Critique de Happyish l’une des comédies les plus dépressives de la télévision américaine.
Happyish vient de terminer sa première saison, hier, dimanche 28 juin, sur Showtime. Une première saison bien déprimante, contrairement au titre de la série. Happyish fait partie de cette nouvelle mode des comédies satiriques assez noires mais rarement drôles. Certes, elle regorge de répliques brillantes, de situations absurdes et la satire du monde de la communication et du monde de la publicité est très souvent bien vue. Mais dans le fond, on ressort plutôt déprimé d’un épisode. La série fait un constat assez alarmant de notre société de consommation. Si bien qu’on ressort de chacun des 10 épisodes plutôt enclin à prendre une dose de Prozac.
Nombriliste
Happyish dessine en effet un monde plutôt sombre, mais souvent juste avec quelques rappels à la réalité. Si la série va parfois un peu trop loin, on peut l’excuser par la satire qu’elle cherche à peindre. Néanmoins, le téléspectateur ne peut que reconnaître une réalité soulignée en particulier dans l’épisode final : dans la vie, on ne fait pas toujours ce qu’on veut. Les responsabilités sont présentes et qu’elles nous plaisent ou non, elles demandent à faire des sacrifices qui nous pèsent. Ainsi, Thom ne quittera jamais son boulot qu’il déteste pour devenir un (mauvais) écrivain. Il a toute une famille à entretenir. Happyish, ici tire la conclusion que le bonheur n’existe que dans l’accomplissement de nos projets et rêves personnels. Le bonheur serait donc parfaitement égoïste et résiderait uniquement à avoir un travail qui nous plaît. Un peu simpliste comme conclusion, mais très américain.
Steve Coogan est très bon tout au long de la saison dans le rôle de Thom Payne. Il arrive parfaitement à transmettre le questionnement de cet homme en pleine crise de la quarantaine qui cherche en vain à trouver un sens à sa vie, à son bonheur. Payne pourrait être perçu comme un éternel insatisfait. En effet, il a bon boulot, un enfant adorable, une épouse qu’il aime et qui l’aime, bref, il a tout pour être heureux. Coogan arrive à transmettre le malaise de son personnage, ses inquiétudes sur l’avenir et ses névroses si bien qu’on arrive à avoir de l’empathie. Cela n’empêche cependant pas au personnage de devenir vite exaspérant et d’être trop nombriliste pour être appréciable.
Travers immatures
Happyish souffre aussi d’un défaut gros : celui des blagues potaches trop faciles. L’exemple parfait et dans ce season finale : on revient à une blague sur le caca. Alors certes, les scénaristes tentent de lui donner une certaine dimension subversive puisqu’elle se moque de la religion, mais on reste quand même à “le caca c’est trop drôle”. Tout au long de la saison, la série est tombée dans ce travers, utiliser les plus bas dénominateurs communs de l’humour – le sexe et la scatophilie principalement pour faire rire. C’est d’autant plus décevant que Happyish montre souvent qu’elle a les moyens de faire beaucoup mieux.
Autre défaut, aussi présent dans cet épisode final, un rythme souvent incertain, en particulier dans les illusions et rêverie de Thom. C’est déjà rarement drôle et qu’une excuse pour un délire des scénaristes que le public ne partage pas souvent. Mais c’est souvent beaucoup trop long et arrive à ennuyer le téléspectateur.
Happyish une série intéressante à voir, avec pas mal de potentiel, si les scénaristes arrivent à s’éloigner de l’humour facile indigne d’enfants de primaire. Showtime devrait juste éviter de la classer dans les comédies, car le constat qu’elle apporte, ses personnages et son message sont, au fond, plutôt dramatiques.
Crédits Images : ©Showtime
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