Le final de Game of Thrones saison 7 aura conclu une saison sur une séquence époustouflante et noire, à l’image d’une saison hors-norme pour la série hors-normes de Westeros, comme une tragédie des temps modernes et fantastique. La critique avec des spoilers dedans du Cerveau.
Ça y est la saison 7 de Game of Thrones s’est conclue cette nuit. Une saison raccourcie et bien plus rythmée que de coutume. Une saison qui aura eu, comme on s’y attendait, son lot de morts et de ressorts dramatiques, dignes d’une grande tragédie grecque.
Inceste, trahisons, honneur et déshonneur, amour fraternel ou passionnel, Game of Thrones aura offert une saison 7 assez unique comparée à ce qu’on a pu voir dans les 6 précédentes. Retour sur une saison et un final tout feu tout glace.
Fast track
Ce qui nous aura frappé cette saison aura été la vitesse avec laquelle les évènements se sont déroulés, faisant cheminer l’intrigue de la série à un rythme peu conventionnel comparé à ce que nous ont habitué les scénaristes et showrunners de la série : David Benioff et Dan Weiss, plus axés sur l’explication poussée et les interactions entre les personnages et autres échanges de dialogues.
Si certains se sont moqués de l’allure avec laquelle les évènements se sont succédés dans cette saison de 7 épisodes, beaucoup se sont sentis frustrés ou trahis de ne pas reconnaitre ou retrouver ce qui caractérise la série depuis 6 ans, y voyant un travail bâclé ou parfois trop facile, voir pas crédible, même dans un univers de fantasy où tout est possible.
D’autres restent tout aussi extatiques qu’à la découverte de la série, encore plus hypée par ce qui se passe cette saison, entre shipperisme déplacé (on pense aux pro Daenerys et Jon, grands défenseurs du bel inceste, à contrario de Jaime et Cerseï) et batailles épiques à coup de dragons au Sud comme au Nord. Ce qui est certain, c’est que cette dernière saison de Game of Thrones, détonne avec le reste de la série, et ce à quoi le spectateur a été habitué.
Plus noir et mélancolique
Pourtant le final de la saison dernière, et son changement de ton, nous avait averti. Nous savions que cette avant dernière saison de Game of Thrones serait différente et peut-être plus rapide, puisque raccourcie. La narration et les intrigues étant très denses, il était prévisible que le rythme soit bien plus expéditif que de coutume, étant donné la largeur de cet univers de fantasy, que même celui qui l’a imaginé peine à terminer.
Ainsi cette saison – saison marquée par de nombreuses batailles, accomplissements, et des retrouvailles ou rencontres attendues depuis longtemps – aura été l’une des plus riches en termes narratifs. Comme une tragédie gréco-latine, de l’Eneide aux récits d’Homère, mêlant batailles, inceste, personnages héroïques et légendaires, psychologie, amour et politique, Game of Thrones propose encore et toujours des personnages qui continuent à nous étonner, même 7 ans plus tard.
Pouvoir et politique
La politique et la quête du pouvoir, thèmes majeurs et principaux de Game of Thrones, prennent encore plus de place cette saison. La guerre pour la prise ou garder le pouvoir aura été le maître mot de la saison 7 de Game of Thrones. Ainsi, deux maisons disparaissent, pour le plus grand plaisir de Cerseï, avant d’être défaite par une bataille flamboyante (dans tous les sens du terme).
Des batailles et des intrigues politiques, entre débats parlementaires et manigances, avant de revenir aux choses sérieuses dans les deux derniers épisodes : à savoir la bataille contre la menace de la Nuit.
Stark Alliance
Même à Winterfell, la question du pouvoir et de qui se doit ou pourrait l’exercer, est au centre des échanges de nos personnages du clan Stark. Entre celle qui souhaite l’acquérir parce qu’elle imagine qu’il lui revient de droit et qu’elle souhaite imposer de nouvelles règles, ou celui qui se doit de l’exercer parce qu’il a été nommé pour ce faire, ou celle qui l’a acquis après avoir perdu ce qui lui était le plus cher…. Le pouvoir est et reste le thème principal de Game of Thrones, encore plus cette saison, car ce sont ceux qui ont le pouvoir qui pourront vaincre la menace qui vient du Grand Nord.
Et ce final est là pour rappeler que le pouvoir et la bataille pour le pouvoir est ce qui va mener à la perte de tous. Si la rencontre entre les ennemis et clans de Westeros pour un armistice et une union commune, dont tout le monde pouvait imaginer l’issue, a bien eu lieu, elle sera bien évidemment en vain puisque Cerseï, fidèle à elle-même, son personnage de reine Noire égoïste et machiavélique, va retourner sa veste et faire ce que bon lui semble. Quitte à perdre celui qu’elle imaginait ne jamais perdre : son amant et frère.
Fin de l’échelle du chaos
Game of Thrones ne serait pas Game of Thrones sans ses décès attendus et presque jouissifs. Si certains spoilers ont un peu gâché la surprise, le décès d’un personnage charismatique et détestable de l’intrigue westerosi sera l’un des moments les plus marquants de ce final, au-delà de la rencontre entre les trois monarques proclamés de Westeros.
En effet, Sansa, que l’on imaginait toujours manipulée, ne faisait que jouer de Littlefinger, alias Petyr Baelish. Cette dernière menait en bateau celui qui s’imaginait invincible. Elle le mettra face à ses manipulations et crimes, et le condamnera à mort. Une mort pathétique, où ce dernier supplie Sansa avant d’être tué par la dague d’Arya. Une mort à la hauteur d’un personnage aussi bas, qui n’avait d’ailleurs déjà plus aucune utilité cette saison.
La chute du Mur
Comme on l’envisageait depuis l’épisode 6 et son ressort funeste, qui aura valu la mort et la résurrection d’un dragon de Daenerys – changeant « le game » pour le Roi de la Nuit, lui permettant ainsi de passer le Mur, comme s’il savait qu’on lui rapporterait l’outil dont il avait besoin pour sa conquête – le Mur va tomber.
Un Mur qui était le dernier rempart pour la grande menace de la Nuit. La Mort est en marche, et compte bien récupérer tout ce qui se mettra sur son passage. Un passage assuré par l’hiver qui s’installe à Westeros, puisqu’on voit Port Réal sous ses premiers flocons de Neige. Un mur qui s’effondre, alors que certains personnages scellent leur destin tout en nudité dans la cabine royale d’un bateau en route pour le Nord.
Les héros s’imposent
Jaime, le personnage préféré du Cerveau, qui ne s’en cache pas, fera ce qu’on attend de lui. Celui qui est manipulé sans cesse par sa sœur, qui a bien plus d’honneur et de courage que ce qu’on imagine quand on le voit, fera ce qu’il y a de plus honorable. Et c’est ce qu’on aime. Si les théories sont souvent vérifiées ou parfois un peu trop tirées par les cheveux, la plus populaire est en marche : Jaime quitte celle qu’il aime, et sera sûrement le valonquar de la fameuse prophétie, celui qui tuera la femme qu’il aime.
Une femme qui semble n’en avoir rien à faire de son jumeau, encore plus égoïste qu’elle n’a pu l’être. Tout ce qui l’importe est et reste le pouvoir, et sa possible descendance. Une descendance qui semble toujours en marche, malgré ce qu’on pu dire certains spoilers, qui envisageaient une fausse couche pour cette dernière.
L’autre héros qui s’impose dans ce final est bien évidemment Jon Snow. Si ce dernier va bien évidemment se taper sa tante, comme le prédisait le titre de ce final, on apprend enfin son véritable nom et descendance : Aegon Targaryan, en hommage au premier Roi à s’asseoir sur le trône de Fer. Comme les spoilers l’annonçait , Bran et Sam à Winterfell découvrent sa véritable identité Targaryen. Le véritable prétendant au trône, bien plus que Daenerys, est enfin connus de tous. Et c’est un homme.
« Trouble in paradise » en perspective pour ceux qui ont passé 5 épisodes à s’échanger des regards langoureux et parler bébés avant de conclure ? Fort certain.
Qui suis-je ?
Game of Thrones a toujours été une histoire identitaire, que ce soit pour Daenerys, héroïne charismatique et dernière à honorer son héritage familial grâce à ses dragons… Jon Snow, monarque, bâtard, soldat héroïque… Jaime, jumeau amoureux, héritier d’un père dur et autoritaire dans une famille dysfonctionnelle…Tyrion, vilain petit canard issue d’une grande famille toujours dysfonctionnelle… ou Arya, petite Lady bousculant les us de son statut de femme et Lady. Theon, enfant perdu entre deux clans…
Chaque personnage vit depuis le début de Game of Thrones une véritable crise identitaire. 7 ans plus tard, la crise identitaire de chacun est en train d’être résolue. Que ce soit Jon, Daenerys, Sansa, Arya, Tyrion…etc toutes ces quêtes de sens et de place sont quasi terminées, chacun ayant meilleure conscience de qui il est, pour mieux se concentrer sur ce qui importe le plus : la Mort (belle métaphore n’est-ce pas ?).
La plus belle et la plus marquante sera celle de Theon, enfant perdu depuis le début de la série, qui dans cette quête aura commis les plus grandes atrocités et perdu ce qu’il avait de plus cher. Ce dernier, face à Jon va enfin se trouver, et prendre sa place, celle d’un frère, d’un homme, d’un Stark et d’un Greyjoy. Et c’était beau.
6 épisodes pour conclure
Si ce final de Game of Thrones saison 7 aura été relativement calme jusqu’à sa séquence de fin, entre mort attendue, et stratégies politiques, l’écran de fin laissera le spectateur en suspens et en attente. Si les grands enjeux de Game of Thrones se sont mis en place, pour amener la série et cette formidable épopée tragique de pouvoir, vie et mort, filiation et héritage vers sa fin, il reste quand même encore beaucoup à raconter.
Que ce soit vis-à-vis de Cerseï qui ne semble pas être capable de revenir à la raison, Jaime, Jon et sa véritable identité, ou Daenerys. Si la bataille contre le Roi de la Nuit s’annonce épique et sûrement funeste, elle n’est pas ce qui importe, même si elle reste divertissante (les zombies c’est toujours fun).
2019
Ce qui importe depuis le début est le voyage psychologique de chaque personnage, leur choix, heureux ou malheureux et leur évolution. Si le Cerveau aimerait être surpris par une fin plus psychologique qu’épique, il est certain que cette fin restera dans les annales.
Tout comme cette saison, pour sa différence, son ton plus noir, ses séquences dramatiques et épiques, sont rythme plus soutenu, et son intrigue toujours aussi riche. Valar Morghulis. Tout a une fin, même les grandes séries comme Game of Thrones. Une fin qui ne se montrera qu’en 2019. L’attente va être longue. Aussi longue que la marche du Roi de la Nuit vers le Mur.
Crédit photos : ©HBO
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