Edge of Tomorrow : Retry & Die

La Warner présente son blockbuster de mi-2014 Edge of Tomorrow. Avec Tom Cruise et Tom Cruise, mais aussi Tom Cruise.

Décidément, tout le monde n’arrête pas de parler de l’été 2015 avec sa programmation cinématographique chargée comme Schwarzy pendant ses années gonflette. Mais ces mois de mai/juin 2014 ne sont pas à jeter aux oubliettes trop vite. Niveau grosses productions qui explosent de partout, on a déjà eu Godzilla et X-Men : Days of Future Past. Et voila que le petit dernier débarque avec du saut temporel, de l’alien pas beau, de la Guerre avec un gros G et surtout, du Tom Cruise. Beaucoup de Tom Cruise.

Il faut sauver le Troopers sans fin

Dans un futur proche, le monde est envahi par une race extraterrestre belliqueuse répondant au doux nom de Mimics. Ces dernières ont ravagé l’Europe et les rares survivants de l’Humanité organisent la résistance depuis Londres. Les humains ont accusé défaite sur défaite depuis le début de l’invasion, jusqu’à la fameuse bataille de Verdun où une soldat, Rita Vrataski (Emily Blunt), désormais surnommée la Full Metal Bitch, octroie une victoire symbolique au nom de l’espèce humaine, notamment grâce à un nouvel exosquelette plutôt badass. Quelques jours plus tard, Bill Cage (Tom Cruise), alors conseiller en communication pour l’armée américaine, se retrouve rétrogradé pour insubordination et envoyé sur le champ de bataille. Inexpérimenté, il se fait dessouder dans les premières minutes du débarquement… Avant de se réveiller à nouveau sur le tarmac, la veille de l’assaut. Sans savoir comment ni pourquoi, le pauvre Cage se retrouve contraint à vivre encore et encore cette journée infernale, à moins qu’il ne trouve le moyen d’en changer l’issue.

Oblivion 2 : le retour de Tom Cruise le film

Le postulat de départ est alléchant au possible : mélanger Il faut sauver le soldat Ryan avec Starship Troopers et Un jour sans fin pour obtenir un film de science fiction mettant en scène l’évolution d’un soldat dans une guerre sans fin face à des extra-terrestres. Sauf que… Comme la star c’est Tom Cruise, on se retrouve inévitablement avec 2h de Tom Cruise (et parfois un peu d’Emily Blunt quand même, il faut justifier son chèque). Et on y a droit décliné à toutes les sauces : Tom Cruise sûr de lui, Tom Cruise perdu, Tom Cruise qui s’entraine, Tom Cruise qui prend de l’assurance, Tom Cruise à la plage, Tom Cruise fait des tartes aux pommes… Exit le futur lisse et propre façon Apple et bonjour ambiance plus sale et mécanique pour un Tom Cruise épaulé par une rousse, parti combattre des aliens quitte à se sacrifier. Ca rappelle vaguement quelque chose mais le Cerveau ne saurait pas dire quoi…

Tom Cruise et la Grosse Guerre

On l’aura compris, le Monde entier est en guerre. Et ça, le scénario nous le fait comprendre à de multiples reprises. Une bataille décisive où le cours du conflit change in extremis ? « Appelons-la Verdun oui, ça fera bien. Oh et il nous faut un endroit pour installer la résistance terrienne… Londres tiens, c’était le cas aussi pendant la Guerre non ? Ah, ce n’était pas la même ? Peu importe, les gens ne viennent pas au cinéma pour réviser leur Histoire. » Ca peut sembler être du pinaillage mais c’est en fait assez symptomatique du reste du film. Plus c’est gros, plus ça passe. Et puis de toute façon, on a Tom Cruise pour vous en mettre plein les yeux et massacrer de l’alien en exosquelette. Ca suffit pour faire un film non ?

La Cruisière s’amuse

Après ces quelques brins de mauvaise foi, il ne faut pas passer à côté des points positifs non plus. L’argument fort d’Edge of Tomorrow et une des raisons principales pour lesquelles il faut aller le voir, c’est le nombre hallucinant de fois où Tom Cruise trouve la mort. Brûlé, brisé, écrasé, déchiqueté, démembré, lacéré… Il y en a pour tous les goûts et qu’on soit fan de l’acteur ou non, on prend un plaisir malsain et coupable à le voir souffrir et se faire torturer par Emily Blunt pendant le film. Le tout est bien sûr servi par une réalisation magnifique avec des effets spéciaux sublimes. Enfin dans les standards actuels. Bref, on s’en prend plein les yeux malgré une 3D ici très dispensable.

The Last Tom Cruisader

Mais derrière toutes ces critiques et cette mauvaise foi non dissimulée se cache avant tout une immense frustration. Celle d’un Cerveau dupé, auquel on avait promis, à travers un premier extrait d’une demi heure fort enthousiasmant, ce qui aurait pu être, étrangement, le meilleur équivalent d’une adaptation de jeu vidéo au grand écran. Même si l’origine de l’oeuvre se trouve dans les mangas. Un personnage principal fort se retrouvant en bas de l’échelle, contraint à apprendre de ses erreurs fatales pour remonter au sommet et monter en puissance. Ca pourrait être le pitch de n’importe quel jeu d’action ! Et un contrat aussi prometteur se retrouve une fois de plus sacrifié sur l’autel de l’entertainment hollywoodien et la quête de gloriole personnelle de Tom Cruise. Le pire dans l’histoire, c’est que même si un autre film vient à utiliser le même concept dans le même contexte, il sera vite taxé de pompage et Edge of Tomorrow sera pris en référence parce que le côté divertissement aura pris le dessus et aura fait office de comparatif. Un beau gâchis.

Edge of Tomorrow est clairement une déception. Les fans de divertissement adoreront à coup sûr mais il est quand même extrêmement dommage qu’un postulat aussi prometteur que celui-ci soit tombé dans les mêmes pièges faciles de l’industrie du blockbuster. Il avait la possibilité de changer la donne en mettant en avant quelque chose de frais, de nouveau et il répète les mêmes erreurs que ses camarades officiellement moins ambitieux. Et même si cette fois on recommençait du début, Edge of Tomorrow a condamné son concept à un futur échec qui semble inévitable.