Doctor who saison 12 special : Retours et départs sans âme

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Retour sur un épisode special de Doctor Who, diffusé pour le nouvel an sur la BBC

Après 10 mois d’absence, le Docteur fait son grand retour sur les écrans de la BBC dans un épisode spécial du nouvel ce 1er janvier 2021, après le final de la saison 12 qui redistribuait les cartes de la série. Quid de ce retour du docteur. Chris Chibnall arrive-t-il à renouer avec la magie de la série ? La réponse en critique.

En mars 2020, le Docteur quittait les écrans de la BBC dans un final en deux parties des moins convaincants, à l’image d’une saison en demi-teinte. Une saison entre anthologie et mythologie, qui tente de réinventer l’histoire globale du Docteur de manière un peu gauche et décevante, loin des beaux et grands jours de la série. Une final qui voyait revenir le Master, révélant à nouveau des choses concernant l’origine du Docteur et sa civilisation.

A l’issue de ce final la Docteure se faisait arrêter par les Judoons, emprisonnée dans leur prison intergalactique. Nous voici donc 10 mois ( ou 19 ans après c’est comme on veut), pour la suite des aventures du plus célèbre des seigneurs ( Lady ?) du temps.

La suite

Dans cet épisode spécial de Doctor Who intitulé Revolution of the Daleks, on suit les évènements du final, avec une connexion aux épisodes précédents. Une carcasse de Daleks est utilisée à des fins totalitaires en Grande Bretagne, par une représentante politique aux intentions peu honorables si ce n’est d’arriver vite au pouvoir pour pouvoir utiliser cette technologie même.

Un personnage que nous avons connu en saison 11, campé par ce bon vieux Mr Big aka Chris Noth, est de retour  toujours pour incarner l’ersatz de Trump dans Arachnids in the UK, chapote des plans pour pouvoir utiliser cette technologie de consort avec la politique au plus vite, histoire de s’enrichir, et se lance donc dans une production effrennée. Le problème ? L’ingénieur du projet va plus loin que ses prérogatives et donne naissance à une nouvelle race de daleks sans le savoir.

Doctor Heist

De son côté,  La Docteur, coincée dans sa prison intergalactique, est vite sauvée par le charismatique Jack Harckness qu’on avait brièvement retrouvé la saison dernière dans une courte scène et toujours interprété toujours brillamment par John Barrowman. L’immortel la libère de sa prison, et cette dernière rejoint ses compagnons, dont certains ont repris le cour de leur vie, à l’image de Ryan, alors que d’autres recherche désespérément le Docteur.  Ces derniers s’engagent dans un affrontement avec ces Daleks pas comme les autres, et vont bien évidemment sauver une fois de plus l’humanité.

Intention honorable, exécution bancale

Ainsi, dès la scène d’ouverture, on comprend que cet épisode – à l’image des précédents épisodes – a une intention au-delà de raconter une histoire du Docteur. L’intention de dénoncer certaines dérives gouvernementales avec les nouvelles technologies sécuritaires, sous prétexte de science-fiction.

Malheureusement, le sujet est maladroitement exploité. Chris Chibnall bazarde très vite cette thématique de  pour se lancer dans un succession de scènes d’action avec les Daleks, pour finir dans un brouhaha rapide de résolutions d’embuches bourrées d’effets spéciaux sauce Doctor Who, que ce soit à bord d’un vaisseaux Dalek ou dans le Tardis.

Une intrigue mal équilibrée, qui est sensée mener à la dernière aventure de certains de nos compagnons avec le docteur : Graham et Ryan. Si ce n’est pas la première fois que des compagnons quittent le Docteur lors d’un special de fin d’année, dans cet épisode, on sent que le showrunner a eu la volonté de faire partir ses personnages après une dernière aventure épique. Malheureusement, si l’épisode est bourré d’action, il est loin d’être épique. Ce qui rend ce départ moins marquant ou impactant pour le spectateur.

Détachement

Si on sent le détachement de Ryan dans l’intrigue, cette volonté de retranscrire son côté désabusé de l’aventure rend chacune de ses scènes très plates et sans saveur. Même celle aux côtés du Captain Jack, les interventions de Ryan (et même Graham) sont peu captivantes et loin d’impliquer le spectateurs dans les états du personnages.

Quant au Docteur, cette dernière oscille entre sa joie et folie légendaire et les questions qu’elle se pose concernant sa propre réelle identité. Mais une fois de plus le déséquilibre entre l’intrigue, les retrouvailles avec les personnages, notamment le Captain Jack – qui donneront lieu à des échanges assez fun à l’image de ce qu’on peut imaginer pour les deux personnages – font que l’héroïne semble erratique plus qu’autre chose. Alors qu’elle est sensée ne plus savoir qui elle est et confuse vis-à-vis de ses origines, cette dernière n’apparait pas si affectée qu’on pourrait le penser, ou un peu trop quand le sujet est amené dans une scène, très maladroitement d’ailleurs.

Mythologie peu maitrisée

Une prestation et écriture bancale pour le personnage légendaire à l’image de l’épisode, mais aussi de la saison dernière. Clairement Chibnall – bien que très bon scénariste, notamment quand il s’agit d’intrigue d’anthologies – n’est pas bon dans la gestion de la mythologie titanesque et complexe de Doctor Who.

 

Ce dernier n’arrivepas à égaler l’émotion ou l’épopée que Russel T Davies et Steven Moffat ont pu créer dans les saisons précédentes. S’il a de bonnes idées dans ses intrigues inspirée de l’histoire de Doctor Who, leur exécution reste toujours déséquilibrée dans des épisodes un peu fourre-tout, à l’image de celui-ci. Fourre-tout… et surtout sans âme.

Emotion absente

Le plus grand défaut de cet épisode spécial de Doctor Who est le manque d’émotion. Un manque qui s’explique en partie par la relation du spectateur avec les compagnons. Le Cerveau l’a déjà expliqué dans son bilan de saison 12, les compagnons du Docteur ont du mal à créer cette connexion avec le spectateur, si importante dans Doctor Who.

Ainsi, le départ de Graham et Ryan, et la décision de Yaz de rester ne procurent pas nécessairement de réel sentiment au visionnage de tristesse ou de compassion. Même quand on comprend que Yaz a une peur viscérale d’être abandonnée par le Docteur après avoir voyagé dans l’espace et le temps. On reste détaché, même si l’on salue pour une fois, que ce soient les compagnons qui choisissent de quitter le Tardis et non le Docteur, ou le sort qui font que ces personnages doivent se séparer.

On aurait cependant aimé des au-revoirs plus poignants et marquants, mais ce ne sera pas le cas dans cet épisode de fête loin d’etre festif. Alors que souvent les showrunners précédents avaient réussi à faire de ces specials une traditions inspirées par la période de fêtes et donc l’esprit de Noel ( au cœur ou en arrière plan dans les intrigues de ces épisodes) REvolution of the Dalek nous propose une suite classique, sans une seule référence aux fêtes. Un épisode qui aurait très bien pu conclure la saison précédente sans pour autant attendre une diffusion spéciale pour cette période de fin d’année.

Manque de valeurs Whoviennes

Tourné en 2019 juste après la saison 12, cet épisode spécial de fêtes de fin d’année vient conclure une année 2020 des plus compliquée. Une année où plus que jamais la télévision aura été une échappatoire pour tous, afin d’oublier les complications d’une vie confinée, de lieux de vie et de rencontres fermés.

 

Quoi de mieux qu’un épisode de Doctor Who pour nous redonner le moral et espoir ? C’est ce qu’on imaginait avec la diffusion de cet épisode inespéré, alors qu’on ne sait pas quand le Docteur nous retrouvera pour une 13ème saison, toujours sous les traits de Jodie Whitaker.

Malheureusement, pour le réconfort et les bons sentiments, il faudra attendre. Rien sous les lumières du Tardis pour adoucir notre cœur de mortel. Les valeurs habituelles de la série sont absentes au détriment d’une série de scènes d’actions tape à l’œil pas galvanisante pour un sous. Un peu comme le dirait le docteur en fin d’épisode, on aurait aimé être à la fois triste et heureux. Triste de quitter deux compagnons, comme nous l’avons été pour Amy, Rory, River, Donna, Clara. Malheureusement, on terminera cet épisode avec un gout amer, et un fort sentiment de pas fini ou de manque. Et c’est bien dommage.

 

Crédit photos ©BBC 

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