Réalisateur : David Michôd
Distribution : Guy Pearce, Robert Pattinson, Scott Mc Nairy, David Field, Anthony Hayes
Titre original : The Rover
Genre : Dramatique
Durée : 1h42
Distributeur : Metropolitain Film Export
Année de production : 2014
Sortie en salles le 4 juin 2014
Critique de The Rover, film Metropolitan Film Export réalisé par David Michôd sur la violence dans l’Australie de misère.
Mercredi 4 juin sort dans les cinémas français The Rover, film australien dramatique contenant Guy Pearce (Le discours d’un roi, Memento, L.A. Confidential) et Robert Pattinson (Twilight). Contant l’histoire de deux hommes qui se retrouvent, par coïncidence, à effectuer un roadtrip à deux à travers le désert de l’Australie, le film déçoit par son explosion de violence inutile.
Un roadtrip entre truands incongrus
Dans l’Australie des années 2000, dix ans après la terrible récession qui a laissé paysans et mineurs sans moyens, deux hommes se retrouvent à faire de la route ensemble alors que leurs buts sont opposés : Eric (Guy Pearce), un ancien agriculteur dont on ne sait rien, veut aller retrouver le frère de l’autre, Rey, pour récupérer sa voiture que le frère a volée. L’autre, Rey (Robert Pattinson), est forcé de le conduire a son frère, alors qu’il aurait voulu, au départ, le protéger. Un couple très bizarre dont la route meurtrière est aggravée par le fait que Rey, blessé, est un débile qui n’a pas l’air de pouvoir survivre longtemps dans cet environnement de misère et de violence qu’est le Sud de l’Australie souffrant encore de la récession des années 1990. Une relation étrange de peur et presque d’amitié se crée entre les deux personnages, limitée par le caractère de haine et de revanche Eric, sorte de tueur en série sans conscience ni âme. Dans ce film, la psychologie et l’évolution des caractères sont délaissés pour des scènes de pure violence qui se succèdent à l’infini.
Craignez le film qui n’a que 20 répliques
Alors que les deux seuls personnages sont muets ou répètent les mêmes phrases abrutissantes pendant tout le film, que la bande son est inexistante et parfois très inappropriée (genre du Nicki Minaj ou Katty Perry sur une scène sans intérêt où Rey attend dans la voiture), et que les scènes du film alternent entre silence dans la voiture et coups de feu dans les « maisons », The Rover ne permet pas l’évolution de ses personnages. D’ailleurs il semblerait que le but ne soit pas là. Il semblerait que le but soit de déclencher un malaise collectif dans l’audience. Force brute et meurtre après meurtre, l’atmosphère général du film n’est pas seulement violente, elle déclenche le malaise qu’on éprouve face à la misère et au rien. Dans une partie du pays qui souffre de pauvreté, de manque d’infrastructure, du règne de la loi du plus fort, laissant penser que rugit la guerre civile, ce roadtrip de malheur relève plus du western pour meurtriers dépressifs.
De la violence pour de la violence : et après ?
(SPOILER ALERT!)
Si le scénario présente quelques aspects prometteurs, comme l’idée d’un voyage entre personnages aux intérêts contraires, le traitement du sujet déçoit par sa répétition et un pauvre développement. Alors que les scènes de paysage désertiques et de misère (un bordel désolé, des camionnettes de cirque délaissées, un hôtel détruit) sont très bien filmées, l’action tourne en rond quand on réalise que chaque fois que la voiture s’arrête à un stop, les résidents vont mourir sous les coups de balles, tirées à froid, du paysan solitaire, Eric, en route pour tout buter. La violence des scènes devient écoeurante dans cette ambiance de malheur et de mort, où pas un seul trait d’humour ou un moindre signe d’espoir ne se laisse voir sur les visages abîmés des deux héros. Enfin, le scénario ajoute l’outrage à la déprime quand, dans la scène finale, on découvre que la route de la mort n’avait pour but ultime que d’enterrer le chien mort, caché dans le coffre de la voiture d’Eric. Tout ça pour montrer, pas très subtilement d’ailleurs, un homme qui méprise la vie humaine et ne respecte que les chiens (euh… ok…).
Robert Pattinson et Guy Pearce : un jeu d’acteurs extraordinaire
Le cerveau retient, pourtant, de The Rover la performance de Guy Pearce et de Robert Pattinson, qui est absolument extraordinaire. Si on a du mal à penser à autre chose que Twilight pendant les cinq premières minutes de Robert Pattinson dans le film, on s’en remet assez bien quand il commence à parler. Jouant un demeuré qu’on découvre petit a petit comme ayant un gros coeur et pas mal de jugeote, la transformation physique et gestuelle dont fait preuve Robert Pattinson dans ce film est époustouflante. Le rôle de Rey est interprété avec brio par Robert Pattinson, extrêmement crédible et juste. Par ailleurs, le rôle du solitaire meurtrier sans foi ni loi est extrêmement bien captée par Guy Pearce, qui révèle un jeu d’acteur digne des plus grands. Les plans fixes de son visage sans merci et les discours de son coeur plein de haine sont rendus avec virtuosité par Guy Pearce, acteur qui subit, lui aussi, une transformation complète.
Si The Rover est un film dur dont les scènes de violence ne semblent mener à rien, le film mérite quand même un prix pour son jeu d’acteurs qui est excellentissime.
Bande annonce VOST
Crédits images ©Metropolitan Film Export
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