Bilan critique pour la première série originale de Harlan Coben The Five, très réussie.
L’un des thèmes de prédilection d’Harlan Coben est la disparition. Dans la majorité de ses romans, le héros est à la recherche d’une personne qui a disparu, souvent longtemps auparavant. Il n’est pas ainsi étonnant que sa première série originale The Five soit encore une fois sur une disparition.
Ici, l’histoire débute en 1995. Mark, Prue, Danny et Slade, des adolescents, s’amusent en forêt. Agacés par la présence du petit frère de Mark, Jesse, 5 ans, les quatre amis ne cessent de le houspiller. Jesse finit par s’enfuir et disparaître. Vingt ans plus tard, Mark s’est spécialisé dans la recherche de personnes disparues, Slade dirige un foyer pour jeunes fugueurs, Pru est, quant à elle, devenue médecin, tandis que Danny est policier. Ce dernier découvre l’ADN de Jesse sur une scène de crime et comprend qu’il pourrait être en vie. Il mène l’enquête sur ce meurtre, s’interrogeant sur l’implication éventuelle de Jesse dans cette affaire…
Série à revoir
Harlan Coben, qui a supervisé tous dans sa série, du casting au scénario, au découpage des épisodes, applique la même recette à The Five qu’à ses romans. On retrouve sa patte tout au long de la série. Et ses méthodes fonctionnent tout aussi bien à la télévision. Les 10 épisodes sont haletants, le suspens bien présent et les divers éléments, retournement de situations et révélations s’enchaînent dans un rythme déchaîné. Et malgré un thème qu’il a écrit tant de fois, il trouve une résolution originale et qui tient la route. Une résolution qui demande à voir la série une seconde fois, pour apprécier d’un autre oeil les interactions et actes de certains personnages.
En effet, aucun élément n’est laissé au hasard. Si nos héros trouvent des indices parfois un peu trop facilement, et si les coïncidences sont parfois un peu trop heureuses (ou malheureuses), on reste dans les limites acceptables du genre. Et l’intrigue reste cohérente de bout en bout et rien n’est laissé au hasard. Ainsi, lorsque les réponses sont données, et à la conclusion de la série, il ne reste que très peu de questions sans réponse.
Du moins, à propos des diverses enquêtes. Dans les intrigues plus personnelles et secondaires elles ont des conclusions plutôt précipitées une fois qu’elles ne sont plus utiles à l’intrigue principale. Le pire, dans ce cas sont les diverses intrigues romantiques de The Five parfois totalement oubliées une fois qu’elles ne servent plus le mystère principal.
Thèmes sombres pour Happy Ending
Avec The Five Harlan Coben parvient aussi à offrir une résolution décidément optimiste, un réel Happy Ending, à la fin d’une série qui a abordé des thèmes très sombres, et qui a eu des épisodes plutôt noirs. Mais cela n’est pas forcément dû à l’action elle-même, mais plutôt aux personnages centraux, et à leur parcours.
Ainsi, Mark, Slade, Danny et Prue traversent des moments particulièrement difficiles durant ces dix épisodes de The Five en étant confronté à tout ce qu’il y a de pire dans l’humanité. Mensonges, meurtres, enlèvement, prostitution, trafic d’être humains, pédophilie, drogues, alcool, trahison, amours contrariées, remise en question d’amitié vieille de 30 ans, maladie d’Alzheimer. The Five abordent tous ces thèmes, et plus. La série n’en devient pas pour autant trop sombres.
Si ces thèmes n’alourdissent pas la série, c’est grâce à l’espoir, parfois désespéré chevillé au coeur des personnages. Car The Five envoie ce message aussi : il ne faut jamais renoncer. Quand il y a un doute, c’est pour une bonne raison. De plus, des plages de répits sont offerts dans chaque épisode de The Five avec des scènes plus légères et les personnages ont souvent un humour noir et caustique. Mais ces scènes plus légères ne veulent pas forcément dire inutiles puisqu’elles savent aussi apporter des indices, ou offre une incursion dans la psyché des personnages.
Équilibre rafraîchissant
Ainsi Harlan Coben réussit son entrée dans le monde des séries originales. The Five est une réussite, surtout avec sa résolution originale de l’enquête. L’originalité vient de surtout des motifs de la disparition de Jesse. Des raisons somme toute banales, mais rarement utilisées à la télévision, de cette manière. Ce n’est ni la colère, ni la haine, ni la vengeance qui a détruit la vie des parents de Jesse et ses proches, mais l’amour, tout simplement. La personne qui l’a enlevée est loin d’être un monstre, bien au contraire. Il lui a même sauvé la vie.
Et malgré un bel Happy Endings, un mobile du crime loin de l’horreur, et des personnages hautement sympathique, The Five n’est pas mièvre. Ceci est dû à des personnages qui ont eu des actions plus que discutables moralement, parfois criminelles et qui ne sont pas punis pour autant. La fin justifie les moyens. Cela permet un équilibre rafraîchissant dans le genre policier, où on baigne entre les séries extrêmement sombres comme The Missing ou Broachurch, et les procedurals aux personnages beaucoup trop irréprochables.
Après Second Chance l’année dernière, et maintenant The Five, Harlan Coben a prouvé qu’il savait écrire pour la télévision, que ce soit en adaptant un de ses romans, ou avec une histoire originale. Le Cerveau n’attend qu’un chose : que quelqu’un se décide enfin à offrir à Myron Bolitar sa série.
La saison 1 de The Five est disponible sur MyCanal.
Crédits Images : ©StudiosCannal
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