The Affair a débarqué hier soir sur la chaîne câblée US Showtime. Une nouvelle série pleine de mystères autour de la genèse d’une liaison fatale et intrigante.
Créée par Hagaï Levi et Sarah Treem qui avaient déjà collaborés ensemble pour In Treatment, The Affair est un récit psychologique autour de l’impact d’une relation extraconjugale ceux qui commettent l’adultère et fatalement les proches qui le subissent.
Une réalisation sobre, un drame ordinaire pour un récit à deux visages. The Affair, c’est l’histoire de Noah et Alison, qui au détour d’un été vont se rapprocher. Une histoire où chacun raconte sa vérité, pour une immersion psychologique intrigante et fascinante, dans un quotidien que cherchent à fuir deux personnages.
Le pilote de The Affair est scindé en deux, annonçant tout de suite la couleur et la structure de la série. D’un côté nous aurons l’histoire de Noah (Dominic West), père de famille de quatre enfants, époux aimant, auteur et professeur en secondaire, de l’autre nous avons Alison (Ruth Wilson), une serveuse dans un restaurant en bord de plage à Long Island, petite ville dont la vie semble banale et routinière. Chacun semble se battre avec l’état de leur vie, entre celle qui tente de survivre un drame personnel important, et celui qui semble insatisfait de sa vie malgré ses apparences parfaites. Les deux protagonistes se rencontrent à ce qui semble être une croisée des chemins, une croisée mentale.
Dès les premières séquences de chaque histoire, le spectateur comprend que les deux personnages ne sont pas heureux, ce qui fatalement va mener l’un et l’autre à fuir leur vie ensemble. Si cette relation détestable semble inévitable, avec The Affair, les créateurs de la série semblent vouloir explorer les rouages de ce qui peux mener vers cet acte condamné par la morale, la société, sous la perspective des deux personnes impliquées.
Deux visions, deux histoires
Ce qui est intéressant dans The Affair, c’est le choix scénaristique des auteurs : ici, nous avons deux visions, deux histoires. Et si souvent dans les séries nous avons un point de vue omniscient et global du récit des personnages, dans The Affair, le spectateur expérimente deux points de vue narratifs différents, sans jamais savoir quel est le vrai.
Si dans toute histoire, l’affect et la psychologie des protagonistes font qu’elles sont racontées différemment, dramatisées ou enjolivées, ici, ce n’est pas tant les évènements qui nous intéressent, le pourquoi du comment, mais la perspective de chacun vis-à-vis de ce qu’ils ont vécu. Ainsi le spectateur sans s’en rendre compte, va se délester de ses aprioris à condamner l’acte en soi pour mieux se focaliser sur l’état psychique, féminin et masculin, la faiblesse sentimentale et l’histoire des personnages pour mieux comprendre leurs cheminements. Il va se demander où est le vrai, quel évènement a réellement eu lieu, qui a tort, qui a raison dans ce qu’il raconte, chercher un juste milieu, comme un enquêteur. Du spectateur passif on passe à l’actif, une implication relativement rare en télévision, où l’histoire berce le spectateur.
Voix-Off = On
Si la voix-off est un peu devenu une mode surdosée dans le genre des séries télévisées, depuis Desperate Housewives, Grey’s Anatomy etc, dans The Affair, elle prend tout son sens. Vu que le récit est raconté sous deux scopes différents, les interventions de Noah et Alison en voix-off, relativement éparses et introduisant certaines séquences intelligemment apportent une plus-value à l’intrigue assez considérable. Non seulement elles permettent de nourrir l’aspect mental de chacun des personnages à un instant T, vécu sous deux angles différents, mais elles permettent aussi d’introduire un élément absent de l’exposition de la conduite narrative de la série.
On sait qu’ils racontent leur récit à une tierce personne, probablement du corps judiciaire, mais dans quel but ? La séquence finale de ce pilote d’ailleurs amène son lot de questionnement : Quel est le drame qui les conduit chacun à donner leur propre version des faits ? Vers quelle catastrophe probable se dirige cette histoire d’adultère ? Pour le savoir il faudra regarder les épisodes qui suivent. En attendant, The Affair propose un traitement plus psychologique et moins dramatique de son sujet principal, ce qui n’est pas pour déplaire.
©Showtime
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