Devious Maids : Diaboliquement clichée

3

1.0

Avec Devious Maids, Marc Cherry met en place une série peu séduisante et pleine de clichés et de stéréotypes.

o-DEVIOUS-MAIDS-facebookMarc Cherry et Eva Longoria présentent Devious Maids, nouvelle série en partie inspirée de la telenovelas Ellas Son La Algria Del Hogar. Eva Longoria avait confié qu’elle souhaitait mettre en avant des actrices latino-américaines mais aussi le travail des femmes de ménage qu’on ne voit que trop rarement représentées à la télévision. Avec Ana Ortiz, Judy Reyes, Roselyn Sanchez et Dania Ramirez dans les rôles des femmes de ménage, la mise en avant des actrices est réussie. En revanche, pour les femmes de ménage, c’est raté. Devious Maids ressemble à une série écrite par quelqu’un qui n’a jamais eu à toucher à un balai de sa vie pour payer son loyer et qui imagine, avec un maximum de clichés et de stéréotypes ce que peut être la vie de ces travailleuses.

De plus, rien, dans la vie des diverses femmes de ménage ne semble vraisemblable, ni dans leur travail lui-même où, dans ce pilote, on ne les voit pas souvent chasser la poussière ou faire la cuisine, ni dans leur comportement ou leurs lieux de détente. (Depuis quand une employée de maison peut se permettre financièrement Beverly Hills ?). Mais elles sont écrites avec tant de stéréotypes et de clichés qu’elles en deviennent des caricatures. Pis encore, en dehors du personnage principal, elles sont si mal installées dans ce pilote qu’elles sont pratiquement interchangeables. L’effet voulu était de montrer que les servantes du XXIème siècle sont des femmes comme les autres avec leurs caractère propre, leur personnalité propre. Le résultat est tout le contraire, et on ne voit dans le pilote de Devious Maids que des employées de maison lambda sans visages, presque transparentes. Le manque de profondeur des personnages dans ce pilote justifierait presque le comportement abject des riches blancs.

Grands Méchants Blancs

Devious Maid blancCes derniers sont encore plus mal servis que les femmes de ménages. Tous sont riches, snobs, superficiels, égocentriques, en un seul mot parfaitement horribles et détestables. Pas un seul n’est gentil, conciliant ou considère son employée comme un être humain. De plus, ils n’ont que des faux problèmes de riches loin de la réalité de la vraie vie. Parce que bien entendu, si on en croit Devious Maids, un remariage difficile ne peut pas toucher ou blesser une personne riche. On nous répète que l’argent ne fait pas le bonheur, mais Devious Maids nous dit que si on en a, alors on ne peut pas souffrir. En revanche, si les pauvres femmes de ménages ont des comportements immoraux ce n’est pas de leur faute, au fond, elles ont un bon coeur, quand même, et elles ont des rêves à accomplir. Des rêves que les méchants riches prennent un malin plaisir à empêcher de réaliser. Un riche apparemment n’a pas le droit de se protéger de quelqu’un qui veut abuser de son argent ou son pouvoir. Cette guerre entre méchants riches blancs et gentilles pauvres latinos est illustrée peu subtilement avec un gros plan sur un roman intitulé « The Peasant and the Devil ».

Les actrices et acteurs, tous, font tout ce qu’ls peuvent, et au-delà, pour sauver leur personnage. Le Cerveau ne peut qu’applaudir leurs efforts, ils arrivent à donner du relief à des personnages résolument plats.

Déjà Vu

ABC's "Devious Maids" - Season One

Les stéréotypes ne s’arrêtent, malheureusement pas aux personnages. Les intrigues sont là aussi déjà vues et très clichées. Surtout quand on connaît le travail de Marc Cherry. L’intrigue fil rouge de la série sera bien entendu le meurtre de Flora, l’ancienne femme de ménage des Powell qu’un pauvre serveur a été accusé à tort d’avoir commis. Un meurtre bien mystérieux, entouré de secrets dont presque chaque personne semble détenir une information… Et bien sûr tout le monde se tait. L’arrière-goût de Desperate Housewives est loin de rappeler des bons souvenirs mais fait passer Marc Cherry pour un paresseux qui se contente de recycler ses histoires.

Les intrigues secondaires sont toutes aussi clichées. Bien entendu, l’une des femmes de ménages fait tout pour faire venir aux Etats-Unis son fils, l’autre veut faire carrière dans la musique, une autre tombe amoureuse du fils de sa patronne et la dernière n’est pas vraiment une femme de ménage, elle se contente d’infiltrer le cercle des très riches pour innocenter son fils serveur. On ne sait d’ailleurs pas pourquoi elle demande à être employée par les voisins des Powell et non les Powell eux-même qui ont désespérément besoin d’une nouvelle employée de maison.

Le pilote de Devious Maids expose beaucoup trop de clichés pour être agréable, tant qu’on a déjà l’impression d’avoir vu l’histoire se jouer des dizaines de fois. Il n’y a aucune raison de revenir devant Devious Maids, si ce n’est pour admirer le jeu des actrices, qui se démènent comme de belles diablesses pour faire l’impossible : sauver un scénario irrécupérable.

Crédits Image : ©Lifetime

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