We Are Who We Are : de l’intérêt de se comprendre et s’accepter
We Are Who We Are est la première série du cinéaste acclamé de Call Me By Your Name, Luca Guadagnino, qui a réalisé tous les épisodes. La série raconte l’histoire de deux adolescents américains qui vivent sur une base militaire américaine en Italie et explore l’amitié, le premier amour, l’identité.
La série plonge le public dans toute l’exaltation et l’angoisse d’être un adolescent – une histoire qui pourrait se produire n’importe où dans le monde, mais dans le cas présent, se déroule dans cette petite portion d’Amérique en Italie. Au casting on retrouve Chloë Sevigny, Jack Dylan Grazer, Alice Braga, Jordan Kristine Seamón, Spence Moore II, Kid Cudi, Faith Alabi, Francesca Scorsese, Ben Taylor, Corey Knight, Tom Mercier et Sebastiano Pigazzi.
Une fable américaine au plein cœur de l’Italie, pour une « coming of age story » loin des classiques du genre. Avec We Are Who We Are, Luca Guadagnino nous offre une série qui ne se contente pas de suivre une génération Z qui se cherche, sans limites et dans tous les excès. Elle propose un véritable questionnement sur la nature humaine, la perception de l’autre, et ce qui nous défini, tant niveau personnalité que vis-à-vis de ce qui nous perçoive.
Parcours initiatique et humain avant tout
Comme l’explique Jack Dylan Grazer, l’interprète de Fraser, un adolescent projeté dans le microcosme d’une base militaire américaine en plein milieu de l’Italie, une culture aux antipodes de l’oncle Sam, We Are Who We Are est « une série vraie, authentique, mais surtout unique. Et ces thèmes, on les retrouve chez ces enfants ( les adolescents qui côtoient son personnage dans la série /ndlr). On n’y croirait pas au premiers abords, mais ils sont tous vrais et uniques. Cette nouvelle génération de jeunes ressent des choses différentes de précédentes. »
Ce dernier explique : « ils sont plus axés sur leurs sentiments primaux, plus intuitifs et spontanés. Rien ne les défini vraiment. Tout n’est que vie et existence pour eux, et tout ce qu’ils peuvent ressentir est mis en perspective avec ces faits là. Pourquoi devrions nous enfouir nos sentiments, au lieu de les confronter et surtout les accepter. »
Une vision assez vraie de ce que la série peut faire comprendre, car les jeunes de la génération Y ne sont pas les seuls à être au centre de l’intrigue. La base militaire étant une micro-culture loin de la maison mère, les sentiments des parents de ces jeunes adolescents qui se cherchent mais qui acceptent leurs états se voient aussi confrontés à leur réalité, à la réalité de ce qu’ils sont, alors qu’ils refusaient de ressentir des choses pourtant essentielles de leur personnalités.
Ce qui n’empêche pas de montrer d’autres jeunes tiraillés par des choses très concrètes, et universelles, qu’on soit jeune ou adulte : comme l’identité nationale. Comme l’explique Tom Mercier, qui incarne le personnage de Jonathan : « Jon est tiraillé, parce qu’il est dans cette base américaine, alors qu’il est d’origine israélienne, tout en s’imprégnant de la mentalité européenne, et c’est intéressant de voir ce jeune, qui pourtant est très cadré par l’armée et pensait se connaître, être en recherche de lui-même et souvent perdu, avant de se découvrir autrement qu’en soldat qui suit des ordres. »
Découvertes multi-générationnelles
Se découvrir et ressentir. C’est ce qu’explique Faith Alabi, à l’occasion d’un entretien avec le Cerveau : «We are who we are n’est pas qu’une histoire sur la découverte du soi à l’âge adolescent. Elle est un parcours initiatique aussi pour les adultes de cette base militaire. »
« Par exemple, Jenny, le personnage que j’interprète, qui est cette mère de famille bien sous tout rapport » continue l’actrice, « une voisine classique dans tout ce qu’il y a de plus classique pour une housewife américaine, va finir par faire face à qui elle est vraiment au cours des épisodes. Comprendre qu’elle ne peut pas renier sa véritable personnalité, ressentir enfin les choses et s’accepter telle qu’elle est. Accepter son essence et ce qui fait d’elle quelqu’un d’unique, là est le véritable sens et l’intérêt de la série. We are who we are porte bien son nom : nous somme qui nous sommes, et nous n’avons pas besoin de la validation de qui que ce soit pour l’accepter. S’accepter mais aussi accepter l’autre tel qu’il est, peu importe les biais que l’on peut avoir. »
L’un des personnages marquant de cette série assez particulière, signée du réalisateur du film acclamé Call me by your name est celui de Caitlin, incarnée par Jordan Kristine Seamons. Une jeune actrice, chanteuse et artiste qui fait ses débuts sur les écrans dans un rôle particulièrement complexe.
De la découverte du soi vrai
Un rôle challengeant qui l’a aussi aidé à se découvrir elle qui n’a que 19 ans : « c’était un véritable challenge, non seulement car c’était quelque chose que je n’avais jamais fait auparavant – à savoir jouer un personnage qui se questionne sur son identité de genre – mais aussi parce que c’était quelque chose dont je n’avait pas conscience. Ce n’est pas quelque chose à laquelle j’ai été confronté, et à l’époque je ne me posais même pas de questions sur ma propre identité. J’étais une femme, qui se qualifie par des pronoms exclusivement féminins… »
Son expérience dans ce rôle a été clairement un moment charnière pour l’actrice comme elle nous l’a expliqué : « vous savez on change, on apprend, grâce aux expérience, et on évolue, on se découvre soi-même. Après avoir incarné Caitlin, j’ai fini par comprendre que j’étais moi-même gender fluide ( un terme pour designer qu’on ne se pense ni homme ni femme, mais humain avant tout. Plus d’explication / ndlr), je n’utilise plus les même pronoms pour me définir, et c’est génial. »
Jordan continue : « je suis tellement reconnaissante d’avoir pu avoir une telle expérience, mais aussi que d’autres aient l’opportunité (grâce à We are who we are) de voir et se comprendre enfin, apprendre un peu plus sur eux même. Mon rôle était très sérieux, et j’avais une grande responsabilité dans l’interprétation de Caitlin. Que ce soit concernant l’inclusivité, ou le portrait de gens qui ne nous ressemble pas, d’horizons et lieux divers, et partager ces expériences de la vie, car tout le monde est différent. C’est ce qui rend cette série très authentique d’ailleurs, puisqu’elle ne cherche pas à dépeindre des personnages qui sont plaisant, qu’on va aimer instantanément. Je sais que certains spectateurs vont détester certains personnages, et c’est normal. Car dans la vie c’est pareil, personne n’aime tout le monde. On n’est pas dans une série, où tout le monde est sympa, et le vilain est vraiment méchant et détestable. Ici, on tente de montrer les gens tels qu’ils sont, avec leur défauts et qualités, et ce qui fait d’eux leur entièreté. Et ça aussi, ça vous change en tant qu’acteur. J’ai compris quel type de personne j’étais, que ce soit en étant sur ce tournage loin de chez moi pour la première fois à 16-17 ans. ».
Caitlin est sans conteste le personnage peut-être le plus fascinant de l’intrigue de We Are who we are, avec une peinture de la transidentité tout en humilité, que ce soit à travers le talent de son interprète, Jordan Kristine Seamons, ou la manière dont elle a été écrite.
Elle ne manquera pas de toucher le spectateur, voir l’inspirer, en ces temps de divisions post confinement et pandémie. Sans conteste, We are who we are inspire, autant qu’elle a inspire celle qui incarne cette héroïne complexe, puisque la série l’a inspiré à écrire un album et un documentaire autour de l’acceptation de LGBTQ+ et son expérience éclairante dans la série. Un must-see de la plate-forme starzplay, qui ne manquera pas de laisser une trace après visionnage.
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