Critique de la saison 2 de The Umbrella Academy : un essai réussi pour une nouvelle saison plus jouissive que jamais du début à sa fin
En janvier 2019, Netflix nous faisait découvrir sa série déjantée inspirée des comics de Gabriel Ba et Gerard Bay intitulée The Umbrella Academy. Une série de super-héros pas comme les autres, pour une famille torturée et fantastique comme on en voit rarement à la télévision.
Une série pop et édulcorée qui avait été l’un des grands succès 2019 de Netflix, bien que sa première saison ait été décevante et loin de son potentiel puisque trop laborieuse et timide comparée à son matériel original. Une première saison qui prouvait que la série pouvait être bien meilleure si son écriture était maîtrisée.
The Umbrella Academy revient ce vendredi 31 juillet pour une suite bien meilleure que sa première saison. Un essai transformé pour une série à hauteur de ce qu’on pouvait attendre du concept complètement barré des comics. Un peu comme si les scénaristes et producteurs de la série avait compris leurs points forts ainsi que leurs défauts pour rectifier le tir, afin d’offrir un véritable divertissement du petit-écran dans la veine des comics qui l’ont inspiré.
Folie Sixties
La saison 2 de The Umbrella Academy est la suite directe de la saison 1, juste après l’Apocalypse déclenchée par Vanya ainsi que le saut temporel des Hargreeves, histoire de vivre une nouvelle vie. Numéro Cinq avait pourtant prévenu sa famille qu’utiliser ses pouvoirs pour échapper à l’apocalypse de Vanya de 2019 était risqué. Le saut temporel a disséminé sa fratrie dans le temps et aux quatre coins de Dallas, au Texas, sur une période de trois ans commençant en 1960.
Certains, coincés dans le passé depuis des années, ont refaits leurs vies, convaincus d’être les seuls à avoir survécu. Cinq est le dernier à atterrir, et ce au beau milieu d’une catastrophe nucléaire qui est une conséquence du bouleversement du continuum temporel provoquée par le groupe. Une guerre avec les Soviétiques, juste après l’assassinat de Kennedy.
Réunion familiale
Les membres de l’Umbrella Academy doivent donc trouver le moyen de se réunir pour identifier l’origine de la catastrophe, y mettre fin et revenir à l’époque actuelle afin d’empêcher cette autre apocalypse, le tout en étant pourchassés, pour changer, par un trio d’assassin suédois, un peu particulier…
Le changement de ton, de forme et d’époque a du bon. Moins de scènes d’expositions et d’explications, une durée d’épisode raccourcie, moins de flashbacks dans l’enfance de nos protagonistes, ou de plongée dans la psychologie de ces adultes loosers torturés par leur passé. On met de côté l’enfance particulière dans les mains d’un savant fou pour se concentrer sur l’impact du voyage temporel sur chacun des personnages, avec ce qui les caractérise personnellement. Cette saison 2 de The Umbrella Academy propose presque une autre série, toujours dans les codes établis dans la saison 1, mais bien mieux maîtrisés et palpitants.
Plus clair, moins laborieux
L’intrigue, bien que répartie sur plusieurs années, est bien plus compréhensible et linéaire, portée par la folie inhérente à ce monde particulier et fantastique. Les enjeux de la saison 2, peut-être semblables au premier abord avec la saison 1 – puisque la fratrie du parapluie doit à nouveau empêcher une apocalypse, qui une fois de plus pourrait bien être déclenchée par la bombe humaine qu’est Vanya – sont bien différents et bourrés de surprises, de twists et de découvertes au fil des épisodes.
Des twists rythmés, qu’ils soient en cliffhangers en ou scènes pré-génériques assurant ainsi l’immersion du spectateur d’épisodes en épisodes. Le rythme est bien ce qui détonne avec première saison de The Umbrella Academy. Une immersion qui sied bien au binge-watching, fonds de commerce du diffuseur.
Conspiration, paradoxe temporel et folie pop
Ce qu’on aime cette saison, marquée par le voyage temporel et ses répercussions sur les personnages que nous connaissons, c’est ce voyage dans l’Histoire psychédélique. Les 60s étaient l’époque parfaite où ces personnages devaient se retrouver. Une époque débridée de tous les possibles, du flower power et des conspirations nourries par la guerre froide, en adéquation avec l’univers pop et édulcoré de The Umbrella Academy.
Une époque qui sied bien à nos héros, puisque chacun évolue à sa manière malgré eux, s’étant reconstruit seul et sans responsabilité de super-héros, loin de leur famille dysfonctionnelle, ni le poids de devoir sauver le monde ou l’univers. On découvre ainsi à nouveau des personnages que l’on pensait connaître, moins caricaturaux et beaucoup plus attachants que ceux qui nous avaient été présentés précédemment.
Casting plus à l’aise et développement inattendus
La série étonne même pour son positionnement politique puisqu’elle n’hésite pas à mettre en scène une histoire d’amour homosexuelle, inattendue à cette époque, ou s’attarder sur les Civil Rights Movements dans un Etat du Sud où la ségrégation fait rage avec le personnage d’Alyson.
Le jeu des acteurs est d’ailleurs bien meilleur. A l’aise dans leurs personnages, qu’ils ont l’air de mieux comprendre et maîtriser. Ellen Page propose une Vanya loin de la dépressive et fade que nous avons découvert en saison une, avec plus de rondeur et moins d’apathie.
Luther est plus fun et moins sensible par exemple, moins monolithique dans l’interprétation de Tom Hopper. Mention toujours spéciale pour Aidan Callagher, qui interprète son personnage de vieillard leader coincé dans un corps de préado avec encore plus d’assurance et de crédibilité que la saison passée. Numéro 5 reste toujours LA star de The Umbrella Academy. Mention spéciale pour Klaus, dont l’intrigue en mode gourou est plus fun que ce qu’on aurait pu imaginer pour le personnage.
Production irréprochable
Côté réalisation et production, The Umbrella Academy n’avait pas de quoi rougir lors de sa saison 1, mais cette saison, on passe au cran au-dessus, avec des décors et costumes très réalistes, des effets spéciaux plus vrais que nature, portés par une réalisation de cachet et calculée au détail près.
Une réalisation de très bonne facture pour une série, dopée à bloc par une bande originale pop-rock et vintage qui donne encore plus de puissance aux séquences très stylisées et recherchées, à l’image de certaines marquantes de la saison une. Que ce soit dans certains flashbacks ou dans des affrontements au sein du la Commission ou ailleurs, la série ne perd pas sa marque de fabrique avec des séquences de tueries débridées, à l’image de Kingsman ou Kick-ass, assez jouissives au visionnage.
Des vilains plus crédibles
Quant aux antagonistes,The Umbrella Academy accueille un nouveau personnage lié au Handler, toujours interprétée par une Kate Walsh excellente en vilaine déjantée. Cela étant, les chasseurs de primes suédois ne sont pas la meilleure addition de la saison, bien qu’ils n’aient pas réellement d’incidence sur la qualité de la série. Quant aux enjeux aux delà du Doomsday, la saison 2 de The Umbrella Academy a su proposer au fil de ses épisodes de quoi nourrir le personnage du père Hargreeves, ainsi que sa relation avec des personnages aperçus en saison 1. Des indices sur son son origine sont même révélés. Mais le Cerveau n’en dira pas plus pour ne pas vous gâcher le plaisir de la découverte.
Essai transformé
En somme, on peut dire que The Umbrella Academy se réinvente comme il le fallait après une saison 1 en demi-teinte. Elle est convaincante, divertissante et immersive dans son ensemble, et laissera même le spectateur en fin de saison avide de réponses et impatient de voir la suite. Plus folle, plus pop et surtout plus maîtrisée, l’essai est réussi pour Jeremy Slater et Steve Blackman, avec une saison 2 de The Umbrella Academy à hauteur des comics qui l’ont inspirés, pour un monde de super-héros aux antipodes des codes du genre, dans la veine de The Boyz.
Crédit photos : ©Netflix
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