Critique d’un premier épisode intéressant pour The Assassination of Gianni Versace : American Crime Story.
FX et Ryan Murphy remettent le couvert avec une nouvelle saison de American Crime Story. Deux ans après The People vs OJ Simpson, c’est au tour du meurtre du célèbre couturier Gianni Versace d’être disséqué par la série. Elle est basée sur le livre Vulgar Favors de Maureen Orth et il faut savoir que la famille du couturier s’est opposée à cette série qu’elle qualifie de “travail de fiction”. C’est aussi probablement douloureux de revivre cette histoire.
Ainsi, si elle est clairement basée sur des faits réels et que les personnages portent les noms de véritables personnes, il faut garder en tête que c’est par moment romancé. Ce n’est pas un documentaire historique, c’est une fiction basée sur une véritable histoire. C’est ce qu’il faut garder en tête mais cela n’empêche pas de réaliser à quel point cette affaire est d’une grande tristesse et qu’elle fait aussi le portrait d’un psychopathe que personne n’a arrêté.
Un FBI incompétent
En 1997, Cunanan était sur la liste des gens recherchés par le FBI et il était trouvable. Mais parce que ses crimes étaient liés au milieu homosexuel, rien n’a vraiment été fait pour l’arrêter. Avant Versace, il a tué quatre autres personnes. C’est l’un des plus grands ratés de l’histoire du FBI et cette affaire a en quelque sorte poussée l’agence à revoir ses méthodes. Il sera ainsi intéressant par la suite de voir la réaction du FBI qui a très mal fait son travail.
Ce qui est intéressant avec cette série, c’est que Ryan Murphy a le talent de prendre des histoires célèbres, connues de tous, qui ont fait la une des magazines et passionné le public. Mais il arrive toujours à montrer un côté de l’histoire que le public ignore. Et ce qu’il arrive surtout à faire, c’est révéler à plus grande échelle, des choses sur la société. Ce n’est pas seulement le meurtre de la personne en question ou pourquoi le meurtrier a fait ce qu’il a fait – même si c’est important – c’est aussi une étude et un regard sur la société. Comment est-on arrivé à cet extrême alors que ce meurtre aurait pu être évité ?
Un casting de choix
Du côté des acteurs, les choix sont parfaits. Edgar Ramirez est étonnant dans la peau de Gianni Versace, Darren Criss est très juste (presque effrayant) dans son portrait de Cunanan et Penelope Cruz est assez bluffante en Donatella Versace. Si dans un premier temps son choix est étrange pour incarner la soeur du couturier, elle s’avère être le choix parfait. Qui aurait cru qu’un espagnole pourrait jouer une italienne aussi bien ? Et pourtant, ça fonctionne. C’est une femme fascinante qui a réussi à reprendre l’héritage de son frère et a fait de Versace ce que la marque est aujourd’hui. Sa personnalité sera intéressante à voir dans la série.
Le petit bémol est Ricky Martin. Le Cerveau n’a rien contre lui, il est même assez touchant dans le rôle d’Antonio D’Amico, le compagnon de Versace. Le seul souci, c’est qu’on a du mal à ne pas se dire que c’est Ricky Martin. Il va probablement falloir quelques épisodes avant qu’il ne disparaisse complètement derrière le personnage. Un personnage qui est traité par la police comme un vulgaire mac alors qu’il a partagé 15 ans de sa vie avec Gianni. Et Donatella le rejette aussi, le laissant seul avec sa souffrance. Lui aussi a perdu l’homme de sa vie et il n’est pas du tout considéré. Là aussi il y a un commentaire par rapport à la société qui, il a 20 ans, ne donnait aucune valeur aux relations de même sexe. Antonio aurait été une femme, il aurait été traité différemment.
Du pur Ryan Murphy
Du côté de l’esthétisme et de la réalisation de la série, c’est du pur Ryan Murphy. Si vous suivez son travail depuis Nip/Tuck, voire Popular, vous reconnaîtrez son style de réalisation avec des plongées, contre-plongées et autres balayages de caméra. C’est parfois grandiloquent avec un côté baroque mais ça rentre complètement dans l’univers de Versace. Ces mouvements de caméra sont tout de même moins sec et moins violent que dans The People vs OJ Simpson qui donnaient parfois le tournis.
Dans sa construction, la série est aussi très intéressante parce qu’elle commence avec le meurtre et revient ensuite sur la rencontre de Gianni et d’Andrew des années avant. On a ainsi un flashback qui remonte à 1990 et qui montre comment Andrew est entré dans la vie de Gianni. Le reste de la série devrait revenir sur les détails de ce geste impensable.
Ce premier épisode met toutes les pièces du puzzle en place. Un puzzle sanglant sur fond de mode et de glamour mais qui va certainement disséquer comment le système est passé à côté de cet individu dangereux qu’était Cunanan. On sait ce qui c’est passé, on sait que Cunanan a tué Versace, ce qu’on ne sait pas vraiment, c’est pourquoi il a fait ce qu’il a fait.
The Assassination of Gianni Versace : American Crime Story sera bientôt diffusé sur en France sur Canal+.
Crédit ©FX
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