«Je n’ai pas choisi la violence. C’est la violence qui m’a recruté.» *
Si le cinéma américain a été le principal fournisseur officiel de films traitant du 11 septembre, Bollywood s’est également penché sur le sujet. L’industrie cinématographique indienne livre une vision sans concession des événements en analysant ses répercussions. Et surtout en tentant de répondre à la question suivante : a-t-on jamais prêté attention au vécu postérieur au 11 septembre de la population d’« allure musulmane », devenue une sorte de bouc émissaire de toute une nation ?
Trois films indiens — New York, Kurbaan et My name is Khan — gravitent autour de ce sujet. Ils nous invitent à voir de l’autre côté du miroir. Attention, avoir trois bonnes heures devant soi pour les visionner est nécessaire.
Ces trois films parlent des Indiens dans une Amérique devenue aliénée après les attentats. Il est intéressant de voir les États-Unis à travers le prisme de Bollywood. Si New York de Kabir Khan et Kurbaan (qui signifie sacrifice) de Karan Johar sont plus violents et cyniques dans leur narration, My name is Khan de Karan Johar relève davantage du conte à la Forrest Gump.
New York et Kurbaan traitent de la vengeance après l’humiliation. Dans l’un, un étudiant indien évoluant dans un campus se retrouve accusé sans preuve de terrorisme juste après les attentats. Son tort : porter un nom à consonance musulmane. Commence le calvaire. Traité comme un animal, il va être supplicié dans une prison spéciale. Cet étudiant est une victime du 11 septembre. Il fait partie des victimes invisibles, muettes, qui perdent quotidiennement la bataille des droits de l’Homme.
Kurbaan : Bande annonce
Même son de cloche dans Kurbaan, où un professeur biberonné à la haine se marie avec une Indienne installée aux États-Unis pour assouvir sa vengeance. Le film est troublant, car si on est dans le meilleur des mondes au départ, on danse et on chante, Kurbaan bascule très vite dans le thriller anxiogène. Le Cerveau n’en dira pas plus !
Ces deux films explorent la frustration et la colère qui peuvent amener des hommes normaux à commettre des actes désespérés. Ils expliquent le cheminement de ces hommes en nous apportant des clés de compréhension pour justifier leurs violences sans pour autant les cautionner.
My name is Khan est plus un mélodrame qui donne une leçon sur l’islam et la tolérance dans les États-Unis de l’après 11 septembre. C’est l’histoire d’un enfant musulman, Rizyan Khan, né en Inde et atteint du syndrome d’Asperger. Devenu adulte, il se marie avec une mère célibataire hindoue et part avec elle s’installer à San Francisco. C’est le bonheur… qui se fissure. À la suite du 11 septembre, sa famille éclate dans la psychose ambiante. Son handicap le rend suspect et Khan va se retrouver sur le banc des accusés : les estampillés terroristes. Son leitmotiv, « Je m’appelle Khan, et je ne suis pas un terroriste », n’arrange rien à ses affaires et effraie plus qu’il ne rassure les services de sécurité.
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