Critique de Tyrant, nouvelle série de FX plutôt efficace mais qui peut frôler la caricature, par les créateurs de Homeland.
Tyrant, c’est l’histoire du Dr Bassam “Barry” Al-Fayeed (Adam Rayner), le fils d’un dictateur d’un pays fictif du Moyen-Orient, Abuddin, largement inspiré de la Syrie. Barry a quitté la nation de son père il y a des années pour s’installer aux Etats-Unis. Il revient 20 ans après, sans grand enthousiasme, avec sa femme Molly (Jennifer Finnigan) et leurs deux enfants adolescents, pour le mariage de son neveu. Son père finit par succomber à une crise cardiaque et alors qu’il tente de quitter le pays, Barry va être mis face à des responsabilités qu’il ne veux pas forcément assumer.
Né pour être dictateur
Il est très rapidement établi que le frère de Barry, Jamal, est bien le fils de son père. C’est un salaud et un tyran qui se permet tout ce qu’il veut. C’est un être abject qui viole les femmes (2 rien que dans le pilote) et s’attaque violemment à ceux qui ne font pas ce qu’il veut. Mais ce comportement horrible est plus ou moins expliqué dans des flashbacks où leur père a élevé Jamal dans le but de le succéder. Le personnage est odieux, il est donc le successeur parfait mais il est bien trop incontrôlable contrairement à Barry qui est plus posé et plus calme. On sent que Jamal est écrit de manière outrancière de façon à contrebalancer avec Barry qui est plus sur la réserve mais qui a aussi son tempérament. On aurait aimé un traitement plus dans la nuance pour Jamal qui a grandi dans l’ombre de son père toute sa vie. A la fin de l’épisode, on sent bien que Barry n’est pas près de retourner aux Etats-Unis avec sa famille. Une famille qui pour l’instant ignore beaucoup de chose sur la réalité de la situation. Sa femme est bienveillante et ne veut que comprendre son mari. Quant aux enfants, si pour le moment la fille Emma n’a pas encore été très développée, son frère Sammy a déjà une storyline mise en place avec la révélation au téléspectateur, plus ou moins subtile, de son homosexualité. Si les choses sont bien gérer, il pourrait y avoir matière pour une telle histoire dans une région du monde très homophobe.
Dynastie au Moyen-Orient
Tyrant est surtout une série sur une famille bien compliquée mais aussi sur un clash des cultures. On est presque au croisement entre Dynastie et Homeland ou une famille d’héritiers au Moyen-Orient. C’est certes un peu réducteur de comparer Tyrant à Dynastie mais c’est surtout cette notion de famille puissante et dysfonctionnelle qui ressort de la série. On attend de voir les ramifications politiques et surtout de voir qui de Barry ou Jamal sera le successeur de leur père. Sur son lit de mort, le tyran en chef dit à Barry que ça aurait dû être lui, qu’il aurait dû le choisir quand il a fait une chose horrible que son frère aîné n’a pas eu le “courage” de faire.
Le pilote met assez bien les personnages en place et établit son histoire de manière assez claire. On est ici dans un monde de tyrannie avec des personnalités plutôt complexes mais bien dessinées même si pour le moment on sent une certaine caricature par rapport à Jamal. Tyrant devra faire attention à ne pas tomber dans les clichés dans la manière de traiter le sujet des dictateurs au Moyen-Orient et de la vision des américains sur ces pays. La série étant la création de Gideon Graff à qui l’on doit Homeland, c’est un gage de qualité dans le traitement du sujet. Il faudra encore quelques épisodes pour réellement se faire une idée sur la série mais elle a clairement du potentiel. Et Graff n’est pas seul puisqu’il est entouré d’Howard Gordon, le producteur exécutif de Homeland et David Yates qui a réalisé ce pilote. Un pilote qui devait être sous la direction de Ang Lee mais qui a dû se retirer du projet. Cependant, Yates a fait un beau travail dans la couleur et le ton de l’image. La série est tournée au Maroc ce qui donne beaucoup de crédit dans les décors et plonge réellement dans une ambiance orientale.
Crédits images ©FX
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