The Leftovers : intrigante et fascinante

Critique intriguée par le pilote de la nouvelle série HBO, The Leftovers, créée par Damon Lindelof et Tom Perrotta.

The Leftovers, créée par Damon Lindelof et Tom Perrotta, d’après le best-seller de ce dernier est la série la plus attendue de cet été 2014. Et après avoir vu le pilote réalisé par Peter Berg, une chose est certaine, le public a bien fait d’attendre. HBO présente ici une série très intrigante, faîte à la fois de mystères fantastiques et de drames tout à fait humains et réels.

Histoire de famille

The Leftovers chronique la vie des Hommes après que 2% de la population mondiale ait disparu de la circulation, sans trace ni explication. La série suit le sherif Kevin Garvey, incarné à merveille par Justin Theroux dans ce pilote, devenu alcoolique depuis ce Grand Départ. Il faut dire, son épouse Laurie (Amy Brenneman) à rejoint un groupuscule silencieux bien mystérieux, son fils Tom (Chris Zylka) un autre culte et sa fille Jill (Margaret Qualley) commence à se rebeller.

L’idée de se concentrer en particulier sur une famille est excellente. Elle permet de montrer en profondeur les effets de ce Grande Départ sur ceux qui restent, sans avoir à faire de grands et longs discours ni grandes scènes d’exposition. De plus, la mélancolie ressentie est bien mieux transmise ainsi. Ceci est d’ailleurs aidée par une excellente bande-originale signée Max Richter. Car c’est bien là où The Leftovers est meilleure que la majorité des oeuvres sur ce même thème. La série expose les conséquences à long-terme de ce Grand Départ. Elle nous évite la panique vue tant de fois et plonge le téléspectateur directement dans l’après, quand le deuil est entamé et que les gens commencent, tant bien que mal, à reprendre le cours de leur vie.

Réaliste

Et le monde que The Leftovers décrit semble tristement réaliste. Pas de grand réveil de la part des humains. Ils sont sensiblement les mêmes. Pas plus de solidarité, pas de grandes spiritualités, ni même un monde à la Mad Max où l’Homme n’est devenu que bête.  Mais ce dernier reste le même. Lasse, perdu, misérable et désespéré pour une partie de l’humanité. La séquence de la fête entre ados est particulièrement réussie ici. Les jeunes sont les mêmes après Le Grand Depart qu’avant, si ce n’est à peine un peu plus désemparés et perdus qu’aujourd’hui. Mais des fameuses Skins Party à la mode il y a quelques années à ce qu’on nous montre dans la série, il n’y a pas une grande différence.

Certains se battent encore, pour le bien de tous et pour l’espoir, comme le Maire de la ville, Lucy Warburton (Amanda Warren) une personne prête à tout pour que les gens continuent enfin à vivre, ou ce couple qui est prêt à se marier, même si on le sent pas complètement heureux. Même si au final, c’est en vain et ils perdent leur combat quand la fiancée, Meg (Liv Tyler) rejoint un culte.

Et bien entendu, il y a ceux qui cherchent à profiter des autres en créant des cultes pour tenter d’expliquer l’inexplicable.

Objet de culte

Et c’est par là que les mystéres les plus intéressants arrivent, et les questions. Si bien sûr le spectateur se demande que signifie ce grand départ et pourquoi certains ont été choisis, alors qu’il n’y a aucune logique apparente puisque des enfants innocents comme des tueurs ont disparu, les plus grandes questions posées sont sur ces deux fameux cultes. Ceux des hommes et femmes en blancs qui ont fait voeux de silence et fument comme des pompiers, les Guilty Remmant. Que veulent-ils ? Pourquoi fument-ils ? Que cela signifie ? Qu’elle est leur foi ? Qu’elles sont leurs intentions ? De multiples questions se posent autour d’eux.

Vient aussi l’autre culte, celui auquel semble appartenir Tom, le fils du Sherif, avec un Gourou charismatique. Les mêmes questions se posent ici. Cela permettra surement, à l’avenir, d’explorer les différentes manières l’Homme cherche à exploiter l’Homme et les diverses béquilles auxquelles l’Homme tente de s’accrocher.

Where are we going ?

The Leftovers intrigue et fascine par ces pistes de mystéres bien sûr, mais surtout pas l’humanité et le réalisme dont elle fait preuve dans le traitement de cet après. Damon Lindelof et Tom Perrotta semblent vouloir souligner la vacuité de nos vies, la mélancolie de l’humanité et combien l’être humain n’évolue pas, et qu’au contraire, il aurait tendance à régresser. On peut ne pas adhérer au propos et à leur partie pris, mais il est indéniable que les deux créateurs savent exposer parfaitement leur thèse dans ce pilote.

The Leftovers se présente donc comme une série multifacettes, intrigante et fascinante. En espérant que ces qualités se retrouvent au-delà du pilote. Damon Lindelof était l’un des hommes derrière Lost.  Il a prouvé qu’il sait mettre en place des mystères et intrigues époustouflantes. Mais on sait aussi qu’il a du mal à leur donner des conclusions cohérentes. Est-ce qu’il saura donner des réponses plus satisfaisantes pour cette série ? Seul l’avenir le dira, mais le pilote donne envie de lui faire confiance.

The leftovers est diffusée à partir du 30 juin sur OCS City.

Crédits Images : ©HBO

Marine Glinel