Hannibal le Cannibal est revenu vendredi soir sur les écrans de NBC pour une saison 2 où Will Graham est en position de faiblesse avec l’épisode Kaiseki. Après une première saison mitigée, il semblerait que la série de Bryan Fuller souhaite changer de direction sans pour autant se délester de ses habitudes prises la saison précédente.On débriefe.
Ce premier épisode d’ouverture de saison 2 de la nouvelle série phare de NBC, Hannibal, intitulé Kaiseki, reprend tout de suite après les évènements de la saison précédente, à la suite d’une séquence d’ouverture et d’affrontement entre Jack Crawford et Hannibal. Une séquence qui très vite s’impose comme un flash-forward de 3 mois, annonçant le ton de cette saison : comment petit à petit tout le monde va finir par comprendre qui est réellement Hannibal. Après avoir laissé Crawford en très mauvaise posture dans ce combat impressionnant avec le Dr Lecter, retour sur la situation de Will Graham, interné dans un hôpital psychiatrique dans l’attente de son jugement, le tout avec un nouveau tueur à trouver, lui aussi artiste dans l’âme.
Rôles inversés
Ce qu’on aime dans ce premier épisode, c’est enfin ce qu’on attendait, malgré un rythme toujours lent et beaucoup de latence dans les échanges entre Will et ses collaborateurs : l’ouverture de la Chasse, celle qui manquait cruellement en saison une. La métaphore du cerf, assez simpliste mais esthétiquement parfaite, exposée en première saison, continue : Will sait maintenant que le Cerf de son imagination n’est autre qu’Hannibal, qu’il se nourrit de ses victimes et que désormais il est sa nouvelle proie, celle qu’il doit justement stopper. Mais la tâche risque d’être difficile puisque ce dernier n’a aucune preuve de ses allégations.
De son côté, Hannibal en profite pour endosser un rôle de consultant, celui de Will, pour le FBI et se rend donc en qualité de Profiler sur les scènes de meurtres ou de découvertes de cadavre. Un rôle qu’il semble vivement apprécier puisque ce dernier avoue à sa psychothérapeute et amie, le Dr Du Maurier, qu’il prend du plaisir à se prendre pour celui qu’il qualifie comme son ami. Mais cette dernière lui rappelle qu’il devrait se méfier puisque désormais son pire ennemi est celui qui percera au grand jour sa véritable identité.
Cop Show ou Drama ?
La question qu’on se pose, encore et toujours avec ce premier épisode de saison 2 est si Hannibal est un cop show ou strictement une série dramatique et d’horreur adaptée du roman Dragon Rouge, de Thomas Harris. Une série strictement autour de la genèse du tueur cannibale le plus célèbre de notre temps. Et même en ce début de saison, la réponse reste difficile à profiler. Entre cop show et série noire dramatique, Hannibal s’inscrit dans plusieurs genres et aucun en même temps. Un constat à la fois déroutant et fascinant pour une série qui souhaite révolutionner son genre puisqu’inclassable.
En effet, concentré sur les rapports entre nos deux héros, le spectateur ne se rendra pas compte que sur 45 minutes d’épisode, nous n’en avons que 5 ou 6 consacrées à des cadavres retrouvés dans une rivière de la région, cadavres qui semblent corroborer l’idée de meurtres d’un seul et même tueur. Un tueur en série, artiste macabre, qui en moins de trente secondes sera profilé par Will Graham comme tentant de reproduire une palette de couleurs avec ses victimes. Un traitement rapide d’une intrigue qui sera sans doute résolue dans l’épisode suivant, tout du moins, on l’espère vivement.
La forme sans le fond
Toile de fond ou mauvaise exécution de la narration ? Difficile de trancher puisque côté intrigue principale, à savoir l’histoire d’Hannibal et Will Graham, la narration reste fluide et les connecteurs entre les séquences et personnages relativement corrects. Et c’est ce qui dérange avec Hannibal, on ne sait jamais où la série souhaite aller, puisqu’elle n’a pas d’équilibre entre les enquêtes et profils du FBI sur les tueurs en séries et son intrigue principale, à savoir le jeu d’Hannibal avec Will.
La grande force d’Hannibal, c’est sa production sans tâche, sans fausse note, électrisante et visuellement folle pour une série télévisée de son genre. Une esthétique que beaucoup peuvent envier, rivalisant avec celle des plus grands noms du cinéma. Une imagerie qui frise la perfection dans son exécution que ce soit à travers des scènes de contemplation grâce aux visions du personnage principal, Will Graham, ou dans l’institut psychiatrique, le FBI, ou les scènes de crimes. Hannibal est une série de gens de goût, c’est indéniable.
The Game is on
Kaiseki donne donc le ton : le jeu commence, mais de là à savoir comment il sera orchestré jusqu’à la confrontation Crawford/Lecter reste une énigme. On espère qu’Hannibal ira en s’améliorant dans le traitement narratif de ses diverses intrigues : les meurtres à résoudre et la chasse Lecter/Graham avec plus d’équilibre que ce qui nous a été présenté dans cet épisode. En attendant Hannibal propose moins de food porn et une narration plus fluide et moins contemplative pour sa saison 2, on espère que les épisodes qui vont suivre resteront dans cette lignée. Ce serait dommage, car il est indéniable, Hannibal est une série qui flirte avec l’excellence, sans jamais atteindre la perfection qu’une narration équilibrée pourrait offrir, car la série de Bryan Fuller se démarque de beaucoup d’autres diffusées actuellement. On attend la suite pour trancher.
Crédits photos : ©NBC
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