Critique du premier tome de Marineman, par Ian Churchill. Attention Spoilers.
Il ne faut pas se fier à la couverture au dessin quelque peu naïf de ce premier tome de Marineman, Une question de vie ou de mer. Ian Churchull crée ici un personnage et un univers bien plus complexes qu’il n’y paraît.
Churchull aime la mer et cela ce sent. Des références à Cousteau dans le dessin et les connaissances presque pédagogiquement offertes dans les dialogues, en passant par le discours écologique, il fait tout pour transmettre son amour de l’océan. Il n’en devient pourtant jamais moralisateur ni même accusateur. Et cela ne nuit aucunement à l’aventure que vie Steve « Marineman » Ocean et à l’installation de son personnage.
Steve Ocean est un mec cool. C’est le surfeur blond de Gad El Maleh. Il est beau, il est grand, costeau, les yeux bleus. Il est aussi et surtout biologiste marin et présentateur télé pour Ocean Encounters et est adoré du public et des médias. Il signe des autographes, se fait draguer par des bombes sexuelles, porte des lunettes noires. Pour lui, c’est la belle vie. Son secret, le fait qu’il sait respirer sous l’eau est bien gardé, personne n’est au courant sauf son père et l’équipe de la Marine militaire qui travaille sur une base secrète de la Marine américaine. Tout va bien pour lui jusqu’au jour où, lors d’une émission en direct, son meilleur ami a un accident de plongée, et il doit le sauver et utiliser ses capacités devant les caméras.
Un homme comme les autres
Steve Ocean, avant d’être un héros, est un homme comme les autres, et c’est ce qui le rend aussi attachant. Il déconne avec son pote, a des histoires de coeurs parfois difficiles, s’éclate dans sa vie de chercheur. Steve Ocean pourrait être votre pote, un mec fun, avec toujours la bonne blague, qui rend la lecture de Marineman d’autant plus agréable. Les autres personnages ne sont pas en reste. Ian Churchill ancre son histoire dans notre réalité, avec ses difficultés et ses inquiétudes. Il offre aussi et surtout des personnages profonds et bien dessinés, aussi bien au sens littéraire que pictural. Le plus original, est que le super-héros n’est pas caché. Il répond aux questions de la presse et Churchill rentre directement dans le vif du sujet : Comment le public peut réagir face à un homme pas comme les autres ?
Un super-héros dont le seul et unique pouvoir est de respirer sous l’eau et, avec un sonar intégré, à première vue, ce n’est pas très convaincant. Mais Ian Churchill crée autour de son personnage de nombreuses pistes. Entre l’Atlantide, la recherche des expériences nazies ou encore celui qui deviendra sûrement sa grande némésis, Klaus Von Stal, entres autres, ce premier tome met très bien en place des personnages et des intrigues qu’on attend de voir se développer avec impatience. De plus, après des milliers de super-héros déjà connus, Churchill arrive à donner une origin story à Marineman des plus originales mais surtout qui pose une vraie question identitaire à Steve Ocean. Que fait-on quand on est le fruit d’une expérience nazie ?
Outre le scénario, l’art de Ian Churchill se retrouve aussi dans les dessins. S’ils sont clairs, nets et simples, les lignes choisies, les couleurs donnent une impression de chaleur, y compris sous l’eau, mais aussi de calme. Le discours écologique est même amplifié par les décors sous-marins merveilleux. La plume et le pinceau de Ian Churchill sont réunis ici pour ceux qui peut être une des nouvelles séries les plus intéressantes de cette année.
Crédit Image : 2012 Glénat
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