Critique d’une excellente saison 4 de The Americans, toute en introspective et existentialisme. Attention Spoilers.
La saison 4 de The Americans vient de se terminer outre-Atlantique sur un cliffhanger presque insoutenable. Après l’arrestation de Williams, Gabrielle suggère fortement à Philip et Elizabeth de faire leur bagage, prendre leurs enfants, et rentrer en URSS, puisque leur couverture, et donc leur vie, est en danger. La décision reste la leur, et la série ne nous la délivrera pas en ce season finale.
Et il est très difficile de la deviner en tant que spectateur. La saison 4 de The Americans a très bien mis en avant les doutes de nos agents du KGB préférés. Philip est plus que jamais en crise d’identité et existentialiste, allant jusqu’à suivre un séminaire sur la recherche de soi où, dans une scène très puissante du final, il se rend compte que finalement, il n’est pas si important que ça, et avoue qu’il déteste son travail. Elizabeth, jusqu’alors la plus engagée et certaine de leur combat, commence à remettre en question le bien-fondé de certaines missions, et les méthodes.
Les Jennings s’éloignent de plus en plus des idéaux du KGB, et se montrent un peu rebelles, cachant certaines informations au central, ou faisant tout pour éviter ce qui aurait dû être des actions nécessaires, comme avec le Paster Tim et son épouse. Ils n’auraient pas hésité à l’exécuter dans le passé. Et aujourd’hui, il est toujours en vie. Mais surtout, ils font passer leur famille, en particulier leur fille Paige, avant les intérêts de la Mère-Patrie. Ils embrassent de plus en plus le modèle américain individualiste contre le modèle soviétique qui mettrait l’intérêt général au-dessus de tout et tous.
La Chute des espions
C’est une évolution très logique et cohérente des personnages, et montre combien The Americans est bien écrite et bien pensée, et ce depuis le début. Les changements de priorités des héros se sont faits petit à petit depuis la première saison, de missions ratées, en sacrifice difficile, d’amours et amitiés perdues en réussites amères. L’Histoire ne peut être changée, on savait depuis le début que la mission des espions de faire tomber les USA était vouée à l’échec.
Mais The Americans nous montre le comment et pourquoi les russes ont raté. Ce n’est pas qu’ils sont incompétents, loin de là. Ce n’est pas la faute à pas de chances ou en raison du gouvernement Américain juste un peu plus fort en espionnage Non, c’est l’oubli de la part des pontes du KGB que leurs agents sont humains, avec des sentiments et leur point de rupture. Et que la raison d’Etat n’est pas toujours suffisante pour combattre les raisons du coeur. Et c’est comme ça que l’Union Soviétique perdra la guerre froide, en oubliant que leurs agents, eux, ne le sont pas.
Une écriture brillante
Cette histoire fascinante est servie par des acteurs irréprochables, que ce soit Kerry Russell et Matthew Rhys, les stars de la série, mais aussi Noah Emmerich, la jeune Holly Taylor qui brille cette saison, ou les acteurs secondaires comme Frank Langella. Tous servent des personnages, dialogues et surtout un scénario brillamment écrits.
Les choix scénaristiques ne sont jamais anodins. Rien, dans The Americans, ou presque n’est laissé au hasard. Et surtout, la série ne se laisse jamais tenter à proposer des scènes et retournement de situations chocs, présentent uniquement pour faire parler le public.
Et ceci n’empêche nullement la tension, le suspens et les surprises à couper le souffre. Cela ne rend pas la série ennuyeuse ou aseptisée, bien au contraire.
La violence, les scènes de sexe et les différents morts sont toujours justifiées que ce soit par l’intrigue elle-même, ou pour représenter l’état émotionnel et mental d’un ou plusieurs personnages.
L’un des meilleurs exemples cette saison, surtout comparé aux autres séries, est la mort de Nina. Elle a certes fait parler beaucoup de fans, en cette période où la faucheuse s’éclatent sur les personnages de séries. Mais cette mort est surtout le domino qui fera chuter le reste. C’est cette exécution qui ébranle la foi d’Oleg en leur mission, et le pousse à dire à Stan qu’il y a un espion dans les centres de recherches biologiques. Ce qui mènera à l’arrestation de William, et la mise en danger de la couverture d’Elizabeth et Philip, et cette décision qui doivent prendre : rester ou partir.
The Americans a été renouvelée par FX pour deux dernières saisons. Ce n’est pas à cause des audiences, malheureusement trop confidentielles. C’est le showrunner de la série qui en a décidé ainsi, preuve qu’il sait exactement quelle histoire il veut raconter, et sait où il va.
The Americans prouve encore une fois, avec cette saison 4, qu’elle est l’une des meilleures séries des années 2010.
La série est à suivre sur MyCanal et Canal+Séries.
Crédits Images : ©FX
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