Retour sur le finale de la mini-série The Night Of qui plonge dans le système judiciaire américain et ses failles. Spoilers.
La série The Night Of a débuté il y a deux mois avec une question : Qui a tué Andrea ? Ou plutôt : Naz a-t-il tué Andrea ? Le final de The Night Of ne répond toujours pas à ces questions. Au lieu de ça, l’épisode offre un autre coupable potentiel au lieu de donner la réponse. Certes c’est très frustrant mais, c’est aussi très bien trouvé de la part des créateurs Richard Price et Steven Zaillian qui donnent tous les indices et laissent le public réfléchir par lui-même. Avec ingéniosité, ils laissent le public retracer la nuit du meurtre et se faire son idée. Ce n’est pas paresseux, c’est plutôt bien trouvé et ce final est satisfaisant.
Tout au long de la saison, Naz était suspect. Mais il n’était pas seul. Il y a le beau-père d’Andrea qui avait milles raisons de voir sa belle-fille morte; Duane Reade est un homme violent et dangereux connu pour ses cambriolages à l’arme blanche et Mr Day, le croque-mort, faisait froid dans le dos. Tous étaient potentiellement coupables avant que l’inspecteur Box, désormais à la retraite, ne trouve une autre piste très crédible, celle du conseiller financier d’Andrea avec qui elle avait une relation.
A défaut de donner le coupable, la série résout la situation de Naz. Les charges contre lui sont abandonnées parce que le jury n’arrive pas à se mettre d’accord et la procureur a désormais de gros doutes après les révélations de l’inspecteur Box sur la probable culpabilité du conseiller financier. Naz est peut-être physiquement libre, mais aux yeux des gens à l’extérieur, il reste coupable. Même sa mère et ses amis doutent encore. Malgré sa libération, Naz reste prisonnier d’une accusation qui lui collera à la peau toute sa vie.Il devient un paria.
La vérité n’a pas d’importance
Bien sûr, on veut savoir qui est le coupable mais en fin de compte la vérité n’est pas le plus important dans la série. Le fonctionnement de la justice américaine et l’impact de l’enquête sur les personnes concernées sont plus importants que le tueur lui-même. Un peu comme American Crime dans sa première saison, que l’accusé soit coupable ou non, ce n’est pas la question. C’est triste, parce qu’Andrea mérite la justice, mais quand le système à des failles, les coupables passent à travers et les victimes sont laissées pour compte.
La vérité ne compte pas, ce qui compte c’est que chaque côté apporte suffisamment de preuves pour sa cause. C’est la façon dont fonctionne le système judiciaire et pas la justice. Et cela est dit dès le début de la série, c’est ce que veulent montrer les créateurs et c’est ce qu’ils ont fait. Certes tout n’est pas parfait, mais la vie ne l’est pas non plus. Ce qui est aussi intéressant, c’est que Naz lui-même, n’est pas sûr de sa culpabilité. Du moins, c’est ce qu’il dit à la barre. La série est plus dans l’illustration du déroulement d’un procès, la réalité du système et la vie en prison.
L’évolution de Naz
En plus de se plonger dans le système judiciaire américain, on passe beaucoup de temps en prison avec Naz. On le voit évoluer et on découvre son côté sombre. A un certain degré, The Night Of fait penser à Un Prophète, le film de Jacques Audiard. La prison peut transformer une personne qui en sortira pire qu’elle ne l’était en entrant, peu importe qu’elle soit coupable ou non. La prison change un homme et c’est ce que la série montre avec Naz.
Dans ce cas, elle montre la personnalité terrifiante que cache Naz. On n’est pas sûr que la prison l’ai changée parce qu’au fond, elle a peut-être juste révélé sa véritable personnalité. Il est en mode de survie et change du tout au tout. Il est passé d’un jeune homme normal, bon étudiant, à un gros dur en prison. Cette transformation est à la fois morale et physique et Riz Ahmed est parfait dans le rôle. Toujours très juste, sans jamais en faire trop, l’acteur confirme son talent. Il sort complètement différent de la personne qu’on a vu dans le premier épisode. Son parcours est tout aussi important que le système judiciaire, parce que le système a changé sa vie à jamais.
A cheval sur les détails
The Night Of prend son temps et s’attarde beaucoup sur des détails qui paraissent anodins mais qui ont leur importance comme le quotidien de John ou son rapport avec ce chat dont il est allergique est un signe de sa personnalité. La série excelle dans les petites choses comme l’eczéma de John qui aussi bizarre que ça puisse paraître, était probablement une métaphore de l’affaire. Dans l’épisode 6, son eczéma est miraculeusement guéri comme un signe qu’il a résolu l’affaire. Puis dans ce finale, ses problèmes de peau rejaillissent de manière encore plus agressive parce que l’affaire n’est pas résolue.
La série n’est pas parfaite et a un problème au niveau de la façon dont elle traite certains personnages non-blancs qui sont souvent stigmatisés. Est-ce volontaire pour dénoncer le système ou est-ce un manque de considération ? C’est assez flou à déterminer. Ce qui est sûr, c’est que The Night Of est nettement supérieure et bien mieux menée que Guilt, par exemple qui ne fait qu’avoir recours à des retournements de situation pour détourner l’attention.
Pour le moment, on ne sait pas si The Night Of aura ou non une seconde saison qui pourrait voir la procureur Weiss et Box à la poursuite du conseiller financier.
D’une durée d’une heure et demi, le final de The Night Of est à voir ce lundi soir à 20h40 sur OCS City.
Crédits ©HBO
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