Critique du premier épisode de la saison 2 de American Crime, brillante anthologie signée John Ridley.
John Ridley a encore frappé. Après une première saison excellente de l’anthologie American Crime, le scénariste et créateur propose une deuxième saison qui semble être à la hauteur de la première. Du moins, le premier épisode pousse à croire que cette nouvelle histoire, aussi difficile qu’elle puisse être, sera du même acabit que la saison 1. La première saison était centrée sur le système judiciaire et les problèmes raciaux tandis que la saison 2 se penche sur le système scolaire américain et les crimes sexuels.
Une soirée qui dérape
Dans cette seconde saison, sur le modèle de American Horror Story, si certains acteurs sont de retour, on change complètement de lieux, de personnages et d’histoire. Les événements se déroulent dans un lycée où des photos et une vidéo lors d’une soirée d’un adolescent vont faire le tour de l’établissement. Ce sont des images peu flatteuses où on le découvre ivre et désorienté. Ces images vont être le déclencheur de l’histoire. Sa mère va découvrir les images et demander des explications à son fils. Elle découvre qu’il aurait été drogué et qu’on a abusé de lui. Cette mère, désemparée, va partir au combat et demande justice pour son fils. Lili Taylor est excellente dans le rôle de la mère qui ne réclame que la justice pour son fils. Un peu à l’image du personnage de Felicity Huffman dans la saison 1. On espère juste qu’elle ne s’avérera pas aussi horrible en s’en prenant aux mauvaises personnes.
Un sujet difficile
John Ridley propose ici une histoire qui ne sera pas facile à regarder, comme pour la saison 1, mais il propose surtout une histoire qui est très rarement racontée à la télévision. Le viol est un sujet délicat, très rarement traité et il est encore moins traité quand la victime supposée est un garçon. La narration de Ridley est brillante et son histoire est portée par des acteurs exceptionnels. On est avec les personnages, on suit l’évolution des événements en même temps qu’ils les vivent. L’histoire est racontée à travers les yeux des personnages et non via un tiers. C’est ça, la force de American Crime, il n’y a pas de flashbacks et le téléspectateur doit se faire lui-même une idée de ce qu’il s’est réellement passé. C’est la parole de la victime contre celle des accusés et la série n’a pas recours à des retournements à tout va pour faire passer son message. On se croirait presque dans un documentaire tant la série est authentique.
Critique de la société américaine
Encore une fois, Ridley touche à des sujets délicats. La violence sexuelle, les disparités sociales et le système scolaire américain sont au coeur de ce deuxième paragraphe dans cette anthologie. Une critique d’une société américaine qui est loin d’être parfaite. Ridley pose un regard très intéressant dessus et il est aidé par un casting brillant. American Crime va au coeur de ses personnages mais n’est jamais condescendant et regarde la société à travers eux.
On sent aussi l’ambition de Ridley qui ne se met pas de limites et n’est pas frileux. Il est très difficile sur un network comme ABC de traiter de sujets aussi durs mais, contrairement à The Slap sur NBC qui n’est pas allé jusqu’au bout de son idée, American Crime y arrive. On sent aussi une légère différence par rapport à la saison 1 qui était très oppressante. Dans ce premier épisode de saison 2, on trouve des moments de respiration, contrairement à la première, qui était parfois la limite de la suffocation. John Ridley a trouvé une meilleure balance dans les émotions. Et tout comme la saison 1; la réalisation dépouillée, en plans serrés et avec très peu de musique, capte tout de suite l’attention du téléspectateur qui accroche dès les premières minutes. Espérons que la suite de la saison soit aussi captivante que ce premier épisode.
Crédits images ©ABC
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