Critique de It Follows, de David Robert Mitchell, un thriller d’épouvante atypique qui laissera sa marque dans le cinéma d’horreur.

it followsIt Follows est un film d’épouvante qui revient aux sources du genre. Remarqué à Cannes et Grand Prix du jury et de la critique au festival international du film fantastique de Gerardmer cette année, It  follows est sans nul doute un film réussi. Aux influences flagrantes du maitre du genre, John Carpenter (Halloween, New York 1997), It follows est un film aux thématiques variées, de la perte de l’innocence, la découverte sexuelle, la désolation post-industrielle, l’influence parentale sous couvert d’inceste, jusqu’à la reconstruction personnelle à la suite d’un viol.

Porté par une réalisation au plus proche de ses personnages, des décors « carpenterien » It Follows est bien plus qu’un film d’épouvante. C’est à la fois un thriller, un drame, une tranche de vie et un témoignage atypique du passage de l’adolescence à l’âge adulte. Un film intelligent et viscéral, mis en scène avec une justesse incontestable.

Initiation sexuelle

It follows raconte l’histoire de Jay, une adolescente banale de la banlieue de Detroit, qui se retrouve sous l’emprise d’une force maléfique qui cherche à la tuer après avoir couché avec son nouveau petit-ami. Une relation sexuelle qui dans sa mise en scène trouble le spectateur. Consentante, la séquence laisse suggérer un viol par ce dernier, qui n’a fréquenté Jay que dans le but de se débarrasser de l’emprise maléfique qui le poursuit.

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Suite à ce drame, la jeune fille va devoir lutter pour échapper à la créature dans la peau de diffrentes incarnations reconnaissables, qui la suit dans le but de la tuer. Avec l’aide de ses amis d’enfance, cette dernière va tout faire pour se défaire de la malédiction qui la poursuit doucement, où qu’elle aille.

Inclassable

it-follows-uk-trailerSi beaucoup verront dans It follows les codes flagrants du slasher, le film, au-delà de cette entité maléfique qui cherche à tuer et quelques décès, est un grand huit psychologique aux thèmes assez proches de ceux de Gus Van Sant ou de Virgin Suicides de Sophia Coppola. Au-delà des scènes de Jump Scares efficaces et des quelques séquences gores et autres massacres assez éparses, l’intêret de It Follows réside dans l’évolution de Jay et les tensions générées par la probabilité de voir cette entité démoniaque se manifester à tout moment à l’image, immergeant les spectateurs au cœur de l’intrigue pour un frisson poussé à son paroxysme.

L’absence des parents dans l’intrigue, qui se matérialisent uniquement à travers les manifestations de la créature, offre encore plus d’intensité à la douleur et la culpabilité de ces jeunes qui découvrent le sexe et ses conséquences. Certains verront dans la créature une métaphore des MST, d’autres un discours puritain typiquement américain, la peur de la mort… L’essentiel de It follows reside sans conteste dans cette attente des séquences de frayeurs et la paranoia permanente qu’il crée chez le spectateur, décuplée par une musique glaciale et cette incapacité à le classer dans un genre cinématographique unique. Pour la tension et le frisson, ce long métrage est à voir assurément !

It Follows Bande annonce

Crédit photos : Metropolitan Films