Critique du début de la troisième et dernière saison de The Deuce qui s’aventure dans les années 80.
Le monde de l’industrie du film pour adultes s’agrandit dans la saison 3 de The Deuce et fait un saut dans le temps. Après deux saisons passées dans les années 70, la saison finale fait un bond dans les 80’s et explore ce business en plein boom. Times Square est en plein embourgeoisement et l’industrie du porno plonge dans l’ère de la VHS. L’intrigue reprend à l’aube de l’année 1985 et montre l’évolution des choses après la clandestinité des années 70. Le paysage à changer et les gens ont évolué.
Cette nouvelle saison élargit ses horizons puisqu’on passe du temps à Los Angeles où la production de films est en train de fleurir. Les premiers épisodes de la saison établissent que l’industrie a pris un tournant, elle est sortie de la 42ème rue pour s’émanciper à Hollywood. Et c’est à travers le personnage de Lori Madison, devenue une star du porno (et toxico), que la série explore l’industrie sur la côte ouest des Etats-Unis.
Queen Maggie Gyllenhaal
Candy/Eileen, est brut de décoffrage, à fleur de peau et ne recule devant rien. Candy est différente des autres pornographes et elle réalise rapidement dans cette saison que son approche artistique n’est pas à son avantage. Pourtant, elle persévère et continue de vouloir faire des films qui ont du sens à ses yeux. Elle refuse aussi de mentir sur ce qu’elle fait et reste honnête envers elle-même et les autres.
Maggie Gyllenhaal reste incontestablement la force de la série et incarne Candy à la perfection. L’évolution de son personnage est indéniable. Candy est le visage de femmes qui se battent dans un milieu difficile. Un milieu où les femmes sont traitées comme de la marchandise et ne sont pas respectées. Candy a des principes, même si certains ont du mal à comprendre sa démarche, c’est une féministe et elle reste honnête dans ce qu’elle fait.
Vacille entre plusieurs mondes
Cette saison 3 est moins violente que les précédentes mais la série reste brutale par son essence. La mafia joue toujours un rôle important et la prostitution est toujours rampante dans un quartier qui change.
La série continue ainsi de vaciller entre plusieurs mondes qui se rejoignent. Il y a plusieurs facettes dans cette industrie du sexe, que ce soit la prostitution ou la pornographie et la série tente de les représenter avec justesse.
The Deuce est une série fascinante qui n’a pas peur de montrer la perversité de l’humain et les horreurs qu’il peut commettre mais aussi sa vulnérabilité. C’est une série qui mérite bien plus d’attention qu’elle n’a jamais eu mais elle est hantée par les accusations contre James Franco. Elle est très bien écrite et offre des personnages intéressants dans un milieu qui n’a pas bonne réputation mais qui rapporte des millions.
Reflet d’une société
Les co-créateurs David Simon et George Pelecanos ont toujours été de grands observateurs de la société et de l’évolution des moeurs. Que ce soit avec The Wire ou Treme, leurs séries ont toujours eu cette authenticité et The Deuce n’en démord pas. La saison 3 de The Deuce fait le reflet du capitalisme américain et de sa fausse pudeur. The Deuce est bien plus qu’une série sur le sexe et la pornographie, c’est une série qui fait le portrait d’une société durant une certaine époque, à travers un sujet tabou.
La série ne peut pas plonger dans les années 80 sans aborder la question du Sida. On est à une époque où cette maladie fait des dégâts sans précédents et décime une grande partie de la population. Le regard que pose la série sur cette épidémie est important et les premiers épisodes de la saison aborde le sujet avec intelligence. Sans trop en dire, un personnage est malade et fait tout pour accomplir son rêve, même en se sachant condamné.
Réalisation au top
Visuellement, The Deuce continue d’être un bijou qui capture avec justesse l’époque où les événements se déroulent. On est vraiment au coeur des années 80, la scène a changée, les années 70 des deux premières saisons sont bel et bien derrière et la série entre dans une nouvelle ère, cela se voit à l’écrant
The Deuce est par moment très scolaire et un peu lente, mais la série n’oublie pas de montrer de vraies des personnages avec de la profondeur et des sentiments. Si on regrette parfois le manque de développement sur certains, en créant des personnages comme Candy ou Lori, la série a humanisé des femmes qui sont souvent maltraitées et jugées par leur profession.
Après visionnage des trois premiers épisodes, cette saison 3 semble se diriger vers une conclusion assez satisfaisante mais on attend de voir la fin avant de se prononcer définitivement dessus.
The Deuce, c’est le mardi sur OCS.
Crédit ©HBO
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