Réalisation : Quentin Tarantino
Casting : Samuel L. Jackson, Kurt Russell, Tim Roth, Jennifer Jason Leigh….
Genre : Western
Titre original : THE HATEFUL EIGHT (Etats-Unis)
Durée : 2H47 mn
Année de Production : 2015
Sortie en salles le 06 Janvier 2016
Le dernier Tarantino, Les 8 Salopards sort demain 6 janvier dans les salles françaises. Critique d’un huis clos balisé entre pièce de théâtre et Western Spaghetti.
Bienvenue dans la dernière carriole du réalisateur de renom : Quentin Tarantino. Une carriole en 70mm pour un bond dans l’Histoire, comme un hommage aux westerns d’antan, dans un blizzard comme jamais vu au cinéma.
Quelques années après la Guerre de Sécession, le chasseur de primes John Ruth (Kurt Russell), dit Le Bourreau, fait route vers Red Rock, où il conduit sa prisonnière Daisy Domergue (Jennifer Jason Leigh) se faire pendre. Sur leur route, ils rencontrent le Major Marquis Warren (Samuel L. Jackson), un ancien soldat lui aussi devenu chasseur de primes, et Chris Mannix (Walton Goggins), le nouveau shérif de Red Rock.
Surpris par le blizzard, ils trouvent refuge dans une auberge au milieu des montagnes, où ils sont accueillis par quatre personnages énigmatiques : le confédéré (Bruce Dern), le mexicain (Demian Bichir), le cowboy (Michael Madsen) et le court-sur-pattes (Tim Roth). Alors que la tempête s’abat au-dessus du massif, l’auberge va abriter une série de tromperies et de trahisons. L’un de ces huit salopards n’est pas celui qu’il prétend être ; il y a fort à parier que tout le monde ne sortira pas vivant de l’auberge de Minnie…
Huis Clos
Le huitième long métrage de Quentin Taratino est un huis clos tordu de chasseurs de primes, bandits, vétérans et autres personnages qui se retrouvent au détour d’une route pour un voyage dans le blizzard, en carriole et auberge, qui va mettre en exergue toutes leurs souffrances suite à l’épisode le plus ravageur et significatif de l’histoire des Etats Unis : La Guerre de Secession. Comme un hommage à Butch Cassidy et le kid, servi par un casting à en faire pâlir Hollywood, Les 8 salopards est le film de Tarantino le moins étonnant que le Cerveau ait pu voir.
Un huis clos comme une pièce de théâtre, où les personnages sont au centre de l’intrigue et ceux qui la nourrissent. Bien évidemment, les cinéphiles admirateurs du réalisateur de Pulp Fiction retrouveront le style tarantinesque attendu, entre violence et dialogues tranchants, mais Les 8 salopards est loin d’être un long métrage convaincant, ni celui attendu, annoncé comme le plus abouti du réalisateur. Un film soutenu par une logorrhée plus exacerbée que de coutume, Les 8 salopards s’inscrit comme un terrain d’expérimentation théâtral, plus qu’un chef d’œuvre auxquels Tarantino nous avait habitués.
Les ravages de l’Histoire
Si dans ses deux précédents métrages, le réalisateur annonce clairement une redirection d’historien cinématographe, explorant l’héritage américain à sa manière, le critiquant de manière acerbe, en dépeignant ses oubliés tout en exacerbant la violence de cette dernière, dans Les 8 salopards, rien de nouveau. Les thématiques au-delà de l’Histoire, ici, la guerre de Secession, sont habituelles du cinéaste et exploitées jusqu’à l’usure. Si la violence et les discours débridés de Django Unchained soutenait l’intrigue et cette dénonciation, dans un but humaniste, tout comme Inglourious Basterds, dans Les 8 salopards, elle est presque gratuite dans certaines séquences, voire inutile. Bien que le huis-clos et la cinématographie des 8 salopards s’éloigne du terrain tarantinesque, le spectateur reste cependant en terrain balisé tout le long des 2 heures et 50 minutes du film.
Hommage parodique
Les 8 salopards est un peu une parodie de films de genre, comme le réalisateur sait le faire. Ici, le Western Spaghetti devient une espèce de théâtre comique, entre l’humour facile, le sarcasme léger et le racisme étalé à foison. Une pièce sans public, portée par la musique un peu trop épique d’Ennio Moriconne, compositeur adoré du réalisateur, qui rempile avec lui, pour donner une couleur musicale particulière au film sans pour autant le porter.
Provoquant, désinvolte, violent, Tarantino nous avait habitué à des films moins stéréotypés et beaucoup plus subversifs, au-delà de la verve qu’on lui connaît, de dialogues ciselés et d’une mise en scène classique. Ici, rien n’étonne, au-delà des interactions des personnages que l’on va découvrir sous toutes les coutures, dans la volonté de revenir sur les ravages de la Guerre de Sécession sur des personnages, caricature d’une époque : du vétéran légende devenu chasseur de primes, à la criminelle paysanne. Ce qui est bien dommage, car l’immensité des paysages enneigés, le 70 mm et la page du script qui avait été révélés, laissaient croire que Les 8 salopards allaient s’inscrire au panthéon du cinéma, renouvelant le style d’un cinématographe légendaire et contemporain.
Les 8 salopards : Bande Annonce
Crédits photos : ©SND
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