De passage à Paris pour la promotion de son prochain film Gone Girl, David Fincher en a profité pour revenir sur sa carrière et répondre aux questions du Cerveau.
Fort d’une carrière riche en succès (Fight Club, Seven,The Social Network…) David Fincher n’est plus à présenter. Ou du moins quasiment. Cependant, à l’occasion de la sortie prochaine de Gone Girl, son nouveau long métrage, le réalisateur s’est prêté au jeu de la Masterclass. Le film ne sortant pas avant le 3 octobre prochain, certaines scènes ont cependant été partagées avec l’audience avant que Fincher ne prenne la parole.
Ces extraits ont de quoi faire frissonner tant la dualité entre le quotidien dépeint par le décor, et l’inquiétude tissée par la mise en scène. 20 minutes trop courtes.
Une présentation suivi par un Fincher qui s’exprime autour du film adaptation d’un roman, Les Apparences, appuyant beaucoup sur sa collaboration avec l’auteur Gillian Flynn puisqu’elle a « entièrement retravaillé son oeuvre pour l’adapter au format du film. » Cependant, Fincher a décidé « de mettre l’accent sur certaines menaces du livre plus que d’autres. » Certains thèmes l’intéressaient plus, comme le narcissisme, « comment les gens agissent pour se construire une façade, un rôle, pour faire croire aux gens qu’on est quelqu’un d’autre.«
Pour lui, Gone Girl « était autant interessant que difficile à réaliser puisqu’il fallait continuellement naviguer entre 3 genres : un mystère, un thriller absurde et une satyre sociale.«
Pour le choix des personnages, le réalisateur s’est attardé sur l’actrice Rosemund Pike puisque « Amy est quelqu’un d’opaque, quelqu’un sur qui on ne peut pas compter ou dont on ne sait pas quoi attendre. Et Rosemund, ne sachant quel genre de personnage elle devait jouer, vu la complexité d’Amy, a parfaitement rendu ce sentiment.«
En continuant sur le personnage de Nick Dunne et sur la façon dont il est perçu, Fincher a expliqué qu’il était « surtout vu à travers le regard des femmes qui l’entourent. Amy le voit d’une certaine façon, sa soeur le voit tous les jours et donc le connait par coeur et l’inspecteur Boney ne le connait qu’à travers sa façon de réagir face à elle et en fonction de l’enquête. Le film aurait été vraiment misogyne si on avait eu les femmes d’un côté et Nick de l’autre mais là, on comprend les uns grâce aux autres.«
Series vs cinéma
Mais fort heureusement, Fincher n’était pas là uniquement pour parler de Gone Girl mais aussi revenir sur sa carrière, ses œuvres passées, présentes et futures. En matière de série, « j’adore travailler pour la télévision, malgré le format qui demande jusqu’à 3 fois plus de travail que pour un film de 2h. Mais on est en train de vivre un âge de la télévision car c’est là que sont partis tous les personnages intéressants. Comment voulez-vous établir un background crédible en 2h face à une saison ? Le cinéma devient de plus en plus du ‘distraction porn’ où tout part dans tous les sens. Alors qu’à la télé, vous pouvez prendre un personnage et le disséquer comme bon vous semble. » Un âge d’or qui profite au plus grand succès de Netflix, signé par ce dernier : House of Cards. , Un succès qui pour David Fincher, ne serait rien sans la politique d’ouverture en production qu’est ce nouveau moyen de distribution.
La série aura-t-elle un rapport quelque peu cannibale avec le cinéma ? Le réalisateur semblait confiant : « Les gens, public comme professionnels, vont là où sont les histoires intéressantes. Sans parler de l’évolution de l’environnement de visionnage. Si on a un écran géant full HD chez soi, pourquoi aller s’enfermer dans une salle sombre avec des inconnus qui parlent et utilisent leurs téléphones ? Ce qui va arriver selon moi dans les années à venir, c’est la destruction de ces capsules de 2h et 22 min. On va revenir aux fondamentaux, l’histoire et les personnages. On n’aura plus ces limites pavloviennes de doses fixes. En comparaison, lorsque vous lisez un livre, certains chapitres sont plus longs que d’autres et le lecteur ne sait pas quand il en commence un quand il se terminera. Mais peu importe puisqu’on continue parce qu’il nous plait. Voir un format pareil à l’écran serait une expérience incroyable. Ca serait l’étape suivante dans le binge-viewing.«
Gone Girl est réalisé par David Fincher avec Ben Affleck et Rosamund Pike. Il est prévu en salle en France pour le 8 octobre 2014.
Gone Girl : Bande-Annonce
Crédits : ©BraindamagedCorp2014 / ©20th Century Fox
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