Critique de Narcos, nouvelle série Netflix qui retrace l’histoire de Pablo Escobar et des cartels colombiens. Spoilers.
Vendredi 28 août dernier, Netflix dévoilait sa nouvelle série Narcos. La série suit l’ascension de Pablo Escobar, le narcotrafiquant colombien le plus célèbre et le plus terrible de l’histoire. Ce n’est pas la première fois qu’Escobar inspire. Plusieurs films lui ont déjà été consacrés. Rien que l’an dernier, Benicio Del Toro incarnait le trafiquant de drogue dans Paradise Lost. Cette année, Netflix se penche sur ce personnage terrifiant et fascinant de manière plus appuyée. Sans être excellente, la série se tient plutôt.
L’histoire est contée en voix-off par Stephen Murphy (Boyd Holbrook) l’agent américain de la DEA qui est parti en croisade contre Escobar. Il n’est pas seul dans sa lutte puisqu’il était accompagné de Javier Peña (Pedro Pascal).
Si la voix-off de Murphy est très (trop ?) présente, elle est aussi très instructrice sur la situation et met les choses en place. Tout au long des 10 épisodes qui s’étalent sur plus de 20 ans, il éclaire de quelques détails, donne des informations sur les méthodes d’Escobar et raconte aussi sa propre histoire. Cette voix-off et la mécanique de la série sont par moment très linéaires et très lourdes mais elles sont nécessaires pour vraiment comprendre cette histoire complexe et le pouvoir qu’Escobar exerçait en Colombie et sa main mise sur l’exportation de la drogue dans le monde. Les commentaires sarcastiques de Murphy sont de trop. L’histoire est très dense et la narration en devient trop envahissante. Il aurait peut-être fallu faire des choix plus ciblés.
Entre bienfaiteur et criminel
Le sujet de la série est très intéressant. Si on est peu familiarisé avec Pablo Escobar et son empire, on en apprend beaucoup sur son business et sur sa personne. Aussi horrible qu’il était, la série arrive a humanisé ce personnage qui a pourtant tué et terrorisé des milliers de gens. Pablo Escobar était un homme qui a beaucoup donné pour sa communauté distribuant de l’argent, aidant les plus pauvres mais en même temps, il n’hésitait pas à tuer. C’était aussi un père de famille aimant. On se retrouve donc parfois bizarrement touché par certaines situations qu’il vit. Mais la réalité de l’horreur qu’il a semé refait rapidement surface. La série possédant de vraies images, on est ramené à la réalité sans cesse.
Mais Narcos, c’est plus que la vie de Pablo Escobar, c’est surtout toutes les ramifications politiques ainsi que le travail de la police en collaboration avec la DEA qui tentent de l’arrêter. Et c’est une des parties les plus intéressantes de la série. Voir l’influence qu’il avait et comment il a réussi a être intouchable durant des années.
Le choix de José Padilha pour la réalisation du pilote est très intelligente. Le réalisateur brésilien de Bus 147 et Elite Squad a réussi a donné un ton et un visuel propre à la série. Un côté assez brut de décoffrage où rien n’est glamourisé, loin de là et où la violence extrême fait parfois tourner les yeux. On est plongé dans le monde des Narcos qui est dur et sans pitié et l’esthétisme créé par Padilha colle parfaitement à la série. Cependant, Netflix se prend parfois pour HBO et offre des scènes de sexe et de violence complètement inutiles qui auraient eu plus d’impacts si elles étaient juste suggérés plutôt que de les montrer gratuitement.
Des talents divisés
Le casting de Narcos est assez à la hauteur mais il a quelques faiblesses. Wagner Moura est très bon dans le rôle d’Escobar, il s’est complètement imprégné du rôle et offre une belle performance. Certains se plaindront qu’un brésilien endosse le rôle du trafiquant Colombien mais il arrive parfaitement à projeter les sentiments ressentis par Escobar. L’ombre au tableau est la prestation de Boyd Holbrook qui laisse parfois à désirer. Il manque de charisme en tant qu’agent de la DEA et offre une prestation plutôt monotone. Ce qui le sauve, c’est sa voix grave. Son jeu d’acteur n’est pas toujours très juste et il est complètement surpassé par Pedro Pascal, très bon dans le rôle de l’agent Javier Peña.
Un bon choix de la part de la production est de garder l’espagnol. Les colombiens parlent leur langue et donc la série est sous-titrée pour le public anglophone trop peu habitués aux sous-titres. Il aurait été ridicule de les faire parler en anglais comme le fait Tyrant avec ses personnages d’origine arabe qui, a aucun moment ne parle leur langue natale.
La saison 2 est d’ores et déjà assurée. A la fin de la saison, l’histoire n’est pas encore terminée. On sent que les scénaristes ont encore des choses à dire puisque Pablo est encore vivant. La seconde saison devrait être une longue chasse à l’homme. On espère que la narration sera mieux centrée.
Les épisode de la première saison de Narcos sont disponibles sur Netflix.
Crédits ©Netflix
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