Réalisation : Lee Daniels
Casting : Forest Whitaker, John Cusack, Robin Williams, Alan Rickman, James Marsden…
Titre original : LEE DANIELS’ THE BUTLER (Etats-Unis)
Genre : Drame, Biopic
Année de production : 2013
Durée : 2H12 mn
Distributeur : Metropolitan Film
Sortie en salles le 11 Septembre 2013
Le Majordome, sous l’œil de Lee Daniels, offre un nouveau regard sur la lutte des noirs, la ségrégation et l’égalité des droits aux USA. Une épopée (extra) ordinaire de Forest Whitaker à la Maison Blanche avec un casting de choix.
Des champs de cotons, à Brown Vs Board of education, jusqu’à l’élection d’Obama à la présidence des Etats-Unis, Le Majordome est une fresque poignante de l’état des noir-américains du début du 20ème siècle jusqu’à nos jours. Une peinture d’une condition ethnique et sociale portée par un homme dans la peau de Forest Whitaker, entouré d’un casting de choix et sous l’œil de Lee Daniels (Precious, 2009).
À travers le regard de Cecil Gaines, Majordome noir à la maison blanche, Le Majordome retrace l’évolution de la vie politique américaine, l’accès des noirs à l’égalité des droits et des relations entre communautés. De l’assassinat du président Kennedy et de Martin Luther King au mouvement des « Black Panthers »…Cecil vit ces événements de l’intérieur, mais aussi en père de famille, avec un fils pas souvent en accord avec les choix de son père.
My sweet black family
C’est à travers la vie d’une famille que le spectateur va traverser un siècle de vie dans la peau d’un afro américain, avant, pendant, et après les Civil Right Acts qui ont mis fin à la ségrégation aux USA jusqu’à l’arrivée du premier président noir du pays. La vie des gens de couleurs exacerbée par les différentes tragédies vécues par cette famille un peu comme toutes les autres, bien que privilégiée.
Cette famille c’est celle de Cecil Gaines, majordome noir à la Maison Blanche. Un noir favorisé, auraient pu dire certains, puisque travaillant dans une des plus grandes institutions gouvernementales. Un travail propre, pour une famille noire avec une situation, contrairement à d’autres bien moins loties ou acceptées aux USA. Mais une famille néanmoins confrontée à une réalité raciale à laquelle elle ne peut échapper même si elle souhaite juste mener une vie paisible. Une famille bien loin d’être aussi privilégiée qu’on ne le pense, avec son lot de drame familiaux et autres tragédies.
Témoin silencieux
Ce qui rend ce récit historique plus poignant, c’est l’état de ce domestique au sein du gouvernement. A défaut de vivre ce pan de l’Histoire à travers une peinture politique agressive de la condition des noirs, comme dans Malcolm X, Le Majordome offre une vision bien plus douce mais tout aussi intense. Une vision presque « normale », banalisée et assez fidèle à l’Histoire, entrecoupée d’images d’archives sans en enlever tout le poids et le sentimentalisme qu’elle requiert.
La condition de Cecil Gaines, ce noir éloigné de toute pensée politique, vivant les réformes de son pays de l’intérieur sans jamais vraiment les influencer, offre un nouveau regard sur la position de cette communauté au sein d’un état post-isolationnisme, engagé en pleine Guerre Froide et en position de force sur la scène internationale.
Comme un témoin de première ligne observant silencieusement les choix de la présidence vis à vis de ses concitoyens noirs. Une condition équilibrée avec intelligence par le combat mené par son fils aux côtés des mouvements pour les droits des Noirs de Martin Luther King. Un personnage passif face à un militant pour donner plus de poids et plus de pathos à cette minorité ethnique qui a souffert avant d’accéder à l’égalité totale. Sans bien évidemment altérer tout le patriotisme inhérent à un film de ce genre.
The West Wing
Le Majordome, c’est aussi un retour sur près de 60 voire 80 années d’Histoire et de Politique Américaine. Sans entrer dans les détails, le film revient sur des évènements marquants de la politique US, comme le scandale du Watergate, le prise de position d’Eisenhower et son intervention militaire pour l’ouverture des Université aux noirs (Brown vs Board of Education), avec justesse et surtout beaucoup d’intelligence.
Une vue d’ensemble de différents bureaux ovales, d’Eisenhower à Reagan en passant par la mort de Kennedy, la succession de Lyndon Johnson, le président beauf qui n’a jamais eu les épaules pour supporter ce poste (illustré avec brio dans une séquence mémorable)… Lee Daniels et Danny Strong ont su retranscrire dans les grandes lignes le caractère singulier, austère, joyeux ou dramatique de chaque présidence de ce pays, au-delà de leurs impact sur la communauté noire.
God Bless America
Un véritable défi relevé haut la main et de manière très habile pour un biopic intense et émouvant d’un personnage sur lequel un public français ne se serait sûrement jamais attardé. Avec Oprah Winfrey, Mariah Carey, Jane Fonda, Lenny Kravitz, Vanessa Redgrave, Robin Williams ou Alan Rickman en parfait Ronald Reagan, Le Majordome fera à coup sûr couler quelques larmes chez les spectateurs, comme Obama qui n’a pas résisté au film . Avec autant de sentimentalisme et un sujet pareil, il est bien normal.
Le Majordome : bande annonce
Crédit photos : Metropolitan Film Export
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