The Boys saison 4 : Le monde et les règles changent dans le final (spoilers)

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3.5

Retour sur le final de la saison 4 de The Boys qui fait entrer l’univers des super-héros dans un nouveau monde. Spoilers.

On ne peut pas nier que cela a été une saison sombre et polarisante pour The Boys. Alors qu’un discours sur la baisse de qualité de la série a eu lieu tout au long de la saison en ligne, on ne va pas mentir, nous sommes passés d’un grand scepticisme au début à une agréable surprise vers la fin, avec quelques hésitations entre les deux.

Oui, à bien des égards, la saison 4 était moins bien que les précédentes. Sur le plan tonal, la série a commencé à s’éloigner de l’équilibre intelligemment calibré des années passées pour mettre trop l’accent sur l’humour dégoûtant et choc. La satire politique est désormais beaucoup plus brutale, le principal méchant étant calqué encore plus explicitement sur Donald Trump, parfois sans aucune subtilité. (Mais apparemment c’était nécessaire puisque beaucoup de téléspectateurs ne l’avaient pas encore compris).

Par rapport à l’arc cohérent de Soldier Boy (Petit Soldat en VF) de la saison 3, l’intrigue est plus dispersée cette fois-ci, plusieurs arcs de personnages individuels ont semblé répétitifs ou simplement déconnectés de l’histoire plus large. Mais la saison 3 n’a pas non plus été conçue pour satisfaire au final. Les Boys n’auraient jamais réussi à tuer Homelander (le Protecteur en VF), ils n’ont même pas réussi à tuer Soldier Boy (qui réapparait à la fin de cette saison). Il y a eu des conséquences qui sont restées, comme la maladie de Butcher et le lien de Ryan avec Homelander, mais cela semblait toujours curieusement léger.

La saison quatre n’a pas eu le même problème : avec la cinquième et dernière saison déjà annoncée, la série est libre de tout mettre en œuvre et de modifier le statu quo. Nous nous retrouvons avec une fin profondément sombre, créant vraisemblablement au moins un peu de rédemption et d’espoir parallèlement à l’effusion de sang dans les huit derniers épisodes.

Annie et son double

Le dernier épisode de la saison commence alors que les votes électoraux sont comptés le 6 janvier (date peu subtile). Robert Singer est sur le point de devenir président, et les deux principaux objectifs des Boys sont les mêmes que dans l’épisode précédent : protéger Singer de l’assassin polymorphe et perfectionner le virus pour éliminez enfin Homelander et Victoria Neuman.

L’histoire de la polymorphe n’a été introduite que dans l’épisode précédent et se termine rapidement dans la première moitié de ce final, même si elle parvient à infliger une quantité incroyable de dégâts avant d’en arriver là. Tout d’abord, elle poursuit la mascarade d’Annie en empruntant une histoire sur son arrière-grand-père et en faisant sa demande en mariage à Hughie, un geste qu’il rend en présentant la bague qu’il a reçue de sa mère. (Une scène dure à regarder quand on sait que ce n’est pas réellement Annie.)

Pour conserver la même forme, la polymorphe doit occasionnellement entrer en contact avec l’original et se « recharger ». Cette scène donne lieu à un échange intéressant entre la gentille Annie et la méchante Annie ou Erin Moriaty s’amuse à jouer les deux. Voir cette version diabolique d’elle-même donne à Annie une chance de réfléchir et de faire la paix avec sa propre ambiguïté morale.

Une fois rechargée, la polymorphe rejoint Hughie, la Crème et Kimiko dans un bunker installé pour protéger Singer. C’est à ce moment-là que Hughie rassemble vraiment les pièces du puzzle, remarquant que sa « petite amie » utilise la même phrase que la polymorphe lorsqu’ils l’ont rencontrée sous un visage différent. Il informe la Crème mais la polymorphe lit facilement leur langage corporel et lance son attaque, assassinant plusieurs agents des services secrets et brisant le cou de Kimiko avant de finalement tomber aux mains de la vraie Annie récemment échappée.

Neuman choisi son camps

Avec le complot visant à tuer le président élu déjoué, tout change pour Neuman, en particulier avec le double coup dur de Homelander exposant son identité de super-héroïne en direct à l’antenne. Il précise que lorsqu’elle deviendra présidente – parce qu’il tuera Singer lui-même si nécessaire – elle ne sera qu’une marionnette, contrôlée par l’un des seuls supers plus meurtriers qu’elle. Plus important encore, la vie de sa fille est menacée. Neuman sait maintenant, plus que jamais, que Zoé pourrait mourir si elles n’échappent pas à cette alliance cauchemardesque.

Cette saison a fait un très bon travail en justifiant ses différents retournements d’allégeance, notamment en ce qui concerne A-Train (bizarrement absent ici). La même chose est vraie pour Neuman : nous avons vu plus d’interactions que d’habitude entre elle et les Boys cette saison, entre ses conversations avec Hughie et l’équipe à la ferme de Stan Edgar.

Alors, quand elle appelle et dit définitivement qu’elle veut sortir de ce bourbier avec Protecteur, acceptant d’aider les Boys à éliminer Vought en échange de protection, le moment semble mérité. Et les supplications de Hughie auprès de ses coéquipiers semblent également méritées, après tout le traumatisme qu’il a vécu récemment (et en général). Peut-être que choisir le pardon plutôt que davantage de violence est la solution pour s’en sortir.

Bien sûr, le moment où Neuman choisit vraiment son camp, c’est aussi le moment exact où elle doit mourrir. Lorsque Butcher se présente à leur réunion (complètement possédé par Joe), l’appel de Hughie à lui faire confiance n’est pas suffisant pour l’éloigner de sa position résolue à ne pas passer d’accord. A l’image de Doc Ock de Spiderman, des tentacules jaillissent de sa poitrine, puis il soulève Neuman dans les airs la déchirant en deux, déversant ses entrailles sur ses alliés éphémères. Tout se passe très vite et personne n’est assez courageux pour essayer de l’empêcher de s’enfuir avec le nouveau virus.

Ryan se rebelle

Les scènes dans la planque de la CIA avec Butcher, Ryan et Grace Mallory sont toutes plutôt bonnes, atteignant un point culminant inquiétant et triste lorsque Ryan tue Grace en la repoussant de manière réactive lorsqu’elle menace de l’y piéger. Ryan ne veut pas adhérer aux idéaux de son père, surtout maintenant qu’il sait qu’il a violé sa mère, mais il voit des points communs dans la façon dont ils sont traités. Homelander s’est vu offrir des miettes d’affection pour nourrir sa dépendance à l’égard d’un groupe de personnes qui voulaient seulement l’utiliser comme une arme. Il est difficile pour Ryan de ne pas avoir l’impression que l’histoire se répète.

Malheureusement, la résistance de Ryan à sa nouvelle mission (tuer son propre père) pourrait être ce qui le condamne si Butcher atteint un point de non-retour en utilisant le virus sur le fiston qu’il a juré de protéger. Après tout, il n’a pas hésité à sacrifier Neuman et à mettre le feu à sa relation avec son ancienne équipe. Et malgré le sourire narquois de Butcher alors qu’il s’enfuit dans la nuit, il est difficile de nier que l’Amérique dirigée par le Président Calhoun sera un endroit pire que l’Amérique d’une semaine auparavant.

Tout part en vrille

Calhoun est fermement sous le contrôle de Homelander, et sans apparemment aucun principe ni aspiration propre, il est une marionnette plus idéale que Neuman ne l’aurait jamais été. C’était, d’une manière générale, le plan de Sage (qui se confirme une véritable antagoniste) depuis le début. Bien sûr, il y a eu des faux pas et des obstacles imprévus, mais rétrospectivement, elle a fait un excellent travail en mettant tout en place pour que le plan plus vaste ne puisse pas vraiment échouer.

Singer n’est peut-être pas mort, mais il fait un parfait bouc émissaire lorsque Neuman meurt. L’Homme-Poisson, Black Noir et Firecracker éliminent facilement tous ceux qui, chez Vought, ont des dossiers compromettants sur les Sept, apparemment sans aucune conséquence juridique. Et une fois que Homelander a ordonné de rassembler les soi-disant Stellactivistes de l’État profond, Marvin, Hughie, Frenchie et Kimiko (qui a poussé un cri déchirant pour la première fois) sont retrouvés et emmenés par des supers (y compris les Gardiens de Godolkin de Gen V). Seuls Annie et Butcher sont libres et le pays est plongé dans le chaos.

C’est une saison désordonnée mais convaincante qui se termine avec une vision de l’Amérique qui n’est pas si différente de ce qui a été récemment exposé dans Project 2025, (un programme radical et extrémiste des Républicains qui pourrait être mis en place si Trump gagne la présidentielle).

À ce stade de la série, la satire n’a peut-être pas le même punch qu’au cours des deux premières saisons, mais l’idée de la dystopie des Boys semble toujours aussi familière.

The Boys est disponible sur Prime Video.

Crédit ©Prime Video

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