Réalisateur : Jonathan Glazer
Casting : Scarlett Johansson, Antonia Campbell-Hughes, Paul Brannigan
Genre : Sciences-fiction
Durée : 1h48
Distributeur : Diaphana
Année de production : 2014
Sortie en salle le 25 juin
Cette semaine sort Under the Skin de Jonathan Glazer, un OVNI cinématographique bouleversant dont on ne ressort pas indemne.
Alors que la période estivale approche à grands pas avec sa cohorte de blockbusters hollywoodiens , il devient de plus en plus compliqué de trouver un film d’auteur de qualité dans nos salles obscures. Mais c’était sans compter sur Jonathan Glazer et son nouveau film Under the Skin, adaptation du roman éponyme de Michel Faber. Intrigant, sensuel, parfois effrayant même, ce film ne bénéficiant pas des moyens d’un blockbuster pourrait bien les détrôner dans le cœur des cinéphiles. Parce qu’il y a Scarlett, certes, mais pas que.
Desert bus
Under the Skin confronte le spectateur a une jeune femme à l’air un peu perdu. Séduisante et en jouant, elle parcourt les routes d’Ecosse afin de ramasser des auto-stoppeurs. S’en suit une courte discussion entre le nouveau venu et la conductrice où elle cherche, de façon un peu trop appuyée parfois, à connaitre la vie de son interlocuteur et s’il a beaucoup de fréquentations. Le lieu de destination n’est pas révélé tout de suite et la jeune femme pose des questions de plus en plus personnelles. Jusqu’à ce qu’elle propose enfin de le raccompagner chez elle. Puis nous la retrouvons de nouveau sur les routes, à la recherche d’un nouveau compagnon de voyage. Qui est-elle ? Où est passé l’auto-stoppeur ? Et surtout, qui est ce motard qui la suit tout le temps sans rien dire ?
Scarlett Horror Picture Show
Le premier point fort d’Under the Skin est la performance hallucinante de Scarlett Johansson. Certes le Cerveau est un grand fan de l’américaine, mais il faut bien reconnaitre qu’ici, elle joue sûrement le rôle le plus important et compliqué de sa carrière. La difficulté pour elle était double : jouer une extra-terrestre observant le monde d’un air en même temps curieux et dégoutté, et tenir l’intégralité du film sur ses épaules.
D’autres acteurs sont présents et interagissent avec elle, mais elle reste le point central du film du début à la fin. Aucune place à l’échec. Et le moins qu’on puisse dire, c’est qu’elle s’en est tiré à la perfection. Tantôt froide et calculatrice comme un vampire, tantôt séduisante et bouillante comme de la lave en fusion, elle donne au spectateur un constant va et vient de chaud et froid qui l’hypnotisera et assurera une immersion parfaite dans un film difficilement accessible de prime abord par sa mise en scène particulière.
Highway to elle
Autres points fort du film, l’ambiance oppressante et son rapport avec la solitude moderne. Alors que nous vivons tous dans des villes surpeuplées et que nous sommes connectés h24, il est quasiment désormais impossible d’être virtuellement seuls. Et pourtant, suivre ainsi cette jeune femme au comportement ouvertement séduisant et pourtant terrible (la scène de la plage montre parfaitement l’aspect dérangeant du comportement détaché de la conductrice) qui tend la main à ces hommes seuls et perdus dans un monde qui ne leur laisse pas de place, nous fait reconsidérer notre propre condition au sein de la société. Tel un Micromégas des temps moderne, le personnage de Scarlett vient nous juger de son regard froid et nous délivrer de la solitude qui nous étouffe en nous dévorant à son tour. Mais quand elle-même est prise d’un désir d’humanité après une rencontre surprenante, elle se confronte à son tour à cette réalité qui la faisait rêver mais qui lui montre bien qu’elle ne pourra jamais être comme les autres du fait de ses origines. Son existence parmi les hommes après avoir fui ses obligations prend réellement fin le jour où elle se rend compte que du fait de sa morphologie particulière et de son absence de vagin, elle ne pourrait jamais avoir de relations normales avec eux.
Rencontre du sale type
Personne ne sait vraiment au final qui est cette femme et ce qu’elle pourrait réellement représenter. Ce que chacun sait quand ils entrent dans sa voiture, c’est qu’elle est belle et ouverte à toutes propositions. Même si petit à petit ils remarquent qu’elle n’est pas normale et que leur destination sera sûrement fatale, ils acceptent leur destin et entrent chez elle, se déshabillent vêtement par vêtement en continuant à la suivre pour s’enfoncer de plus en plus dans la mélasse nutritive qui sert à la conductrice à stocker la nourriture. Tout est terriblement lent et calme, rendant le spectateur fasciné la première fois, gêné la deuxième, puis horrifié par la suite. Tout dans Under the Skin est mis en scène pour qu’il se sente comme l’un de ces auto-stoppeurs. Vivant, seul, fasciné et n’attendant que la délivrance offerte par Scarlett.
Under the Skin est un sublime voyage à travers la condition humaine contemporaine, dans son rapport à l’autre tout comme face à la vacuité de l’existence. L’incroyable performance de Scarlett Johansson dans le rôle de guide à travers ce conte expérimental est pour beaucoup dans l’immersion du spectateur au sein de ce film si particulier. Under the Skin est à voir et à vivre absolument.
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