Little Birds : Plongée dans un maghreb colonial érotique et féministe
Quand on parle des années coloniales françaises, on pense rarement féminisme. Pourtant Little Birds est un véritable bijou de la plateforme Starzplay, entre la fable d’initiation à l’érotisme, le pamphlet féministe et historique, sur fond de colonialisme.
Little Birds, loin de son titre, ne raconte pas l’histoire de petits oiseaux comme tout le monde s’en doute. Il suit une jeune femme américaine, promise à un mariage et en route pour la vie exotique puisqu’elle va rejoindre son futur mari à Tanger. Lucy Savage est une héritière new-yorkaise fraîchement débarquée à Tanger et prête à se lancer dans un aventure malgré un passé compliqué, ponctué d’anxiété. Pourtant, dès son arrivée, l’accueil de son fiancé n’est pas celui qu’elle espérait. Sans y réfléchir à deux fois, elle décide alors de prendre ses valises et parcourir cette ville marocaine qui, elle le remarquera, a beaucoup à offrir…
Little Birds est une véritable histoire d’émancipation tant personnelle que sexuelle, puisqu’elle va se lier d’amitié avec une prostituée marocaine aux antipodes non seulement de son éducation de jeune fille,, mais aussi des stéréotypes à l’égard des femmes sous le joug du colonialisme dans des pays musulmans.
Rares sont les séries de costumes qui s’installent dans des décors coloniaux, notamment concernant l’histoire de la colonisation française. Cette plongée au cœur d’une ville maghrébine haute en couleur et en sensualité, propose une autre vision de l’imagerie coloniale, à l’heure où ceux qui ont comme héritage ces cultures, cherchent à se réapproprier une histoire qu’ils connaissent peu. Une histoire loin des stéréotypes notamment attachée à la femme indigène et maghrébine.
Femmes arabes, libres et résistantes
On aime cette peinture de femmes libres et intelligentes, jouant des colons et de leur statut pourtant limité. Comme l’explique l’interprète de Cherifa Lamour, cette prostituée qui va se lier d’amitié avec Lucy, malgré tout ce qui les oppose. Pour Ymna Marwan, actrice libanaise, il est important “d’écrire, produire et montrer nos histoires. De se réapproprier cette Histoire dont on parle peu car je pense que cela peut avoir un grand impact sur les spectateurs, quels qu’il soient déjà. Mais surtout sur ceux que ca peut toucher directement comme les descendants d’immigrés venus de ces pays colonisés. »
Pour elle montrer des femmes arabes libres et courageuses est une manière de déconstruire les clichés et mythes autour des femmes musulmanes, peu importe ce qu’elles peuvent porter : « Vous savez dans nos communautés, nos familles, ce sont les femmes qui sont à la tête de tout. Ca a toujours été une évidence pour moi. Elles ont toujours été dans le contrôle d’elle-même mais aussi des hommes qui les entourent. Elles sont fondamentalement plus libres qu’on l’imagine, et c’est ce que montre bien Little Birds. Malgré le statut social de Cherifa, qui est littéralement un jouet pour les colons, elle est une femme libre et résistante, et en plein contrôle d’elle-même. Dans nos sociétés (arabes/ndlr) ce sont en majorité les femmes qui portent la culottes, qu’on ne s’y m’éprenne. Et j’aime que la série prenne le temps de montrer cela ».
Little Birds brise beaucoup de mythes, de tabous et de stéréotypes, alors que pourtant elle se déroule bien avant les mouvement d’émancipation de la femme et surtout dans un contexte colonial assez difficile pour tous les pays qui ont été colonisés. Elle est une série colorée et exotique certes, une véritable invitation au voyage dans une esthétique digne du cinéma des années 50, sur fond d’érotisme, mais elle est surtout l’histoire de cultures et personnages résistants, de personnages féminins hors normes, même quand leur libertés sont limitées, que ce soit en Orient ou à l’Occident.
Connecte tes Neurones à Brain Damaged sur