Critique des premiers épisodes de Feud Capote vs The Swans, où quand Truman Capote s’est retrouvé en grippe avec des femmes de la Haute Société New-Yorkaise. Une série au casting prestigieux.
Sept ans après la saison 1 qui mettait en scène la rivalité de Joan Crawford et Bette Davis, Feud revient avec une autre querelle de gens fortunés. A l’origine, la saison 2 de Feud devait se concentrer sur le Prince Charles (aujourd’hui roi d’Angleterre) et la princesse Diana, mais au lieu de cela, c’est une autre histoire basée sur des faits réels que l’anthologie produite par Ryan Murphy a décidé de couvrir et c’est une des meilleures décisions jamais prise par cette société de production.
Feud Capote vs The Swans (Les Trahisons de Truman Capote en VF) est basée sur le livre à succès Capote’s Women de Laurence Leamer, et propose une histoire qui saute dans le temps sur l’aigreur et l’isolement dans la haute société new-yorkaise, menée par Truman Capote et ses amies et ennemies les plus proches. Des femmes qu’il compare à des Cygnes, majestueuses à la surface, mais compliquées à l’intérieur.
Le “Gay Best Friend” traître
Au lendemain du succès de son livre De sang-froid, Truman Capote (Tom Hollander, vu récemment dans la saison 2 de The White Lotus) est très demandé, passant d’une apparition dans un talk-show à un dîner mondain, adoré mais souvent craint par les femmes riches qui règnent en maître sur New-York. Il est l’ami gay tendance à avoir à ses côtés, celui à qui se confier, une épaule sur laquelle pleurer quand les maris sont volages. Il est aimé par ceux qui réussissent et détesté par les autres.
Son amie la plus proche est Babe Paley (incarnée par une Naomi Watts exceptionnelle), une rédactrice en chef de magazine devenue mondaine, dont le mariage lucratif et autrefois amoureux avec Bill Paley (le regretté Treat Williams) s’est maintenant détérioré après ses nombreuses liaisons. Capote a sa confiance et celle d’autres femmes qui déjeunent à ses côtés (jouées par un casting brillant composé de Diane Lane, Chloë Sevigny, Calista Flockhart, Molly Ringwald et Demi Moore), gardant leurs nombreux secrets avec lui en échange de sa présence magnétique, les régalant d’histoires sinistres de riches et célèbres.
Mais lorsque la plume de Capote commence à s’aiguiser contre elles, avec la publication d’un extrait de son nouveau livre, qui utilise les détails sordides de la vie de Babe comme fourrage, la dynamique commence à se fracturer. Truman a trahi la confiance de ses amies et elles finissent par l’ignorer. Sa trahison fait mal parce que plus on aime quelqu’un plus ça nous touche et Capote n’avait pas nécessairement réfléchi à ça.
Une réalisation et des acteurs de choix
Les deux premiers épisodes sont absolument fascinants et recréent cette époque des années 60, 70 et 80 avec brio. La réalisation de Gus Van Sant apporte également beaucoup et les acteurs et actrices sont vraiment fabuleux.ses.
L’œil du réalisateur sur ces personnages est très délicat et sa camera capte à merveille la richesse mais aussi la solitude des gens riches. On a d’un côté cet homme gay désespéré de faire partie de ce cercle de « happy few » et de l’autre, des femmes dont ils se sert pour monter les échelons de la société mondaine de New York de l’époque.
Les complexités contenues dans les amitiés qui fleurissent, et souvent pourrissent, entre femmes hétérosexuelles et hommes homosexuels ont rarement été examinées avec autant de profondeur, ce qui n’est pas surprenant étant donné les questions de représentation spécifique, mais surprenant par les opportunités dramatiques qu’elles offrent.
Un Capote complexe
Le personnage de l’ami gay a surtout été un trope en surface à l’écran, alternant clins d’oeil solidaires et blagues salaces, toujours dans l’ombre de la femme qu’il soutient. Capote est conscient de sa place dans le système et il joue bien son rôle. C’est le meilleur ami gay que personne ne soupçonne. Ces femmes (et les hommes cishet qui les entourent) lui font confiance parce qu’il n’est pas vu comme une menace.
Si la série est une production de Ryan Murphy c’est Jon Robin Baitz (Brothers & Sisters, Stonewall) qui est à l’écriture de la série. Il offre un regard plein de nuances et complexe sur Capote qui certes a trahi ces femmes, mais qui lui aussi traverse son lots de problèmes. Capote peut être un personnage épuisant, méchant et égoïste mais il est charismatique et réfléchi.
Il est imprévisible, il passe de gentil confident à traitre sans vergogne, un changement qui est généralement alimenté par une consommation d’alcool en constante augmentation. Mais il est aussi victime d’abus physique et est hanté par sa mère bourreau (la magnifique Jessica Lange), ce qui le rend vulnérable. Tom Hollander est un virtuose dans ce rôle. Il évite le piège de l’imitation facile et offre le portrait de quelqu’un déterminé à sombrer dans l’abîme, entraînant tout et tout le monde avec lui.
Feud Capote vs The Swans est à voir chaque jeudi sur MyCanal.
Crédit ©FX
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