House of Cards saison 3 : le bilan  « A la Maison Blanche » (spoilers)

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2.5

House of Cards a débarqué sur Canal + à la demande le samedi 28 février 2015. Quid du politicien le moins scrupuleux du monde et son épouse charismatique deux ans après les avoir découverts ? House of Cards est-elle toujours l’une des meilleures séries du moment ? La réponse dans cette critique avec des spoilers dedans.

En fin de saison 2 dans House of Cards, Francis Underwood réalisait son rêve, conclusion de ses plans échafaudés dès les premiers épisodes de la série, à savoir, accéder au bureau ovale par des moyens pas toujours très légaux, parfois au-delà de la morale, et surtout loin des voies démocratiques qu’implique son métier. Un personnage machiavélique pour une série de politique subversive qui s’est hissée comme la figure de proue et le port étendard des séries produites par le géant de la VOD : NETFLIX. Une série plébiscitée dès ses débuts, succès critique et public, avec de grandes qualités tant visuelles que scénaristiques.

House of Cards saison 3Ici, les évènements reprennent 6 mois après la démission du Président Walker. Claire est sur le point de faire valider sa nomination en tant qu’Ambassadeur des Etats-Unis à l’ONU par le Sénat. Celle qui n’était jusqu’ici que spectatrice externe et conseillère privilégiée de son époux rentre en politique, elle aussi, mais pas pour longtemps…

The West Wing

Dans cette saison 3 de House of Cards on suit Frank en pleine politique intérieure et extérieure, aux rennes du pays. Dès les premiers épisodes, le ton est donné et presque déroutant : moins de manipulations pour plus de politique présidentielle avec un seul enjeu : garder sa place à la Maison Blanche. Si bien que le spectateur à certains moments n’aura pas l’impression de regarder House of Cards mais plutôt A la Maison Blanche (The West Wing) ou Commander in Chief si ce n’est l’esthétique Fincherienne sur-dosée cette saison, à coup de contrastes de couleurs froides et jaunâtres.

Même la réalisation prouve ce virage « présidentiel » : moins de Kevin Spacey s’adressant à la Caméra et plus de séquences dans la Maison Blanche, ou Air force One, entre dîners protocolaires, bureaux ovales et réunions militaires… Les quelques manipulations de Frank pour pouvoir garder sa fonction présidentielle sont présentées presque comme des compromis légitimes et excusables, comme son abandon « officiel » de se présenter aux élections en 2016, ou le choix de faire de Claire une Ambassadrice à l’ONU.

house of cards frank underwood bilan saison 3

On le voit même accablé ou affaibli par certaines décisions et compromis qui incombent à son statut. Des compromis qui coûtent ou vont coûter cher à Underwood, bien loin du machiavélisme et de ce qu’il a bien pu faire les saisons précédentes pour accéder à cette position. Frank Underwood n’est plus vraiment le Francis que nous avons connu. Etrange. Et il est même patriote !

Le New Deal d’Underwood

Une plongée dans les hautes sphères du pouvoir, notamment à l’échelle internationale qui à défaut d’intéresser ou fasciner exaspère par ses aspects brouillons et son manque d’audace. Audace qui était pourtant présente en saison 1, s’essoufflant déjà dans la seconde. Ici, la politique, c’est un peu comme si nous prenions une page du Monde Diplomatique et qu’on en banalisait le discours tout en tentant de reprendre le bon vieil Ennemi Rouge pour le remettre au goût du jour. Et c’est bien dommage. Plus de séquences coups de points au Sénat ou à la Chambre des Représentants, moins d’interactions avec les politiques… telle est House of Cards saison 3.  House of Cards saison 3 image 3

On notera l’apparition de la Russie en thématique principale de saison, comme un écho aux évènements actuels en Russie avec un certain Poutine. Une intrigue facile interprétée comme une farce tant le personnage de Petrov est monolithique et les accords négociés loin de la réalité. Même la thématique de la paix au Moyen-Orient dans la Vallée du Jourdain, surfant sur les conflits Israélo-palestinien est frustrante et en surface, pour au final se rattacher aux relations avec la Russie.

L’audace, c’est bien ce qui manque dans cette saison de House of Cards, que ce soit à la Présidence, dans le couple Underwood ou dans la course à l’élection qui devient l’autre thématique de la seconde moitié de saison. En tant que spectateur, à défaut d’avoir l’impression d’être pris pour une bille en regardant des intrigues dignes d’un soap et moins d’un drama, la déception est le sentiment qui restera de la politique Underwood à la Maison Blanche.

Claire et Frank : Le couple maudit

Claire et Frank Underwood, amants des Temps Modernes et du Pouvoir, des personnages atypiques pour une histoire d’amour fascinante. Un amour basé sur le pouvoir, avec le pouvoir, pour une fusion presque mythique. Cette saison 3 est entièrement focalisée sur cette union hors normes. Un choix scénaristique évident, puisque, qui dit Présidence, implique fatalement un bouleversement d’équilibre, de disponibilité et de partage.

House of Cards saison 3 claire frank underwood

Et c’est ce qui se passe. Le spectateur va suivre le déclin du couple au fil des épisodes. Les personnages secondaires ne sont là que pour faire valoir ce pan de l’intrigue. On pense notamment au biographe engagé par Frank en cours de saison. Un choix scénaristique facile, comme si, même dans House of Cards, la rançon du pouvoir est la perte de tout, jusqu’à son couple. Un parcours balisé au fil des épisodes, bourré de tensions, de hauts, de bas, de déclarations et retrouvailles, pour mieux mener vers l’inévitable : la rupture due au mal-être de Claire, qui se fait dans ce final de saison.

Bilan

House of Cards, la série subversive qui a fait de Netflix un acteur incontestable en production de programmes originaux, a sans conteste perdu ce qui a fait d’elle une série incontournable à ses débuts. Si cette saison 3 n’est pas déplaisante au visionnage, la tension, la surprise, les twists et autres jeux narratifs qui favorisaient le Binge wacthing ne sont pas au rendez-vous. A se demander si cette saison n’aurait pas mieux été diffusée comme Better Call Saul, un épisode par semaine, qu’en totalité. Le Cerveau n’ira pas jusqu’à parler d’ennui, mais pour le coup, le marathon n’est pas indispensable. House of Cards, s’essoufle, et c’est dommage, de quoi redouter une saison 4.

 Crédit photos : ©Netflix

 

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