Westworld : Pépite du Far-West sur fond d’intelligence artificielle

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4.5

Le Cerveau a adoré Westworld et vous la conseille vivement : une série de science-fiction, noire, violente et teintée de western, avec la promesse d’une intrigue palpitante et surprenante, critiquant l’humanité. L’avis du Cerveau.

Hier soir aux USA a été présentée Westworld, dernière création du géant du câble américain : HBO. Une série de science-fiction annoncée depuis des mois comme digne successeur de Game of Thrones, avec un budget aussi colossal que cette dernière et J.J Abrams à la production. Une série aux allures violentes, subversives et terrifiantes qui s’est montrée hier, et aujourd’hui en France sur OCS Go, dans un pilote d’une heure qui ne décevra pas les attentes des téléspectateurs.

dolores et teddyLe pitch ? Dans un futur plus ou moins proche, une entreprise a créé un Parc d’Attraction plus vrai que nature animé par des robots. Une expérience immersive du nom de Westworld, ou les nouveaux arrivants, humains, peuvent expérimenter la vie comme au Far West. Un western grandeur nature pour la modique somme de 40 000 dollars par jour. Entre bandits, prostituées, exploitants agricoles et paysages pittoresques américains, Westworld est une entreprise bien huilée, avec des robots programmés à la narration bien précise, et des programmateurs toujours à l’affût d’une amélioration de l’expérience. Mais c’est sans compter sur une dernière mise à jour, ainsi que des participants, qui vont changer la donne. Une donne qui jusqu’ici n’a qu’une seule règle et fondement : celle qui empêche les robots d’être violent avec les humains et les rend incapables de nuire aux « invités » de cette ville digne du mythe de la Frontière américaine.

Ruée vers le Far-West

Westworld est sans conteste une grosse production de HBO. Décors en pleine nature, futuristes, effets spéciaux discrets et réalistes… Le pilote de Westworld promet une série calculée dans le détail, surtout concernant la vie en plein Far-West. Un genre un peu décrié ces dernières années en télévision, qui n’a plus la même place que dans les années 80 ou 90 (comme La Petite Maison Dans La Prairie, ou Docteur Quinn). Si depuis, d’autres séries se sont attaquées au genre du Western, certaines de qualité indéniable, aucune n’a réussi à s’imposer comme un véritable culte du genre, de Hell on wheels, en passant par Deadwood.

westworld train à vapeur

Mais le Far-West n’est pas tout ce qui caractérise cette série qui est avant tout de la science-fiction. Chaque personnage a son importance et est présenté dans ce pilote, avec la promesse de mystères, violences, et manipulations. Mais aussi la promesse d’une intrigue, aux apparences dense, dont le but est d‘explorer et questionner l’espèce humaine. Car la science-fiction a pour but avant tout de critiquer l’humanité, ainsi que les différentes sociétés qu’elle traverse. On pense à Asimov ou Philip K. Dick au visionnage, et c’est normal. Westworld est sans conteste inspirée par ces grands noms de la SF.

Chaque personnage a un but et des intérêts différents, de Dolores, en passant par Ford, le créateur de ce monde et des robots, jusqu’à l’Homme En Noir, véritable personnage mystérieux et mystique de Westworld. Personnages qui ont chacun leur utilité et place, avec la promesse d’une évolution inattendue et surprenante, notamment pour le « robot » Dolores, campée par Evan Rachel Wood.

AI or not AI ?

dolores abernathyDès ce pilote, on comprend que Westworld, au-delà d’être une série de genre et de science-fiction, surfe sur les thématiques de l’intelligence artificielle. Fait rare en télévision, apanage de la SF plutôt sur grand-écran. Jusqu’ici ce thème n’a été traité qu’en surface dans des intrigues épisodiques de séries SF d’anthologie, comme Au-delà du réel, ainsi que dans quelques épisodes de Doctor Who ou Stargate SG-1, et récemment avec la série Real Humans.

Un sujet complexe et difficile, car quand on traite d’intelligence artificielle, on s’attaque à la psychologie humaine ainsi qu’à des principes de philosophie sur notre origine, ce qui nous caractérise ou nous distingue d’autres espèces.

Et c’est ce que Westworld semble vouloir faire. Dans ce pilote, on rencontre les différents protagonistes de la série, de Ford, le créateur, jusqu’à Dolores, en passant par Cullen, à la tête du service qualité de la firme, aux programmateurs, tel que Lowe ou Hughes, ou scénaristes comme Lee Sizemoore… des protagonistes assez diversifiés présentés dans un pilote dense, qui ne manquera pas d’exposer les enjeux de chacun, ou les intentions et utilités des autres.

Sans foi ni loi

L’autre thème intéressant de ce pilote et de Westworld en général, est l’extrême liberté des « clients » de ce parc d’attraction. Un parc et un monde dans lequel on n’impose aucune limite aux « invités » : tuer, violer, agresser, voler… Chacun peut faire ce qu’il veut dans ce monde, sans conventions ou règles, puisque tout y est « fictif », mais surtout garantissant l’expérience du Far-West, avec toute la violence qui va avec, comme dans l’Histoire.

Une violence fantasmée qui va prendre forme dans l’expérience de certains. Une liberté dans Westworld qui va permettre aux scénaristes de la série d’explorer les bas-fonds de l’espèce humaine, dans une société où ces derniers n’ont aucun code et aucune loi pour régir leur faits et gestes. Et ça promet, car comme le montre ce pilote, la violence est au cœur de l’intrigue, et pas qu’un peu.

l'homme en noir

Fort Potentiel

Westworld semble sans conteste l’une des séries les plus prometteuses de cette rentrée 2016-2017. Très attendue depuis son annonce, adaptée du film éponyme de 1973 réalisé et imaginé par Michael Crichton, co-écrite par ce dernier en collaboration avec ses créateurs Jonathan Nolan et Lisa Joy, la série a su se détacher de la production cinématographique dont elle est inspirée pour se créer son univers unique. Un univers porté par une esthétique travaillée avec une véritable dichotomie entre le monde « réel », celui du futur, régit par des lois et des codes bien précis, et le monde du parc d’attraction, celui qui n’a aucune règle sauf de profiter du Far-West.

Ford anthony hopkinsQuant au casting, il est non seulement bien choisi, composé par des acteurs de grande envergure, comme Anthony Hopkins, ou de qualité, de Evan Rachel Wood à Ed Harris (Abyss, The Rock, Gravity) ou James Mardsen (Cyclope dans la saga X-Men). Même les acteurs secondaires sont très bons, notamment ceux dans la peau des robots, qui arrivent à jouer avec brio dans certaines scènes comme inanimés ou vide d’émotion. La réalisation est assez bluffante, avec des moments de grande télévision, comme cette séquence de tuerie au saloon, portée par une orchestration qui revisite Paint in Black des Rolling Stones, tout en mélodies épiques et orchestrales.

Pépite 2016

Westworld est sans nul doute une série qui fera réfléchir ses téléspectateurs, au-delà de les divertir. Le Cerveau est d’autant plus ravi que les séries de Science-fiction en TV ont de moins en moins de rayonnance, face à d’autres drama, historiques ou non. Elle promet une histoire non seulement mystérieuse, mais noire, violente, peut-être même terrifiante, qui raviera un public averti et amateur de genre.

Diffusée sur OCS tous les lundi soir à 21h50 sur OCS City 24 heures après les US, Westworld est sans conteste l’une des pépites de l’année 2016, à la hauteur de la promesse de ses producteurs et scénaristes, à voir absolument.

Crédit photos : ©HBO

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