Critique des premiers épisodes de Pluribus, nouvelle série fantastique de Vince Gilligan, le créateur de Breaking Bad avec Rhea Seahorn de Better Call Saul. Spoilers.
Vince Gilligan frappe encore. Après les cultes Breaking Bad et Better Call Saul, deux des séries télévisées les plus célébrées de ces deux dernières décennies, le prolifique scénariste, réalisateur et producteur est de retour avec Pluribus, un nouveau projet audacieux, une série de science-fiction avec une prémisse vraiment intéressante qui fait réfléchir à deux fois sur l’humanité.

Avec Pluribus, Vince Gilligan semble revenir à ses racines « X-Files » avec cette histoire d’un virus extraterrestre qui balaie le globe, rendant tout le monde heureux et satisfait, unissant littéralement les esprits (les pensées, les connaissances et les souvenirs de chacun sont accessibles à tous, les gens ne se réfèrent plus à eux-mêmes mais comme « cet individu » lorsqu’ils parlent) et les obligeant à être simplement gentils les uns envers les autres. Mais à quel prix ?
Seule au monde
Cela dit tout le monde n’est pas dans ce cas, une poignée de personnes dont Carol (Rhea Seehorn), sont immunisées et restent des individus indépendants. Carol est une auteure à succès de romans fantastiques romantiques, incroyablement riche, adorée par des centaines de milliers de fans, mais elle est aussi malheureuse.
Et Carol semble être la seule personne en Amérique à l’abri du virus. Un virus censé apporté une utopie mais qui devient vite un cauchemar pour Carol qui y perd beaucoup. En effet, sa femme Helen (Miriam Shor) ne survit pas à l’infection. Elle n’est pas la seule car des millions d’autres personnes dans le monde sont aussi décédées (l’un des inconvénients du bonheur pour les autres).

L’attention de tous est tournée vers Carol alors que la horde souriante tente de répondre à tous ses besoins pendant qu’elle travaille à trouver un remède à son immunité, afin de l’amener dans leur giron de bonheur. « Nous voulons juste aider, Carol » est un refrain qui devient de plus en plus sinistre. « Ce n’est pas une invasion extraterrestre », lui assure le nouveau président, dans un discours rien que pour elle à travers la télévision.
Questionnement sur l’humain
Commence alors une interrogation sur ce qui se perd quand tout le monde entier est d’accord. Lorsqu’il n’y a qu’un seul esprit, aucune variation, sommes-nous toujours humains ? Exploitant la directive principale de la ruche pour la rendre heureuse, Carol exige de rencontrer les autres personnes anglophones immunisées contre le virus.
Bientôt, elle est confrontée à une demi-douzaine de personnes qui profitent de cette nouvelle vie servie sur un plateau, sans aucune de la rage que Carol ressent à l’idée de voir leur individualité engloutie ou leur pensée indépendante leur être retirée. Elle n’arrive pas à leur faire comprendre le problème. Peut-être s’agit-il d’une de ses propres créations ? Ne serait-il pas mieux, plus facile de lâcher prise ? Certaines personnes le peuvent. Certaines personnes ne le peuvent pas comme Carol qui ne supporte l’idée d’être un mouton.

A mesure que le premiere continue, la série ajoute des personnages et une intrigue avec parcimonie, tout en gardant les grandes questions en suspens sur les droits que nous pensons avoir, ceux que nous croyons inaliénables mais qui s’avèrent être le contraire, le devoir moral que nous avons envers les autres, et bien d’autres encore.
Contrôler ses émotions
Les accès de colère de Carol provoquent une surcharge émotionnelle dans l’esprit de la ruche et entraînent la mort d’environ 10 millions de personnes à la fois, mais cela signifie-t-il qu’elle devrait accepter son sort ? Y a-t-il un mal inhérent à l’extrémisme ? Même dans sa forme la plus bénigne en apparence, le fait que tout le monde soit heureux, cela conduit à la souffrance de ceux qui ne peuvent pas ou ne veulent pas s’y conformer. Alors que devons-nous penser de toutes les autres formes d’extrémismes ? Ce sont des questions que pose la série.
Pluribus fonctionne également avec brio comme le portrait des femmes qui sont constamment remises en question par les autres et comme allégorie des relations abusives. Carol est invitée à contrôler ses sentiments, en particulier sa colère, à nier ses instincts, à recadrer ses expériences, à croire sans cesse au meilleur des gens et à croire qu’ils veulent le meilleur pour elle face aux preuves croissantes du contraire. Elle parle et n’est pas entendue. Elle se répète et on ne la croit pas. Elle crie et on lui dit de mieux se comporter.

Rhea Seahorn est absolument fabuleuse dans le rôle de Carol, mais ce n‘est pas une surprise pusiqu’elle était aussi fantastique dans Better Call Saul. La voir collaborer à nouveau avec Gilligan est un cadeau car les deux fonctionnent vraiment bien ensemble. L’exécution n’est peut-être pas parfaite, mais elle se rapproche de l’excellence. Pluribus est une série lente qui prend son temps (un trait de Gilligan qui revient dans ses séries), mais les deux premiers épisodes mettent vraiment bien l’histoire en place et intriguent grandement.
On demande à en voir plus, surtout qu’une saison 2 est déjà en préparation.
Pluribus, c’est chaque vendredi sur Apple TV.
Crédit ©Apple TV
























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