Critique de Mistress America une comédie sur la réalisation des rêves dans la vie. 

Mistress America c’est l’histoire de Tracy (Lola Kirke), jeune étudiante en littérature à la fac à New-York. La Grosse Pomme fait rêver la jeune fille mais celle-ci va très vite déchanter. Elle s’ennuie en cours, sa colocataire est exécrable et pour couronner le tout, elle est amoureuse d’un garçon, déjà en couple avec une fille jalouse maladive. A la faveur du remariage de sa mère (Katherine Erbe, l’équipière de Vincent d’Onofrio dans New-York Section Criminelle), elle fait la connaissance de Brooke (Greta Gerwig) sa demi-soeur trentenaire. Grâce à elle, Tracy va découvrir le vrai New-York, celui dont elle rêvait.

La jeune Tracy est également la narratrice de Mistress America et le spectateur évolue en même temps qu’elle. D’abord déprimée par son environnement à la fac, elle renaît grâce aux « bons plans » de sa future belle-soeur. Tracy qui rêve de devenir écrivain trouve en Brooke, le sujet d’inspiration parfait pour une nouvelle qu’elle veut soumettre au club de littérature de la fac qui jouit d’une excellente réputation.

Femme modèle et modèle de femme

Mistress America c'est quand le bonheur Illu Greta GerwigPetit à petit, Brooke, jolie trentenaire célibataire pleine d’énergie et de projets devient un modèle pour la jeune Tracy. Celle-ci décide de l’accompagner partout et surtout de la suivre dans son futur projet de restaurant-salon-de-coiffure-bar-comme-à-la-maison. Elle se laisse totalement séduire par cette jeune femme qu’elle rêve d’être. Noah Baumbach dresse ici le portrait des femmes de 2015. A qui on demande d’être aussi fortes et courageuses que les hommes. Il faut savoir être parfaite, comme Mini-Claire, l’ennemie jurée de Brooke depuis le lycée qui s’est construit une petite vie cliché : clubs de lecture entre copines de la haute société, dressings remplis de tenues pour se changer plusieurs fois par jour, pavillon spacieux de banlieue pour étaler sa réussite sociale avec l’ex-petit copain de Brooke devenu très riche. De son côté, Brooke doit paraître forte et décidée sur son projet pour convaincre de futurs investisseurs masculins. Ce qu’elle parvient à faire avec l’aide de Lola et sa philosophie familiale : « quand on tombe, on se relève et on avance« .

Héritage

Mais leur malaise qui transparaît tout au long du film finit par éclater au grand jour. Avec cette grande question que chaque être humain, homme ou femme se pose : « que vais-je laisser une fois que j’aurais quitté ce monde ? » La réponse, Lemmy Kilmister, le leader de Motörhead disparu récemment la donne en partie : « à vingt ans, tu penses que tu es immortel, à trente, tu espères que c’est vrai, à quarante tu pries pour que ce ne soit pas trop douloureux« . Un sentiment partagé dans le film par Brooke qui pense qu' »à partir de trente ans, les années semblent passer plus vite » et qu’il faut accomplir quelque chose dans sa vie avant qu’il ne soit trop tard. 

Mistress America c'est quand le bonheur Illu

Mais « réussir sa vie » n’est pas non plus une question purement matérielle. Derrière la belle image d’Épinal de Mini-Claire et son mari se cache de douloureux secrets. D’abord un mariage de raison, sans doute dicté par la pression sociale. Ensuite, le désir d’enfant non assouvi de Mini-Claire. Surtout lorsqu’elle avoue qu’elle et son mari n’ont pas du tout de relations sexuelles. C’est à chacun de trouver sa propre réponse pour savoir s’il a réussi sa vie.

Réalisation intime

Chacun devrait également se reconnaître dans les personnages par leurs caractères et les événements qui traversent leurs vies respectives. Un sentiment de proximité renforcé par la réalisation « intime » de Noah Baumbach qui aime filmer ses acteurs en plan serré voir gros plans pour capturer au mieux l’expression des sentiments et des émotions.

Un joli film porté aussi par ses acteurs. Greta Gerwig mais surtout Lola Kirke en tête. Une actrice à suivre dans les prochaines années. Mention spéciale à Jasmine Cephas-Jones, assez exceptionnelle en petite amie ultra-jalouse qui voit de la tromperie absolument partout. Même quand il n’y en a pas. Grâce à eux, on passe un moment de réflexion certes, mai surtout un bon moment.

Bande-Annonce VOSTFR Mistress America

 

Crédits Images ©20th Century Fox