus d’alcool est dangereux pour la santé. A consommer avec modération.
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